- Aux Religieuses de l'Assomption
- Retraite aux Religieuses de l'Assomption de Sedan
De la Règle - CD 26 (ms de Sr Marie du Saint-Sacrement de Gouy).
- 1 ACCEPTATION DE LA VOLONTE DE DIEU
1 ADORATION
1 AMOUR DE JESUS-CHRIST POUR LES HOMMES
1 AMOUR DU CHRIST
1 CHARITE ENVERS DIEU
1 EPOUSES DU CHRIST
1 FIDELITE A L'ESPRIT DE LA REGLE
1 FOI
1 HUMILITE
1 JESUS-CHRIST EPOUX DE L'AME
1 LOI NOUVELLE
1 MORTIFICATION
1 ORGUEIL
1 PAIX DE L'AME
1 PROGRES DANS LA VIE SPIRITUELLE
1 RECHERCHE DE LA PERFECTION
1 REFORME DE LA VOLONTE
1 REGLES DES RELIGIEUX
1 RELIGIEUSES DE L'ASSOMPTION
1 REVELATION
1 UNION A JESUS-CHRIST
1 VOEU D'OBEISSANCE
1 VOEU DE CHASTETE
1 VOEU DE PAUVRETE
1 VOEUX DE RELIGION - Religieuses de l'Assomption
- RA
- 23 août 1859
- 23 AUG 1859
- Sedan
Quant à ceux qui seront dociles à cette règle, la paix de Dieu sera sur eux et sa miséricorde comme sur l’Israël de Dieu. Dieu, mes chères filles, a disposé toutes choses à notre égard avec le plus grand amour. Vous êtes engagées envers N.S.J.C. et lui s’est volontairement engagé envers vous. De ce double engagement il résulte des rapports qui nous lient intimement à J.C., rapports qui [sont] produits par sa nature et par la vôtre, par sa volonté libre et par la nécessité de notre faiblesse et de notre néant.
L’acte d’adoration par exemple est une nécessité de notre nature qui par le sentiment qu’elle a de son abaissement, de son infériorité, s’anéantit devant Dieu et devant un Etre éternel. L’acte de foi au contraire provient de la liberté de Dieu qui nous l’impose. Dieu aurait pu nous laisser à jamais dans l’ordre naturel des choses sans que nous eussions en rien à lui demander, il ne nous eût pas révélé les faits qui composent la révélation, il ne le devait ni à sa justice, ni à nous puisque tout don surnaturel est une grâce et que si Dieu nous devait la grâce ce ne serait plus une grâce. Ainsi, dans nos rapports avec Dieu, il y en a de deux sortes; les uns émanent de la nécessité de notre nature, les autres de la volonté libre de Dieu qui nous les a imposés pour nous montrer qu’il est le maître souverain de notre être. Il aurait pu agir d’une autre façon, sauver le monde sans envoyer son Fils, nous imposer des conditions plus dures, ne pas faire mourir J.C.; il était libre, il nous a donné les faits de la révélation comme objet de notre foi, exigeant avec droit notre soumission, car il est bon qu’il nous fasse sentir qu’il est maître et qu’il nous demande des choses dont notre pauvre intelligence ne comprend pas la nécessité.
Mais dans nos rapports entre Lui et nous, dans les actes qui devaient composer notre culte envers ce Dieu suprême il devait y avoir un certain ordre, une harmonie qui se trouve dans tout ce qui émane de Dieu. C’est ce qu’a fait la loi évangélique, elle a réglé, elle a ordonné toutes choses entre Dieu et l’homme, indiquant à tous leur devoir pour être de bons chrétiens. Voyez les commandements de Dieu et de l’Eglise, vous y trouverez réglés ces divers rapports et toujours à côté des actes de nécessité naturels, les actes que j’ai appelés arbitraires, c’est-à-dire ordonnés par la liberté de notre Souverain Maître. Tout chrétien trouve donc dans l’Evangile la loi qui lui fournit les moyens et lui indique la voie pour devenir bon chrétien.
Mais vous voulez plus, vous voulez être parfaites, et malheur à vous si vous ne le vouliez pas, car vous êtes dans un état de perfection et vous devez y tendre sans cesse. Vous voulez pratiquer d’une manière plus étendue les actes de la doctrine évangélique, et dans cette route que vous avez embrassée au moyen des voeux comme je vous l’indiquais ce matin, vous marchez vers la perfection chrétienne. Mais là encore il faut un certain ordre. L’Epoux dans le Cantique des Cantiques dit: vous avez ordonné la charité dans mon coeur, les moindres choses ont besoin d’être réglées, il vous faut un guide qui vous indique la manière d’accomplir ces voeux dans le détail de la vie.
Théorie – ce guide c’est votre règle; voulez-vous être pauvre en quoi; en quoi mortifiée; en quoi dépendante et humble, votre règle vous le dira: 1° Elle enlève tous les obstacles qui s’opposent à une union plus intime avec Dieu; pauvreté, chasteté, obéissance. 2° Elle est le plus grand principe d’amour. 3° Moyen de sanctification, paix de Dieu avec soi et avec les autres.
Elle enlève tous les obstacles qui s’opposent à notre union plus intime avec J.C. Si ce sont les richesses vous êtes pauvre et laborieuse et la Règle vous dit en quelle manière vous devez exercer cette pauvreté en renonçant à telles petites possessions, en vous privant du plaisir de donner, de recevoir, si agréable quelquefois à la nature; enfin, en poussant la pauvreté jusqu’au degré où le veut votre Règle, prenant l’esprit surtout dans lequel elle veut vous la faire pratiquer.
Si ce sont les plaisirs que vous aimiez, votre règle vous oblige à être chastes et mortifiées. La Règle mortifie, je ne parle pas ici des mortifications de choix, celles-là sont réglées par l’obéissance. Mais dans la pratique constante de la Règle, il y a une mortification continuelle pour chaque instant du jour; mortifications d’autant plus précieuses qu’elles ne sont pas de notre choix et par conséquent elles sauvegardent l’humilité. La Règle, pour celles qui l’étudient avec bonne volonté et désir aussi de l’observer, est comme un cilice qui les enveloppe du matin au soir, pour mortifier leurs sens et tout leur être, soit par une grossièreté d’habits plus grande, par une couche plus dure, par une nourriture moins recherchée. Il y a, il est vrai, des moments où l’âme se dilate, des moments de repos et de récréation permis et ordonnés même par la Règle; mais il en est bien d’autres où elle nous saisit, nous enveloppe et nous fait marcher à la suite du Dieu crucifié.
Si enfin c’est votre propre volonté qui vous retient, la règle la brise, la dompte, la soumet à une autre volonté qui vous [illisible] à qui vous appartenez entièrement. Volonté de Dieu dans cette même Règle par le moyen de l’organe de vos supérieurs. Vous le voyez, la Règle écarte tout obstacle entre vous et Dieu. Suivez votre Règle et vous trouverez Dieu dont elle est la voix pour vous.
Mais surtout la règle est le plus grand principe d’amour. En effet, mes chères filles, J.C. descendant du ciel en terre pour nous sauver, nous a aimés d’une manière aussi infinie que son essence divine, mais beaucoup n’ont pas compris son amour. Il est venu chez soi et les siens ne n’ont pas reçu. Quelques-uns cependant l’ont reçu, à ceux-là il a donné le pouvoir d’être faits enfants de Dieu. Mais à vous il a donné plus, vous êtes non seulement ses enfants, vous êtes ses épouses, appelées à lui rendre un amour plus grand pour l’amour immense, infini qu’il vous a témoigné. Vous lui devez plus, comment le lui donnerez-vous? Voici l’excellence de la Règle, elle ne vous oblige pas sous peine de péché, en l’accomplissant vous faites, non pas ce que Dieu vous commande, mais ce que vous savez qu’il désire, ce qui lui est agréable. La Règle, c’est le code de l’amabilité de nos rapports avec Dieu. Nous voulons faire beaucoup pour lui, mais souvent nous ne saurions quoi, ni comment, la Règle nous le dit; quelquefois nous choisissons nos sacrifices, nous forcerions Dieu à les vouloir bon gré mal gré, c’est notre façon de lui plaire. La Règle nous en préserve à chaque instant, elle nous dit ce que Dieu désire, quae placita sunt ei facio semper. Et c’est ainsi qu’elle est le plus grand principe d’amour. Mais pour cela, il faut aimer sa Règle, l’étudier, la méditer, non pas comme ceux qui veulent chicaner avec Dieu, contester jusqu’où va l’obligation pour ne rien faire de plus, mais prendre sa Règle amoureusement pour en adopter et en embrasser l’esprit dans toute son étendue, pour arriver à un but, plaire à Dieu, l’aimer. Si vous accomplissez fidèlement votre Règle, vous aimerez parfaitement et en même temps, si vous aimez véritablement, vous accomplirez parfaitement la Règle. Car la plénitude de la loi c’est l’amour. Plenitudo legis dilectio.
La Règle est encore votre plus puissant moyen de sanctification. Dans la loi qui vous gouverne il y a 2 parties: l’une qui vous est commune avec tous ceux qui se sont donnés à Dieu de toute l’étendue de leur coeur, c’est-à-dire l’obligation d’observer les conseils de l’Evangile; mais une deuxième partie qui fait que n’étant ni Carmélites, ni Ursulines, ni Trappistines, vous êtes Assomptiades. C’est celle-là qui, embrassant toutes vos actions, toutes vos paroles, jusqu’à vos pensées elles-mêmes, vous offre le moyen le plus parfait de vous sanctifier à chaque instant du jour. Et sous ce rapport il n’y a rien de petit dans la Règle, les choses les moindres en apparence, ces petits détails qui ne sont presque que des minutes, tout doit servir à vous sanctifier, à vous resserrer, à vous entourer du rempart de la Règle pour rendre tous vos instants saints et précieux devant Dieu. En soi toutes ces choses ne sont rien, car pour ne vous parler que de l’extérieur, qu’y a-t-il de moins important que de faire une inclinaison à droite ou à gauche, de tenir les mains de telle façon ou de telle autre en priant, rien de moins important en apparence, rien qui ressemble plus à des minuties, à des futilités. Mais quelle est celle d’entre vous qui ne sache qu’il n’y a pas de minuties dans l’amitié, que tout ce qui est inspiré par le désir de plaire et d’être agréable, si petit qu’il soit, a un charme tout particulier. Une bonne épouse dans le monde n’a-t-elle pas un empressement de rechercher les moindres goûts, les fantaisies d’un époux qu’elle aime. Elle sait qu’une parure de telle forme, un ruban de telle couleur lui plaira. Elle sent un certain bonheur à se parer ainsi. Ainsi votre Règle vous dira que telle petite observance, telle action insignifiante en elle-même plaira à l’Epoux de votre âme qui vous a choisie pour être son épouse dans cette sainte Règle plutôt que dans telle autre. N’y a-t-il pas un grand bonheur à passer sa vie tout entière à faire à J.C. de ces petits présents qui lui sont si agréables et qui vont toucher son coeur.
Et puis la Règle s’emparant ainsi de tout votre être pour le sanctifier, vous préserve de tout ce qui vous sépare de Dieu. Elle vous offre mille petites mortifications, si petites, si petites et si excellentes par là même qu’elles passent inaperçues. Excellentes, je le répète, car elles nous sauvegardent de l’orgueil et nous sanctifient sans que personne le devine. Excellentes, parce qu’elles nous préservent de cette volonté propre qui se rencontre si souvent jusque dans le don à Dieu et qui lui faisait rejeter les sacrifices des Juifs par cette parole: Ecce in holocaustis vestris inveni volunta[te]s vestras. Vous aimerez donc votre Règle qui sera pour vous le moyen d’enlever tous les obstacles à cette union intime entre vous et J.C. qui est le but de votre vie.
Et je termine en vous disant que la paix et la miséricorde de Dieu seront sur ceux qui observeront et qui aimeront la Règle. Je ne développe pas cette pensée qui m’entraînerait trop loin, mais l’expérience est là pour rendre témoignage à la parole de Dieu. La paix de Dieu est avec l’âme religieuse qui aime et qui accomplit cordialement et généreusement sa sainte Règle, et la paix et la miséricorde non seulement sur elle, mais sur les autres, suivant cette autre parole qui terminait mon texte: Sicut super Israel Dei. Qu’est-ce que cet Israël de Dieu? Autrefois Israël c’était la nature bénie et privilégiée à qui le Seigneur avait révélé son nom parmi les nations idolâtres; celui-là est rejeté, est devenu infidèle. L’Israël de Dieu dans la Ste Eglise, que sera-ce sinon cette portion choisie du troupeau de notre bon pasteur qu’il a chéri par-dessus les autres, les religieux et les religieuses. La paix et la miséricorde tomberont donc et sur l’âme fidèle et docile à sa règle, et sur celles qui l’entourent, sur la communauté où elle vit. Elle y fera descendre la bénédiction du Seigneur dans le temps de cette vie, et pour elle encore sera la bénédiction du Seigneur et sa gloire et sa paix infinie dans l’éternité. Ainsi soit-il.