- DOCUMENTS NE FIGURANT PAS DANS LES T.D.
- Projet de décret d'expulsion du P. Raphaël Jourdan.
- Brouillon autographe, CV 29.
- 1 COMMERCE
1 CREANCES A PAYER
1 DESOBEISSANCE DE RELIGIEUX
1 EXPULSION
1 GRAINES DE VERS A SOIE
1 LEGS
1 MENSONGE
1 MONITIONS
1 PUNITIONS
1 SAINT-SIEGE
1 SPECULATIONS FINANCIERES
2 ALZON, EMMANUEL D'
2 BONALD, VICTOR-M.-ETIENNE
2 JOURDAN, RAPHAEL
2 PASTEUR, LOUIS
2 PLANTIER, CLAUDE-HENRI
3 ALES
3 NIMES
3 ORIENT - mi-octobre 1876(1).
- Nîmes
Nous Emmanuel Daudé d’Alzon, supérieur des religieux Augustins de l’Assomption,
Considérant
que, depuis plusieurs années, déjà le P. Raphaël Jourdan avait pris des engagements d’argent vis-à-vis de Mr le Vte de Bonald à la condition que tout me serait caché (nous avons entre les mains la preuve écrite du fait),
que depuis et de plusieurs côtés nous avons su par les personnes les plus honorables que le P. Raphaël Jourdan recommandait de nous taire soit des voyages qu’il voulait tenir secrets soit d’autres démarches auxquelles nous n’aurions pas donné notre approbation,
que, placé à Alais, il fut autorisé par nous à s’occuper des graines de vers à soie à une époque où l’ancien évêque de Nîmes avait autorisé un de ses curés à en faire venir d’Orient par le canal des Lazaristes et où une partie du diocèse se trouvait ruinée par l’insuccès des graines indigènes,
mais d’autre part qu’aussitôt que nous eûmes aperçu dans cette opération un certain commerce, nous défendîmes au P. Raphaël Jourdan de s’en mêler,
qu’alors il nous demanda d’initier ses frères à la partie scientifique de l’entreprise, comme Mr Pasteur de l’Institut de France, envoyé par le gouvernement, y avait incité plusieurs propriétaires sans qu’on pût soupçonner ce professeur éminent de spéculation,
que pourtant le P. Raphaël par sa présence dans les ateliers de ses frères couvrait de son titre de prêtre et de religieux les spéculations de ceux-ci,
que nous lui fîmes les défenses les plus expresses d’y paraître et que pourtant l’ancien évêque de Nîmes, Mgr Plantier, et tous les membres de son conseil nous firent les observations les plus fortes sur les plaintes portées par les prêtres des environs d’Alais sur la manière de faire du P. Raphaël et que nous avons lieu de croire malgré les dénégations de celui-ci, que ces observations étaient fondées,
que d’autre part encore, à l’époque où le commerce des frères du P. R. Jourdan commença, il fut convenu qu’on lui compterait une somme non à titre de bénéfice commercial, mais comme dédommagement des peines qu’il s’était données pour enseigner à ses frères des procédés qui devaient leur rapporter des sommes considérables,
que depuis les choses n’ayant pas eu un succès tel qu’on l’espérait, nous avons consenti bien que nous n’en fussions nullement obligé à remettre sur une location la somme de trente mille francs aux frères du P. Raphaël,
que la gestion financière à Alais où il résidait devenait une ruine pour la congrégation (nous n’avons jamais eu la pensée qu’elle fût déshonnête mais si inintelligente qu’ayant annoncé un déficit de vingt mille francs, il s’est trouvé de 29.500 francs, le tiers en sus du chiffre indiqué par lui),
qu’en face d’une ruine qui s’accroissait de jour en jour et poussé par plusieurs de nos assistants, nous l’avons changé de résidence pour le mettre à la tête d’une maison où il n’aurait plus à s’occuper de la question financière,
qu’il a commencé par refuser de se rendre au chapitre général par une lettre dans laquelle nous avons, nous et tous les membres du chapitre alors en session, vu son intention de se retirer de la congrégation, que le chapitre l’a exclu pour toujours des réunions capitulaires générales,
qu’ayant écrit une lettre meilleure, nous lui avons envoyé aussitôt un assistant général, son provincial et le religieux chargé de le remplacer pour lui indiquer toutes les mesures paternelles prises pour mettre sa réputation à l’abri, supposé que le changement décidé pût y porter préjudice.
Après lui avoir parlé le langage de la fermeté mais aussi celui de la douceur que nous inspirait notre affection pour lui,
voyant qu’il était sourd à nos instances réitérées et résolu inébranlablement à quitter la congrégation et d’autre part encore que des instances trop grandes pourraient laisser croire que nous tenions surtout à une bibliothèque considérable et à un legs pour nos oeuvres qu’un de ses oncles lui avait confiés pour nous comme il nous l’avait dit de vive voix,
après deux mois d’attente inutile,
après trois sommations canoniques,
de l’avis de nos assistants généraux et de son provincial, nous avons résolu d’expulser et nous expulsons en effet le Père Raphaël Jourdan de la congrégation des religieux Augustins de l’Assomption, le renvoyant devant le Saint-Siège pour le faire relever de ses voeux et le déclarant privé de célébrer les Saints Mystères tant que le Saint-Siège ne lui aura pas accordé les dispenses nécessaires et qu’il n’aura pas été adopté par un évêque de l’Eglise catholique.