- PM_XV_254.
- 4795 a
- DOCUMENTS NE FIGURANT PAS DANS LES T.D.
- Discours du P. d'Alzon au mariage de M. Amédée de Mérignargues et de Mlle Paule Demians.
- Périer-Muzet, Lettres, Tome XV, p. 254.
- Cop. ms. Arch. départ. du Gard, fonds "De la Tour de Larcy" référence 638; Photoc. ACR, DT 199; Transcription J.-P. Périer-Muzet.
- 1 BON EXEMPLE
1 EDUCATION EN FAMILLE
1 MARIAGE
1 PARENTS
1 PROVIDENCE
1 VERTUS
2 DEMIANS, AUGUSTE
2 DEMIANS, PAULE
2 MERIGNARGUES, AMEDEE DE
2 MERIGNARGUES, JOSEPH DE
2 MERIGNARGUES, MADAME JOSEPH DE
3 NIMES - 23 avril 1873
Avant de m’adresser à vous, ma chère cousine, mon cher Amédée, permettez-moi de féliciter ceux qui vous entourent et vous accompagnent de leurs voeux, de me féliciter moi-même de l’acte que vous allez accomplir; ne fixe-t-il pas en effet dans la ville deux enfants des familles les plus honorées de Nîmes? Et comme nous avons joui des exemples de ceux qui vous ont précédés, tous ici espèrent que de ces beaux héritages la part la plus précieuse pour vous sera de faire revivre et de continuer leurs vertus. Or c’est une chose salutaire pour notre illustre cité, de voir dans son sein se poursuivre des traditions, de fortes influences, qui à divers degrés et sous diverses formes, sont un si précieux point d’appui pour nos admirables et catholiques populations. Béni soit Dieu dont la providence a su unir pour ce noble but et dans une même famille, deux familles à qui déjà nous devons tant.
Il est des moments où les souvenirs malgré les regrets qu’ils apportent, ont leur fécond enseignement et leur majesté; c’est pourquoi je veux les évoquer pour établir comme un lien plus indissoluble entre ce qui fut et ce qui va être bientôt. Ne voyez-vous pas, mon cher Amédée, planer sur votre tête et vous bénir cette sainte mère, à la vie si douce dans sa simplicité, si pure et si haute. Il fut sévère, enveloppé de je ne sais quelle dignité d’autrefois, ce père dont le fidélité à ses vieux principes, dont les jours enflammés de piété et pleins de bonnes oeuvres, cherchaient à se cacher dans leur perfection sous les scrupuleuses terreurs d’une trop grande modestie?
Je veux me taire, ma chère cousine, sur ceux qui vous resteront longtemps encore pour vous servir de modèles, mais vous laisserez bien ma vieille affection rappeler la mémoire de celui dont en ce moment, je tiens un peu, a- t-on bien voulu me dire, la place, et qu’une couronne d’amis présents croit contempler à cette heure solennelle, avec son initiative si énergique, son activité souriante au danger, avec les joies dans la tempête, son suprême dédain de la popularité, son audacieuse passion du devoir, sa paix en face de la tombe entr’ouverte, parce que sa foi si vive, qui le sait mieux que moi, lui faisait apparaître les horizons éternels. Que dirais-je de cette mort si déplorée et pourtant peut-être opportunément survenue pour lui apporter avec les consolations du ciel, les hommages les plus magnifiques et les plus unanimes qui puissent entourer le cercueil d’un grand citoyen? Ah! si votre bonheur peut ajouter à celui que Dieu, dans sa miséricordieuse bonté, accorde à des missions difficiles et courageusement accomplies, pour que dans l’éternel séjour il puisse en mieux jouir, ma tendresse un peu jalouse veut le placer, à cet instant même, entre les deux survivants qui l’aimèrent le plus, celui qui vous parle, et cet ancien compagnon d’armes dans des luttes pleines de péril, ce noble champion des grandes causes dont les glorieuses flétrissures nous montrent le fermeté invincible dans la voie droite, l’inébranlable obstination à bien faire, et qui naguère encore, exemple presqu’unique de nos jours, trouvant que de tous les suffrages le plus enviable est celui d’une belle vie toujours égale à elle-même, montait au pouvoir dont il était si digne, par conscience, et se hâtait d’en descendre par honneur.
Mais je reviens à vous, jeunes époux, vous êtes déjà heureux de ce que vous connaissez l’un de l’autre, vous le serez toujours, si aux engagements que vous allez prendre vous ajoutez la promesse d’être toujours dignes de ceux qui vous formèrent. Ceux qui ne sont plus vous le demandent de là-haut: ceux qui vivent attendent de vous, en échange de ce qu’ils versèrent d’amour dans vos coeurs, les chrétiennes consolations, les joies saintes, et les fécondes espérances.