- TD51.329
- Retraite sur l'esprit des Oblates de l'Assomption.
- IX - La Prière.
- Orig.ms. ACOP; cop.ms. J48; T.D. 51, pp. 329-330.
- 1 ESPERANCE
1 OBLATES
1 PRIERE DE DEMANDE
1 PURIFICATION
1 VIE DE PRIERE
1 VOIE UNITIVE - Oblates de l'Assomption.
- septembre 1876
- Nîmes.
L’espérance a la confiance d’obtenir par les mérites de Jésus-Christ, mais il faut qu’elle demande, il faut qu’elle prie. La prière est le cri de l’espérance. Dans le ciel nous serons unis à Dieu, sur la terre il faut préparer cette union et c’est pourquoi elle prie. La prière considérée à ce point de vue a trois caractères: la purification, la demande, l’effort pour l’union.
1° La purification.
Nous ne saurions trop répéter la parole du pharisien à l’aveugle de naissance, en nous les appliquant: Tu es né tout entier dans le péché. Telle est notre situation, et c’est pourquoi tout prêtre montant à l’autel déclare au nom de l’Eglise autant qu’en son nom qu’il a beaucoup trop péché, quia peccavi nimis. Le sentiment du péché nous humilie, nous abaisse et c’est une disposition indispensable. Il faut que la prière soit telle, nous devons nous anéantir et nous ne saurions trop revenir sur ce sentiment d’abaissement que nous devons apporter dans la prière; nous n’en sommes pas assez convaincus. De là vient que nous ne savons pas dire comme le publicain: Seigneur ayez pitié de moi, pauvre pécheur. Pourtant ce fut le cri de sa justification. Mais pour travailler énergiquement à la purification de l’âme, il faut avoir le désir d’être pur, comprendre la beauté de l’âme pure. Quel sujet de méditation pour des religieuses, accroître sa pureté pour être plus dignes de Jésus-Christ, leur époux!
2° La demande.
Que demander? Mais plutôt que ne demanderez-vous pas? Voyez votre indigence. Ah! vous êtes très riches en défauts, mais quelles sont vos vertus? Demandez donc d’abord la lumière: Mon Dieu, éclairez ma lampe. Qu’il y ait des lampes brillantes en vos mains! Mais demandez comme dans la prière de l’Eglise un accroissement de foi, d’espérance et de charité. Demandez, mais ne vous attendez pas à être exaucées, si vous priez seules, il faut prier en union avec Jésus-Christ qui est toujours exaucé. Je sais, disait-il à son Père, que vous m’exaucez toujours. Il nous fera exaucer de son Père, si nous demandons par lui et si nous demandons bien. Vous n’êtes pas exaucés, disait-il à ses apôtres, parce que vous demandez mal. En demandant avec Jésus-Christ, en ne demandant que ce que Jésus-Christ peut demander avec nous, vous serez certainement exaucés. Lui-même l’a dit: Demandez et vous recevrez; et ailleurs: Demandez, afin que votre joie soit complète, ut gaudium vestrum sit plenum.
3° La prière qui s’unit à Dieu.
Notre bonheur au ciel sera d’être unis à Dieu, sans crainte de le perdre, notre effort ici-bas doit [être] de commencer cette union par Jésus-Christ. C’est pourquoi il faut répéter: il n’y a qu’un médiateur entre Dieu et les hommes, Jésus-Christ. Or Jésus-Christ peut nous être uni par la foi; quoique l’apôtre déclare qu’il habite en nous par la foi, si nous le désirons. Mais quelle présence de Dieu ne faut-il pas avoir sans cesse! Ah! voilà la grandeur de cet exercice. Qu’est-ce que la présence de Dieu, sinon un effort continuel pour avoir Dieu présent? Je n’y ai pas assez pensé, mais si comme le disait l’apôtre nous vivons, nous nous mouvons, nous existons en Dieu, c’est que Dieu nous investit de toute part. Mettons que St. Paul l’ait dit au sens de l’ordre naturel, mais cela, si nous le voulons, n’est-il pas bien plus vrai au sens surnaturel? Je vis en Dieu, je me meus en Dieu, j’existe en Dieu même au sens de la grâce. Pourquoi ne pas faire effort pour désirer rendre cette présence, cette action, cette existence en lui toujours plus parfaite? Ah! si Jésus- Christ m’exauce quand j’unis mes demandes aux siennes, ne m’exaucera-t-il pas bien plus quand je lui demanderai de me saisir pour m’unir dans cet admirable état où il demandait à son Père que ses apôtres fussent consommés dans l’unité. Ut sint consummati in unum. Qu’ils soient consommés dans l’unité par l’union de toutes nos intentions à celles de Jésus-Christ.
Je devrais aborder maintenant la question de la contemplation proprement dite. Peut-être le ferai-je plus tard. Pour le moment unissons-nous à Jésus-Christ, prions avec le désir d’être purifiés, d’être exaucés, et par la présence de Dieu, d’être unis à ce Dieu autant que nous en sommes capables ici-bas.