- TD50.045
- [Sermons et fragments de sermons 1844-1854]
- [Notes d'instructions sur] DIEU.
- Orig.ms. BK3, pp. 301-359; T.D. 50, pp. 45-51.
- 1 ACTE DE CREATION
1 BIEN SUPREME
1 DESIR
1 DEVOIRS DE CHRETIENS
1 DEVOIRS DE L'HOMME
1 ENSEIGNEMENT DE JESUS-CHRIST
1 HOMME CREE A L'IMAGE DE DIEU
1 ILLUSIONS
1 IMITATION DE DIEU
1 INTELLIGENCE
1 LIBERTE
1 MATERIALISME
1 PAGANISME
1 PANTHEISME
1 PERFECTIONS DE DIEU
1 PURIFICATION
1 REVELATION
1 THEOLOGIE - 1844-1854
p. 301
Dieu
Haec est vita aeterna, ut cognoscant te solum verum Deum.
C’est ainsi que s’exprimait le Fils de Dieu, Dieu lui-même, envoyé par son Père, au moment de donner au monde le plus étrange spectacle, celui d’un Dieu mourant pour les hommes. Haec est… Toute vie est là, connaître Dieu pour connaître les devoirs que les créatures ont à remplir envers lui. Oui, toute vie est là, et c’est pour cela, chrétiens, que à vous qui voulez vous retremper pendant quelques jours de méditation sérieuse, je viens parler de Dieu. Mais quoi? Ai-je la prétention de vous prouver qu’il existe? A Dieu ne plaise, mes frères, que je prétende faire cette injure à votre foi, mais si vous savez que Dieu est, vous ne savez pas pas assez ce qu’il est. Je n’ai certes pas la prétention de vous l’apprendre, je veux seulement vous dire quelque chose de ce qu’il nous est permis de dégager de sa nature incompréhensible, afin que vous sachiez par quel côté la foi vous permet de le considérer. Or, je me propose de le considérer sous des points de vue divers. Aujourd’hui je considérerai Dieu dans sa simplicité, sa perfection, sa bonté, son infinité, son immutabilité, son éternité et son unité.
En d’autres termes, je dis que Dieu est essentiellement simple, parfait, bon, infini, immuable, éternel, un.
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Simplicité de Dieu.
Ego sum qui sum; qui est, misit me ad vos. Telle est la définition que Dieu veut nous donner de lui-même. Il est. Tandis que tous les êtres que nous considérons autour de nous, tandis que nous-mêmes envisageons dans notre être des parties dont nous ne pouvons dire que ces parties soient nous, en Dieu tout est Dieu, parce qu’il n’y a point de parties. Ne venez donc point me dire qu’en Dieu soit matière comme l’ont rêvé les païens, car si Dieu est matière, Dieu peut se dissoudre, se transformer, et cela répugne à l’idée que je me fais de Dieu. Non, en Dieu il n’y a point de matière, il est pur esprit, lui-même nous le déclare, aucune modification ne peut l’atteindre. Ne me dites pas, non plus, qu’il puisse s’unir pour se mêler à aucune créature, pour être l’âme du monde. Mais cette simplicité de Dieu, qui peut la pénétrer? Faisons donc tomber du coup et les folies du paganisme avec ses dieux corps, et la folie de ceux qui avaient prétendu que Dieu était l’âme du monde, et la folie de ceux qui avaient prétendu que Dieu était tout, les panthéistes. Oui, Dieu est un pur esprit, à qui on ne peut rien ajouter ni retrancher.
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Mais concluons-en d’abord la pureté d’esprit, avec laquelle nous devons aborder une pareille matière. L’oeil de l’homme ne pénétrera jamais la clarté de la simplicité divine. C’est un abîme. Mais s’il est permis, – ; simplicité même qui le rend incompréhensible, et c’est pour cela que nous devons redire sans cesse: Beati mundo corde, quoniam ipsi Deum videbunt.
Si je veux pénétrer la nature de Dieu, je dois donc rejeter tout ce que le corps me présente, animalis homo. Mais quels efforts ne dois-je pas tenter pour acquérir cette pureté, et toutefois qu’ai-je fait jusqu’à présent?
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Mais ce qui est le plus surprenant, c’est que dans cette simplicité même toutes les perfections sont contenues, et ne nous en étonnons pas. En lui sont toutes les perfections des êtres, car tout ce que les êtres ont de perfection, sa pensée l’a conçu, sa puissance l’a réalisé, son amour l’a communiqué. Qui jette maintenant un regard sur la création: Domini est terra, et plenitudo ejus orbis terrarum, et universi qui habitent in eo. Tout ce monde extérieur n’est qu’un reflet. Description du monde, de l’homme. Mais la vertu? Tout cela vient de Dieu. A lui en soit rapportée toute la gloire. La beauté des créatures, l’ordre, l’harmonie universelle, tout cela est l’image de Dieu. Vous contemplez le soleil, il n’est que l’ombre auprès de la lumière de Dieu. Vous vous perdez dans les globes. Qu’est-ce que cela auprès des attributs divins? La parole humaine, faible écho de la parole de Dieu.
Mais écoutez cette étonnante parole. Dieu, la perfection même, principe de la perfection des êtres créés, veut que l’homme, créature intelligente, arrive à une perfection libre et voyez quel modèle il leur présente: Estote vos perfecti, sicut Pater vester caelestis perfectus est. Mais que suis-je pour arriver à la perfection? Peinture de la dégradation de l’homme. Ne crains point, à toi et à tes semblables il a été dit: Estote…
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Mais à qui sa perfection peut-elle être comparée? Je monte dans les cieux, et par delà les anges je vois un trône, et sur ce trône un homme qu’entourent les rayons de la divinité, et [j’entends] ces paroles prononcées en me montrant l’abîme de la divinité: Estote…
Et maintenant cherchez une perfection plus grande que celle de Dieu, et dites que le chrétien se fait une idée basse de sa destinée, dites qu’il a faussé sa vocation. Non, non, celui qui lui a dit: soyez parfait, vous travaillerez désormais à réaliser ce divin modèle et sans cesse dans vos moments de découragement vous entendrez retentir ces paroles: Estote perfecti, sicut Pater vester coelestis perfectus est(1).
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Arrêtons-nous un moment, chrétiens, et demandons-nous si nous nous étions fait une idée des rapports de notre perfection avec la perfection de Dieu, si nous avions suffisamment compris tout ce que l’idée de la perfection de Dieu implique pour nous d’obligation. Dieu est parfait, et moi sa créature intelligente je dois, pour l’honorer, travailler à être parfait comme lui. Je dois faire couler en moi quelques-uns de ces perfections dont il est la source.
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BONTE
De la perfection de Dieu à sa bonté, il n’y a qu’un pas. Dieu est le bien suprême.
S’il n’y a de bien que ce qui est, ce qui n’est pas ne pouvant pas être bien, par cela même que Dieu est, qu’il est l’être par excellence, il est le bien par excellence.
Dieu est bon, il est le bien par excellence, et comment en serait-il autrement, puisque tout bien découle de lui?
Le bien, a dit l’antique philosophie, est ce que tout le monde désire, mais que d’illusions à cet égard!
Les uns ont vu un bien vague, incertain, une vertu créée [?]. Ils se sont adorés eux-mêmes; d’autres n’ont vu le bien que dans ce qui était utile, d’autres dans ce qui est agréable. Le bien n’est rien de cela et est tout cela. La vertu, l’utile, le délectable: Honestum, utile, delectabile. Dieu est bon, désir de le posséder.
Bonus est Dominus sperantibus in eum, animae quaerenti illum. Bien que tous peuvent posséder sans être partagé.
Dieu est bon par essence.
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Oui, Dieu est bon et nous le chercherons uniquement, l’âme qui cherche Dieu se dégoûte de tout. Filii hominum usquequo gravi corde? Vous cherchez la richesse, la puissance, les plaisirs. Filii hominum usquequo gravi corde?
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Infinité de Dieu.
Mais Dieu est infini. Il est partout, rien ne lui échappe. S’il n’était pas infini, il y aurait un lieu où il ne serait pas, et où pourtant il pourrait être. Infini dans ses perfections, infini dans sa puissance, dans sa science, dans sa nature, et l’infini découle de sa simplicité.
Dieu est en tout, agissant en tout, créant tout, conservant tout. Caelum et terram ego impleo.
Présent par son action. Il est partout par son essence, sa présence et sa puissance. En tout par sa puissance, il est maître de tout; par sa présence, en tant que rien ne lui est caché; par son essence, en tant qu’il est la cause de toutes les créatures.
Coelum et terram ego impleo. Vous êtes présent. Si je veux me révolter, vous êtes là; si je veux faire le mal en cachette, vous êtes là; si je veux bouleverser l’ordre, vous êtes là.
Quel respect cette présence ne doit pas m’inspirer! Ambula coram me, et esto perfectus.
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Immuable.
Ego Deus, et non mutor. Oui, il n’y a point de changement en vous, ô mon Dieu. Que toutes les créatures passent. Ego Deus, et non mutor. Vie, mort, voilà la destinée des choses ici-bas. Ego Deus, et non mutor. Changements d’opinion. Ego Deus. Changements de gouvernement. Ego Deus. Ce qu’il veut, il le veut, il l’a toujours voulu. Ego Deus. La plénitude de l’être ne peut changer. Ego Deus, et non mutor. Mépris des choses, terreur des jugements de Dieu. Ses saints toujours heureux; les malheureux toujours malheureux. Ego Deus.
p. 325
Eternel.
Qui osera dire que Dieu a commencé? Il est infini dans sa perfection. Faiblesse de l’homme. Ce que c’est que l’éternité… Rapidité du temps.
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Je considérerai en Dieu la science, la vérité, la vie, la volonté, la justice, la miséricorde, le bonheur.
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Dieu.
Incompréhensible, il exige la foi; principe de la science et de la vérité, il exige la foi; amour lui-même, l’amour; juste et miséricordieux, la pénitence et le repentir; puissant, l’obéissance; principe du bonheur, la reconnaissance.
Poursuivons le sujet que nous avons abordé hier, et quoique nous soyons obligé de laisser de côté bien des considérations.
Disons que Dieu est incompréhensible. Pour comprendre Dieu, il faut être Dieu. Folie de ceux qui repoussent les mystères.
Deum nemo vidit umquam. Nul ne comprend Dieu. Dieu seul se comprend. La substance même de Dieu est son intelligence. C’est en lui-même que Dieu se connaît, et qu’il connaît et comprend les autres êtres.
p. 335
Mais si nul ne peut comprendre Dieu, il se comprend lui-même, et c’est pour cela qu’il est la vérité infinie. Mais si Dieu est la vérité infinie, lui seul peut nous l’enseigner. Nécessité de ne croire qu’en Dieu.
p. 337
Dieu est la vie suprême; en lui est la vie, nous avons la vie en Dieu. Ego sum vita, in ipso vita erat, in quo habemus vitam.
p. 339
En Dieu il y a une volonté, et ce que Dieu veut, se fait. Conformité de la volonté de l’homme à la volonté divine.
En Dieu il y a volonté, parce qu’il y a intelligence.
La volonté de Dieu est libre. La volonté de Dieu est la cause de l’unviers.
p. 341
Il y a amour. Dieu s’aime, il s’aime lui-même, et autant il s’aime, autant il déteste le pécheur qui refuse de lui obéir. Haine de Dieu pour le pécheur, crainte du péché.
Dieu s’aime et aime les êtres en proportion de leur perfection.
p. 345
Juste, il punit. Nécessité de faire pénitence avant que le moment de la justice ne soit venu. Justus Dominus, et justitiam dilexit.
Juste, il donne ce qu’il doit, il distribue à chacun.
p. 347
Miséricordieux. Contrition.
Partout la justice est unie à la miséricorde.
p. 351
Providence et prédestination.
p. 355
Puissance, obéissance et adoration.
p. 357
Principe de bonheur, l’espérer.
p. 359
Adoration.