Par son incarnation, Dieu s’engage résolument dans notre monde et nous invite nous aussi à nous engager au service de l’avènement du Règne de Dieu. A travers ce parcours de l’Avent, nous allons rendre grâce à Dieu pour nos différents engagements. Ce sera aussi le temps de les évaluer pour nous engager davantage ou pour choisir de nouveaux engagements.
Le Père d’Alzon déclare que le titre « d’apôtre est le plus élevé et le plus grand de tous ; il correspond à celui de séraphin parmi les anges; mais aussi les séraphins sont ceux dont l’amour est le plus fort ; *seraph* veut dire flamme. » (le 10 juin 1872) Mais il ajoutait : « Celui qui se donne le nom d’apôtre n’enseigne rien de lui-même, mais ce que lui a commandé celui qui l’envoie. Le caractère d’apôtre est de ne rien dire en son propre nom. » Vous avez reconnu là la patte du Père d’Alzon, claire et sans demie mesure. Pour évoquer la course apostolique de l’Eglise depuis ses origines, il me vient à l’esprit un chant scout que je fredonnais enfant.
Eh garçon, prend la barre,
Vire au vent et largue les ris !
Le vent te raconte l’histoire
Des marins couverts de gloire.
Il t’appelle et tu le suis.
Un apôtre est un navigateur au gouvernail menant son bateau grâce au vent de l’Esprit. Quand s’accumule les années et que l’on essaie tant bien que mal de tenir le cap, contre vents et marées, que l’on a dû parfois redresser notre fragile embarcation, quand on a dû essuyer les tempêtes, ou encore traverser les eaux troubles, on réalise combien notre avancée a dépendu bien peu de nous-mêmes ou de notre savoir-faire mais bien de celui qui guidait notre petit esquif. Notre navigation a tenu moins à nos mérites personnels qu’aux grâces que nous apportait la vie à travers ses vicissitudes. Quand on s’engage à la suite du Christ et de son Evangile, il ne faut pas espérer trouver un autre lieu de ressourcement que notre relation intime avec celui qui nous appelle. La fidélité quotidienne se vérifie « dans le silence de sa prière, dans son écoute du Seigneur. »
Pour être heureux, je ne crois pas qu’il faille vivre longtemps mais plutôt vivre pleinement et, arriver au terme de nos jours, mourir en ayant vidé tout notre potentiel et atteint un bel accomplissement. Il n’est possible de réaliser son engagement quel qu’il soit sans être prêt à mourir pour lui, pour le faire vivre à jamais au-delà de nous. C’est ainsi que les personnes qui ont marqué l’histoire continuent à vivre bien au-delà de leur mort, car elles ont servi les desseins divins en leur génération en se sacrifiant par leur idéal. Ta destinée dépend de ton engagement. Tu ne peux tricher, te mentir, abandonner la barre, ou blâmer les autres, encore moins te cacher derrière des illusions pour réussir. Tu dois aller jusqu’au bout. Le rêve et le désir ardent qui brûlent en toi, exigent ce prix, celui de ton engagement.
Tant qu’il est encore temps, il importe de te donner à ce qui te tient à cœur, car ce à quoi on se donne, se donnera à nous. Le temps, les efforts, les recherches, les pratiques, les disciplines que tu engages, porteront tôt ou tard leur fruit. C’est l’heure de l’engagement, de nourrir ce qui te nourrit, d’alimenter la vision qui te soutiendra et entrainera d’autres après toi dans ton sillage. Prends la barre et garde le cap !
P. Bernard Le Leannec, Assomptionniste
UNE PAROLE POUR AUJOURD’HUI
C’est moi qui ferai paître mon troupeau, et c’est moi qui le ferai reposer, déclare le Seigneur Dieu ! La brebis perdue, je la chercherai. Celle qui est blessée, je la soignerai. Celle qui est faible, je lui rendrai des forces. Je la ferai paître avec justice.
(Ez 34,15-16)
UNE PRIÈRE POUR AUJOURD’HUI
Tu as voulu, Seigneur, qu’à l’annonce de l’ange la Vierge accueille ton Verbe éternel, qu’elle soit remplie de la lumière de l’Esprit Saint et devienne le temple du Très-Haut ; aide-nous à devenir assez humbles pour faire comme elle ta volonté.
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