Parcours de l’Avent #5

Au service de la préservation de notre maison commune. Témoignage du P. Dominique Lang, très impliqué dans les questions en lien avec la construction d’une terre juste et d’une écologie intégrale. Il est l’auteur de plusieurs ouvrages sur les thématiques de la justice et de l’intégrité de la création.

Par son incarnation, Dieu s’engage résolument dans notre monde et nous invite nous aussi à nous engager au service de l’avènement du Règne de Dieu. A travers ce parcours de l’Avent, nous allons rendre grâce à Dieu pour nos différents engagements. Ce sera aussi le temps de les évaluer pour nous engager davantage ou pour choisir de nouveaux engagements.

 » Il faut sans doute mettre à côté d’une réflexion sur l’engagement chrétien une autre réalité, plus profonde encore : c’est d’abord parce que nous sommes appelés à aimer ce monde qui nous est chargé qu’un engagement peut prendre sens. A chacun ensuite de se mettre à l’écoute de ces appels. 

Pour ma part, à la croisée de beaucoup de rencontres et de ma propre sensibilité, les enjeux contemporains liés aux écologiques me sont apparus de plus en plus comme un lieu où il fallait tenir des défis. D’abord parce qu’on peut y accompagner une impressionnante et nouvelle prise de conscience en cours, que la publication de l’encyclique Laudato si en 2015 met encore plus clairement en lumière, notamment aussi dans les communautés chrétiennes. Du coup, c’est notre vie chrétienne, dans sa spiritualité et ses doctrines, qui est interrogée dans sa cohérence et ses prétentions. Comment parler de « salut » déterminé par le Christ quand la survie biologique de nos écosystèmes est en jeu ? Quand il faut d’abord « sauver » la planète de forces d’auto-destruction ? Et comment annoncer la paternité de Dieu quand l’œuvre de sa Création est défigurée quotidiennement par nos modes de vie et nos exploitations industrielles des ressources naturelles ? Enfin, comment croire que l’Esprit saint renouvelle sans cesse la face de la terre alors que nos actualités nous assomment de mauvaises nouvelles sociales, environnementales et politiques ?


En se mettant à l’écoute des interrogations, des débats et des initiatives en cours dans ce domaine, je suis ramené sans cesse à des questions essentielles : qu’est-ce qui demeure d’essentiel quand tout est fragile et menacé ? Comment transmettre l’espérance aux générations à venir ? Comment l’expérience de l’émerveillement est-elle encore possible, puisqu’elle est au commencement de toute conversion spirituelle ? Et en quoi la rencontre avec les personnes les plus précaires ou qui subissent la violence du monde doit-elle être remise au centre de nos réflexions et de nos actions ? De fait, comme à Bethléem, ces questions m’invitent à une forme de désarmement intérieur, à renoncer à des volontés de réussite et de puissances qui cachent bien souvent des formes d’orgueil épuisantes.

Je suis très sensible aussi au fait que chaque génération, dans la tranche d’âge qui est la sienne, a un imaginaire social différent, un autre rapport au monde. On retrouve facilement des postures de sagesse – souvent chez les aînés – et d’autres plutôt prophétiques – souvent chez les jeunes. Et tout l’enjeu est qu’elles cohabitent pour que l’Évangile puisse être annoncé et vécu. Ah, si les plus jeunes pourraient se mettre à l’intérieur des combats de leurs aînés… Ah, si les aînés pourraient faire confiance aux plus jeunes, en les encourageant dans leurs engagements pour la dignité de tous et la sauvegarde de notre « maison commune », plutôt que de les décourager du poids de leurs peurs ou de leur cynisme. Écoute et confiance sont comme des moteurs de la bienveillance qui est un processus qui prépare un avenir possible,

Parfois, quand je rencontre des personnes qui s’interrogent – comme les foules de Galilée- « et nous, que devons-nous faire ? », je leur conseille d’abord d’avoir dans leur cœur trois ou quatre personnes qu’elles connaissent bien et qui les émerveillent par leurs engagements. Cet agriculteur qui convertit ses pratiques au service de la terre. Cette cheffe d’entreprise qui prend soin de son personnel. Cette famille qui simplifie son mode de vie dans la joie. Des personnes qu’ils peuvent connaître très concrètement – avec beaucoup d’incarnation – à des plus jeunes qui s’interrogent aussi. 


Car, comme le dit l’encyclique Laudato si, l’enjeu est bien de vivre de telle manière que chacun se rend compte que ça en vaut bien la peine ! Une leçon que le Nouveau-né de la crèche nous rappelle avec grâce par cette belle humanité qu’il assume dans sa plénitude.                                             

P. Dominique Lang, assomptionniste

UNE PAROLE POUR AUJOURD’HUI
« Prenez appui sur le Seigneur, à jamais,
sur lui, le Seigneur, le Roc éternel.
Il a rabaissé ceux qui siégeaient dans les hauteurs,
il a humilié la cité inaccessible,
l’a humiliée jusqu’à terre,
et lui a fait mordre la poussière.
Elle sera foulée aux pieds,
sous le pied des pauvres,
les pas des faibles. »
(Is 26,4-6)

UNE PRIÈRE POUR AUJOURD’HUI
Seigneur, Tu as créé l’Univers et tout ce qu’il contient avec amour. Tu nous as établis comme gardiens et jardiniers de ta création. Donne-nous la force de poursuivre ton œuvre. Qu’en nous engageant au service du bien commun, de la justice et de la paix, que toute la création puisse te rendre gloire. Amen