- Aux Oblates de l'Assomption
- Retraite prêchée par le R. Père d'Alzon - 18 septembre 1875
Huitième instruction - CM 380, pp. 20-22.
- 1 ACCEPTATION DE LA CROIX
1 AME SUJET DE LA VIE SPIRITUELLE
1 AMOUR DE JESUS-CHRIST POUR LES HOMMES
1 AMOUR FRATERNEL
1 CHARITE ENVERS DIEU
1 CONNAISSANCE DE SOI
1 DEGOUTS
1 DESIR DE LA PERFECTION
1 DON DE SOI A DIEU
1 EFFORT
1 ENNUI SPIRITUEL
1 EPOUSES DU CHRIST
1 FIDELITE A L'ESPRIT DE LA REGLE
1 FIDELITE A LA GRACE
1 FRANCHISE
1 INSTITUTS APOSTOLIQUES
1 MANQUEMENTS A LA REGLE
1 OBLATES
1 ORAISON
1 OUBLI DE SOI
1 RECHERCHE DE LA PERFECTION
1 REGLE DE SAINT-AUGUSTIN
1 RENONCEMENT
1 SOUFFRANCE ACCEPTEE
1 SUPERIEUR
1 TIEDEUR
1 TRAVAIL MANUEL
1 VIE DE PRIERE
1 VIE SPIRITUELLE
1 VOCATION RELIGIEUSE
2 COMBALOT, THEODORE
2 DESCAMPS, PIERRE
2 QUELEN, HYACINTHE DE
3 TURIN - Oblates de l'Assomption
- Oblates
- du 18 au 25 septembre 1875
- SEP 1875
Mes chères filles,
Ce que nous avons établi ce matin nous conduit à l’esprit de perfection. Votre vocation religieuse vous oblige à tendre à la perfection mais il n’y a que Dieu qui soit infiniment parfait, sa nature étant la perfection même. Cependant Jésus-Christ ayant dit: Soyez parfait comme votre Père céleste est parfait, nous sommes tous appelés à la perfection mais les religieux et religieuses y sont appelés d’une manière toute spéciale. Chaque religion a sa vertu particulière à pratiquer, les unes sont vouées à la pénitence, les autres à la charité, pour vous, mes filles, c’est l’apostolat, votre honneur est d’être comme les Apôtres appelées à convertir les âmes, à les gagner à Jésus-Christ. Vivez donc dans la perfection que vous impose votre mission si noble; pour atteindre ce but, vous avez deux moyens. Le premier est de faire tout parfaitement ou plutôt choisir toujours ce qu’il y a de plus parfait mais ceci est très difficile à pratiquer. Pour le second qui est plus aisé il s’agit de faire toutes choses le plus parfaitement que l’on peut. Voilà, je crois, qui peut bien être pour vous, prenez-le donc pour règle de conduite et soit en vous levant, soit en allant à la méditation, à la messe, au réfectoire, mettez-y toujours toute la perfection dont vous serez capables.
Nous voulons donc devenir parfaits mais pour atteindre la perfection, il y a plusieurs conditions. La première c’est d’aimer Dieu de toutes ses forces. Quel mensonge lorsque nous disons: Mon Dieu je vous aime de tout mon coeur. On dit qu’on aime Dieu et on s’occupe plus de soi que de Dieu. Mon Dieu, je vous aime bien de tout mon coeur mais… Mes filles, une religieuse qui veut se renouveler doit aimer Dieu d’un amour sans bornes et se donner à Lui sans restriction.
2ème condition: Confiance envers les supérieurs. Je sais qu’il y a une confiance exagérée qui fait que l’on est sans cesse à assiéger les supérieurs, il y a la confiance naturelle qui vous porte même quelquefois à cacher certaines choses pour des raisons que l’on croit bonnes. Mais celle que je demande, c’est cette confiance surnaturelle qui fait que l’on s’abandonne entre les mains de ses supérieurs comme entre les mains de Dieu. Si vous n’avez pas cette confiance, je crois alors que vous n’avez qu’à décamper car l’absence de confiance est un immense obstacle à votre perfection.
3ème condition: la charité fraternelle. Monseigneur de Quélen disait à Monsieur Combalot: « l’ennemi d’un prêtre est toujours un prêtre ». Et moi je vous dis: l’ennemie d’une religieuse est toujours une religieuse. Mes filles, cette charité, cette bienveillance est une condition essentielle à votre perfection. Tâchez donc de vous rendre compte du degré de charité que vous avez les unes envers les autres. Comme vous suivez la règle de saint Augustin vous avez peut-être confondu et cru que vous étiez les ermites de saint Augustin, vous vous sentez peut-être de l’attrait pour la solitude afin de vous complaire plus à votre aise dans vos nombreux mérites.
4ème condition: la prière. La perfection, vous n’en aurez jamais sans la prière. Examinez et vous verrez que vous ne ferez jamais rien de bon sans l’oraison. Vous pouvez être de bonnes filles, des filles vertueuses mais vous ne serez pas de saintes filles si vous n’êtes pas des filles d’oraison et de plus, il n’y aura pas de sincérité dans votre prière.
5ème condition: le vrai travail. On me racontait qu’à Turin des dames avaient demandé la permission de travailler le dimanche; ces dames sans doute ne faisaient rien la semaine mais le dimanche elles avaient à faire, enfin cette question les regarde et non pas nous. Pour revenir au travail, je dis donc que le travail manuel, le travail des mains est une très bonne chose. Le Père Pierre me disait qu’il ne trouvait rien de meilleur pour former de bons religieux que de leur faire travailler la terre. Et croyez en effet que le travail nous délivre d’une foule de tentations et nous aide à corriger nos défauts.
6° La fidélité aux petites choses. Vous êtes bonnes et cependant ne vous êtes-vous pas dit quelquefois: ce manquement, mais c’est peu de chose, cela n’en vaut pas la peine. Prenez garde, mes filles, les petits péchés vous conduisent insensiblement à de plus grands; vous êtes toutes appelées à la vie intérieure, or la vie intérieure c’est l’idée constante de Dieu qui vous suit pendant toute la journée. Si vous vivez de la vie intérieure, tout vous rappellera Dieu et vous invitera à vous perdre en Lui. En dehors de la vie du corps il y a la vie de l’âme à laquelle on pense trop peu et l’on peut dire qu’une personne qui n’y pense jamais ne sera jamais une religieuse. Dieu vous donne sa grâce, vous devez la recevoir avec reconnaissance et par un effort de votre volonté vous devez la faire fructifier en vous. Les mauvaises têtes peuvent se dire: Irai-je ou n’irai-je pas? mais si vous avez un coeur comme je l’entends, vous saurez vous vaincre, et portant Notre-Seigneur en vous, vous avancerez dans la perfection.
Une chose essentielle pour devenir parfaite, c’est de se connaître; on ne se connaît pas, comment peut-on faire des progrès dans la vie intérieure. Mais on ne tient pas à se connaître, on préfère rester dans cette vie toute naturelle, c’est plus commode, seulement prenez garde, bientôt viendra pour vous le dégoût de la prière, vous serez ennuyée d’aller à la chapelle, vous ne pourrez y prier et de cet ennui naîtra bientôt le dégoût de la vie religieuse. Vous avez l’expérience, dites-vous, de ce que c’est que la vie du couvent! Hélas, vous avez la triste expérience d’une religieuse tombée. Le regret vous prend peut-être et vous vous dites avec désespoir: Que suis-je venue faire ici? Eh bien, ma fille, moi je vous dis: Si vous ne sentez en vous le courage de vous y mettre sérieusement, allez-vous-en; mais si vous voulez rester entrez généreusement dans la vie intérieure et que rien ne vous arrête.
Filles de perfection, filles de vie intérieure, vous voulez être aussi de bonnes religieuses. Qu’avez-vous été jusqu’à présent, mes filles? des religieuses tièdes, lâches, indignes de leur titre. Si vous regrettez d’être religieuses, pourquoi êtes-vous venues ici? Vous aviez la vocation, dites-vous, et alors vous l’avez perdue peut-être! Vraiment qu’il serait déplorable de voir une religieuse qui aurait perdu sa vocation. La vocation est un don de Dieu, avez-vous fait tout ce qui dépendait de vous pour la conserver? Le mot vocation veut dire appel. Vous avez été appelées, quel honneur Dieu vous a fait de vous choisir pour son Epouse. Comment avez-vous correspondu à cet appel? Comment avez-vous envisagé votre vocation? Comme une grâce ou comme un pis-aller? Je ne veux pas examiner ici l’appel du diable, vocat diabolus, ni l’appel du monde, vocat mundus, mais je veux m’arrêter à l’appel de Jésus-Christ, Vocat Christus, le Christ vous a appelées, voyez comment vous avez employé le temps que vous avez passé depuis votre profession, depuis que vous avez prononcé vos voeux ou depuis que vous avez quitté le monde. Dieu vous a voulue pour lui, il veut être votre héritage, pars hereditatem mea. Voyez un peu comment vous avez correspondu à l’appel de Dieu comme chrétiennes d’abord, comme religieuses et ensuite comme Oblates? Pour moi, mes filles, je ne puis penser à ces choses sans une certaine émotion car plus je vais, plus je suis convaincu que vous avez votre raison d’être. Comment y correspondez-vous? et comment pensez-vous que ce sont toujours les premières religieuses qui forment les oeuvres. Après avoir reconnu que le bon Dieu vous appelle, il faut savoir vous donner, vous livrer d’une façon absolue. Mais vous avez peur, il semble, de voir et de comprendre; c’est que le moment est venu de changer du tout au tout et de correspondre enfin à la vocation que Dieu vous a donnée dans un excès d’amour. Pensez donc que si vous veniez à mourir, votre jugement porterait sur votre vocation! Quand vous y mettrez-vous? Vous voulez être de saintes religieuses! Que celui qui veut venir après moi pour être mon disciple, se renonce lui-même, qu’il prenne sa croix et qu’il me suive. Etes-vous enfin des filles résolues à vous donner dans les croix, dans les peines, dans les travaux? prenez courage, mettez-vous-y. Dieu bénira vos efforts, Jésus-Christ vous soutiendra de son amour de préférence et vous serez à jamais ses épouses chéries.