- Aux élèves du collège
- Instructions de carême aux élèves du collège (1871)
L'amour et la haine - OK 177 (lettre du 27 mars 1871 de Jules Ferret au P. Picard).
- 1 AMOUR DE JESUS-CHRIST POUR LES HOMMES
1 BOURGEOISIE
1 CAREME
1 CHARITE ENVERS LE PROCHAIN
1 COLLEGE DE NIMES
1 EGOISME
1 ELEVES
1 ENFER
1 ENNEMIS DE L'EGLISE
1 GUERRE
1 HAINE
1 MONARCHIE
1 NOBLESSE
1 PEUPLE
1 PROTESTANTISME ADVERSAIRE
1 RENONCEMENT
1 SERMONS
2 FERRET, JULES
2 PICARD, FRANCOIS
2 RICHELIEU, ARMAND-JEAN DE
3 ROCHELLE, LA - Elèves du collège
- COLLEGE élèves
- 25 mars 1871
- 25 mar 1871
- Nîmes
- Collège de l'Assomption
Mes chers enfants, pour celui qui a l’habitude faire réflexion sur les événements qui se passent ici-bas, il voit en ce monde deux grands leviers qui remuent bien des choses, l’amour et la haine.
D’où naissent les dissensions entre les membres d’une famille, les guerres intestines qui troublent l’ordre d’un Etat, ces massacres effroyables de peuple à peuple? De la haine. La haine, fruit de l’enfer, est ce qui contribue le plus au malheur des réprouvés; la haine enfante le désordre. Aussi l’Evangile nous représente-t-il l’enfer comme un lieu de confusion. La haine est maintenant naturelle à l’homme, parce que naturellement, par suite de sa nature dépravée par le péché originel, il est égoïste; pour aimer il faut consentir à passer pour fou; celui-là est réputé fou par le monde qui sacrifie ses intérêts à ceux d’autrui; dès qu’il y a deux hommes ensemble, surgit tout de suite la question du tien et du mien, et la haine se montre.
L’amour exige des efforts, exige le renoncement à soi-même. Nous remarquons toujours deux choses dans tout passage des évangiles, c’est la profonde connaissance que J.C. avait des gens auxquels il s’adressait et sa défiance des personnes qui l’approchaient. Et cependant, quoiqu’il connût jusqu’à sa plus grande profondeur l’abîme des vices qui rongent les hommes, il a voulu vivre avec eux, mourir pour eux, leur faire du bien malgré tous les rudes travaux qu’il lui en a coûté. Ouvrez l’histoire, voyez ce que depuis deux cents ans la haine a produit. Les rois ont commencé par haïr l’Eglise, la subordination qu’ils lui devaient; alors on voit poindre ces nombreux et effrayants bouleversements qui travaillent l’Europe. Les nobles ensuite ressentirent dans leur coeur la haine du roi et la haine de l’Eglise; ils se firent protestants; car remarquez que le protestantisme est essentiellement aristocratique, parce qu’il payait l’apostasie de ses adhérents par de riches abbayes. C’est ce [que] comprenait X. lorsqu’il disait aux seigneurs qui assiégeaient La Rochelle sous les ordres de Richelieu: « Vous verrez que nous serons assez bêtes pour prendre La Rochelle. » Et en effet, une fois maître du protestantisme, Richelieu eut bon parti de la noblesse. Plus tard, la haine gagnant du terrain, les bourgeois haïrent les nobles, les rois et l’Eglise, et de nos jours le peuple hait les bourgeois, les nobles, les rois et l’Eglise. Dites-moi maintenant ce que sont devenus les rois et les nobles plus tard, et vous me montrerez les restes de la bourgeoisie.