CRISE FINANCIERE DU COLLEGE DE NIMES

5 aug 1857 Montpellier Actionnaires

Il ne se tient pas pour responsable des ennuis de santé de l’abbé de Cabrières, et estime que le collège de l’Assomption reste la meilleure position pour lui.

Informations générales
  • CRISE FINANCIERE DU COLLEGE DE NIMES
  • DECLARATION DU P.D'ALZON AU MARQUIS DE CABRIERES
  • Dans une lettre du P. Picard au P. Galabert du 9 août 1857; Collection dactylographiée des Ecrits du P. Picard, I, n°88 et *Pages d'Archives*, 2, p.34-35.
Informations détaillées
  • ** Aucun descripteur **
  • Comité des actionnaires du collège de Nîmes
  • Actionnaires
  • [5 août 1857]
  • 5 aug 1857
  • Montpellier
La lettre

Monsieur (1), je ne suis nullement surpris de cette détermination, et, il y a quatre jours, j’écrivais de Paris: « Si la santé de M. l’abbé de Cabrières l’empêche de rester à l’Assomption, j’amènerai des hommes capables de le remplacer. » Ainsi donc, j’avais prévu cette difficulté; je sais que la santé de votre fils est très compromise, mais je ne m’en attribuerai pas la faute. Si Anatole avait su comprendre que l’oeuvre de l’Assomption était une oeuvre très importante et capable d’absorber la vie d’un homme, s’il avait su se borner et ne pas se fatiguer par des prédications et des confessions continuelles, il aurait repris ses forces au lieu de les perdre (2); après avoir consulté les meilleurs médecins, j’ai acquis la conviction qu’entre la vie de directeur au Grand Séminaire, la vie de confessionnal et la vie de l’Assomption, il n’y avait pas à hésiter: la vie de l’Assomption était la meilleure pour lui. Ainsi, je n’ai aucun reproche à me faire à ce sujet. Permettez-moi de vous dire maintenant que je l’avais mis dans la position la plus belle qu’il pût occuper à son âge (3): l’Assomption est une oeuvre très importante dans le diocèse, le mouvement qui vient de se produire en est une preuve trop évidente pour qu’on puisse en douter. Anatole avait par conséquent une fort belle position dans la ville; en se retirant que fera-t-il? Le bruit court qu’il doit être grand vicaire: je l’ai été à l’âge de 30 ans, à une époque où les idées n’étient pas aussi avancées, et pourtant je ne désirerais pas à votre fils toutes les peines et tous les chagrins que j’ai dû dévorer, et ces peines seraient certainement bien plus grandes aujourd’hui. D’ailleurs, sa nomination dépend entièrement de ma démission, et si je suis obligé de retourner à Nîmes, je ne puis la donner encore, et avoir l’air de me séparer de Monseigneur, pour attirer à moi le mouvement qui vient de se manifester. Ainsi, que sera-t-il? Aumônier? Je ne vois pas d’aumônerie vacante. Chanoine? Aucune place n’est vacante, et aucun des chanoines n’a envie de mourir. Vicaire? Il a trop souffert pour désirer l’être de nouveau. Il ne veut pas rester dans sa famille, et en cela je l’approuve. Voyez donc la position que vous lui faites.

Notes et post-scriptum
1. Ayant quitté Paris le 3 août, Le P. d'Alzon a rencontré le lendemain à Tarascon, les promoteurs du comité des actionnaires (v. le document précédent, E00626). Le 5, il est à Montpellier, où il reçoit le marquis François-Henri Rovérié de Cabrières (+1874). Celui-ci, raconte le P. Picard dans sa lettre à Galabert, expose au P. d'Alzon que, la santé de son fils étant épuisée, il est décidé "à user de son autorité paternelle pour l'empêcher de continuer à donner ses soins à l'Assomption". Nous lisons ici, toujours d'après le P. Picard, la réponse du P. d'Alzon.
2. Le P. d'Alzon parle d'expérience et le reproche peut lui être retourné. C'est parce qu'il ne se ménageait pas qu'il a été frappé, le 19 mai 1854, d'une congestion cérébrale dont les séquelles se font toujours sentir.
3. Le futur cardinal Anatole Rovérié de Cabrières (1830-1922), ancien élève du collège de l'Assomption, était prêtre depuis 1853. Directeur du collège depuis l'automne 1855, il restera à l'Assomption jusqu'en 1859. Il deviendra secrétaire particulier de Mgr Plantier, sera nommé évêque de Montpellier en 1874 et cardinal en 1890.