- A des dames ou jeunes filles
- Retraite [sur la Passion] commencée le 8 novembre 1863
Septième instruction [La trahison de Judas] - BZ 5 (notes de Cécile Varin), pp. 23-26.
- 1 ABANDON A LA MISERICORDE DE DIEU
1 AMOUR DE JESUS-CHRIST POUR LES HOMMES
1 AMOUR-PROPRE
1 AUGUSTIN
1 AVARICE
1 CRITIQUES
1 GLOIRE DE DIEU
1 GLORIFICATION DE JESUS-CHRIST
1 HAINE CONTRE JESUS-CHRIST
1 LUTTE CONTRE LA TENTATION
1 MEDISANCE
1 PASSION DE JESUS-CHRIST
1 SATAN
1 TOLERANCE
1 TRAHISON
2 JEAN, SAINT
2 JUDAS - Tertiaires de l'Assomption
- Tertiaires Dames
- Du 8 au 15 novembre 1863
- NOV 1863
- Nîmes
- Prieuré des Religieuses de l'Assomption
Jésus sachant que son heure était venue de passer de ce monde à son Père, comme il avait aimé les siens, il les aima jusqu’à la fin, et après le souper, le diable ayant déjà mis dans le coeur de Judas Iscariote, le dessein de le trahir, etc. (St Jean XIII, 1 et 2).
Je vois, dans ce texte de St Jean, deux grandes extrémités, celle de l’amour de J.C. pour les hommes, il les aima jusqu’à la fin, et celle de la haine de Judas pour son divin Maître. C’est entre ces deux extrémités que toute notre vie s’agite: tantôt nous penchons vers ces divines extrémités de l’amour de J.C., tantôt nous commençons à être des Judas en cédant aux suggestions de Satan. Dans cette épouvantable histoire de la trahison de Judas, je distingue trois personnes: l’instigateur qui est Satan, le traître qui est Judas et la victime qui est J.C. Et si je viens vous parler de ce crime abominable, ce n’est pas que je suppose qu’il y ait parmi vous des Judas, mais il peut y avoir des Judas commencés, des âmes sur lesquelles Satan met la main pour les entraîner aux extrémités du mal, car c’est là le but qu’il se propose dans la tentation.
L’instigateur de la trahison, Satan, avait déjà mis dans l’âme de Judas avant la Cène, avant la communion, la pensée de livrer Jésus. Ainsi dans certaines âmes il jette certaines pensées; jusque-là ces âmes ne sont pas coupables; elles vont à la table sainte, et alors Satan, voyant qu’elles ne l’ont pas complètement repoussé, les tente encore et après une action de grâces plus ou moins bien faite, elles restent sous le pouvoir de Satan en conservant quelque attache au péché véniel. N’est-ce pas là votre histoire? Rappelez-vous que le moindre mal nous met sous la main de Satan et que si nous ne repoussons pas les petites tentations, il se rendra bientôt notre maître.
Judas le traître était un apôtre, un de ceux que N.S. avait choisis; il avait communié et cependant il trahit Jésus. Il était venu, dit St Augustin, comme l’espion des pasteurs, comme celui qui tend des embûches au Sauveur, comme celui qui combat le Rédempteur. Faisons un retour sur nous-mêmes, et voyons si quelquefois nous ne trahissons pas la cause du divin Maître par notre mauvais esprit en voyant toujours dans les bonnes oeuvres le côté faible des hommes et des choses, si nous ne tendons pas des embûches au Sauveur, c’est-à-dire si nous ne contrarions pas l’oeuvre du salut des âmes par une coupable tolérance, par de petites trahisons. Que de fois, mes filles, n’avez-vous pas trahi Jésus? Vous n’avez pas comme Judas livré Jésus tout entier, mais pour ainsi dire, n’avez-vous pas livré un morceau de votre Sauveur? Si ce n’est pas à l’avarice que vous avez cédé, n’est-ce pas à quelque petite passion, pas bien forte peut-être, mais qui vous a fait répondre aux insinuations de Satan: Je ne veux pas livrer mon Sauveur, mais je te livre un peu de son humilité par cette satisfaction de mon amour-propre, un peu de sa charité par cette parole médisante, etc. Oh! que de petites trahisons de cette sorte! Et voyez maintenant quel est celui que vous avez ainsi trahi… St Jean va nous le dire: Jésus, qui savait que son Père lui avait mis toutes choses entre les mains, qu’il était sorti de Dieu et qu’il retournait à Dieu, etc. (St Jean XIII, 3). La victime de Judas était celui qui avait toutes choses entre les mains et qui savait que le traître allait le livrer. C’est ainsi que dans la main de Dieu tout sert à sa gloire, et voilà pourquoi au moment de subir tant d’outrages Jésus disait: Mon Père, l’heure est venue, glorifiez votre Fils. Les méchants servent à la glorification de Dieu qui se trouve dans l’accomplissement de ses desseins, et Jésus tout en étant affligé d’être trahi par un apôtre, faisait servir ce crime à la gloire de son Père et à la sienne. Quelle bonté dans ce divin Sauveur lorsqu’il lave les pieds du traître et qu’il le fait participer au mystère de son corps et de son sang. Est-ce ainsi, mes filles, que vous agissez avec les personnes qui vous font de la peine? Ah! si N.S. a été ainsi doux et patient envers cet indigne apôtre, allez à lui avec confiance, vous qui souvent l’avez trahi, mais non comme Judas. Dites-lui: Seigneur, bien souvent je vous ai trahi et abandonné, mais j’en ai un profond regret; traitez-moi avec bonté, puisque vous avez traité Judas avec tant de douceur. N’imitons pas le repentir désespéré de Judas, mais ayons plutôt confiance dans cette immense miséricorde de la divine victime qui a pardonné à tous ses autres disciples leur fuite et leur abandon.