- Aux Oblates de l'Assomption
- Instructions de 1874-1875 aux Oblates de l'Assomption
Sixième instruction - Carême de 1875 - 16 février - CN 16, pp. 61-62.
- 1 AMOUR DU CHRIST
1 BAVARDAGES
1 BONTE
1 CAREME
1 COLERE
1 COMMERCE
1 CRITIQUES
1 DESINTERESSEMENT DE L'APOTRE
1 EPOUSES DU CHRIST
1 ESPRIT RELIGIEUX
1 FIDELITE A L'ESPRIT DE LA REGLE
1 IDEES DU MONDE
1 NEGLIGENCE
1 ORAISON
1 OUBLI DE SOI
1 PENITENCES
1 TEMPLE DU SAINT-ESPRIT
1 VIE DE SILENCE
2 BAILLY, EMMANUEL
2 MARIE DE BETHANIE
2 MARTHE, SAINTE
3 BETHANIE
3 JERUSALEM - Oblates de l'Assomption
- Oblates
- 16 février 1875
- 16 FEB 1875
Mes chères filles,
Au commencement de ce carême nous avons tous besoin de nous renouveler dans l’esprit de ferveur et de nous convertir sérieusement; mais pour ne parler que de vous, voyons un peu ce que nous enseigne l’évangile de ce jour. Il est dit que Notre-Seigneur étant entré dans le temple de Jérusalem en chassa les vendeurs et les acheteurs. Qu’est-ce à dire, sinon que Notre-Seigneur n’aime pas les gens qui le servent par intérêt et à cause du bien et des avantages qui peuvent en résulter. Il faut donc servir Dieu pour lui seul, sans spéculation, sans vue humaine; il ne faut point faire le trafic des choses saintes. Jérusalem pour vous c’est la communauté et le temple c’est le coeur de chacune de vous où la majesté de Dieu descend chaque fois que vous avez le bonheur de communier. En tant que religieuses, mes filles, vous êtes quelque chose de plus saint que le temple de Jérusalem; mais si à la place de la marque glorieuse que Notre-Seigneur a imprimée dans votre coeur en vous choisissant pour son épouse et comme étant le temple du Saint-Esprit, je n’y vois plus que des préoccupations, des vues humaines, prenez garde, la gloire de Dieu n’est plus votre unique mobile et ces pensées, ces sentiments tout au moins inutiles s’ils ne sont pas dangereux sont comme un indigne trafic qui blesse la Majesté de Dieu et repoussent sa grâce. Il faut remarquer, mes filles, que le commerce en lui-même n’est point une chose mauvaise mais vendre et acheter dans le temple, voilà ce qui est répréhensible.
Qu’est-ce à dire, sinon qu’une chose qui n’est point mauvaise pour les gens du monde, est très mal et a de graves conséquence pour une religieuse. Il y en a parfois qui disent: mais je n’aime pas à rentrer dans les détails et pour ne pas s’occuper de détails on finit par faire de vraies sottises. Pour n’avoir pas voulu se conformer aux ordres du Père Emmanuel, le jour de la saint Charlemagne, un enfant s’est cassé la jambe, résultat de détails dont on n’a pas voulu s’occuper. Négligence apportée à la cuisine, à la lingerie, aux classes, dans vos divers emplois, etc. que l’on vous confie et que vous remplissez mal parce que vous ne faites pas attention mais c’est un détail; et ces détails nous amènent les araignées, la malpropreté, etc. Mais laissons la maison pour revenir à l’âme. Examinez un peu si depuis la dernière retraite vous n’avez pas négligé une infinité de détails. Ma soeur une telle vient se plaindre de ma soeur une telle qui se plaint à son tour de celle qui l’accuse et les supérieurs finissent par voir dans toutes ces plaintes que les torts se trouvent bien souvent des deux côtés. Seulement que reste-t-il d’une religieuse qui néglige ainsi les détails? hélas, bien peu de chose, une robe, un voile et une guimpe mais pour la vraie religieuse, la religieuse dévouée à Notre-Seigneur, elle n’existe plus. Je vous préviens qu’il y a là une chose très grave et le fond de tout cela c’est la perte de l’esprit religieux. Je vais vous enseigner un moyen très simple et très sûr de passer saintement votre carême. Sans doute, les pénitences, le jeûne sont une très bonne chose; mais une mortification meilleure encore c’est de faire attention aux plus petites choses afin que Notre-Seigneur ne prenne pas un fouet pour vous châtier et vous chasser comme les vendeurs du temple. Je vais m’appliquer à faire avec fidélité tout ce que désirent mes supérieurs, à ne pas être soupe au lait toujours prête à me monter la tête et à agir en tout et pour tout avec bienveillance. Si vous tenez à tous ces détails vous garderez le silence et alors moins de bavardages, plus d’esprit de Dieu et le sentiment intime et profond que si par la grâce de Dieu vous êtes religieuses, avec le secours de cette même grâce vous pouvez devenir de saintes religieuses. Est-ce ce que vous avez fait? Hélas non. Quelles ont été mes pensées en m’habillant? dans mes méditations? que de distractions! Dans mes communions? Quels en sont les fruits? Vous le voyez, dans toute votre conduite il n’y a que des sujets de tristesse pour Notre-Seigneur et vous devriez cependant être ses amies et le sanctuaire secret où il vient chercher la consolation, le calme et l’amour que le monde lui refuse. Que la communauté soit donc un nouveau Béthanie où Notre-Seigneur vienne chercher un refuge et que chacune de vous soit pour ce divin fugitif des amies fidèles et dévouées telles que Marthe et Marie.