- TD50.031
- [Sermons et fragments de sermons 1844-1854]
- [Sermon sur la] *TRINITE*
- Orig.ms. BK3, pp. 241-253; T.D. 50, pp. 31-35.
- 1 ADORATION
1 AMOUR DE DIEU POUR SA CREATURE
1 ASCENSION
1 BAPTEME
1 BIEN SUPREME
1 BUT DE LA VIE
1 CHRETIEN
1 COMPORTEMENT
1 CONNAISSANCE
1 CONSEQUENCES DU PECHE
1 CREATION
1 DEVOIRS DE L'HOMME
1 DIEU LE FILS
1 DIEU LE PERE
1 ENFANTS DE DIEU
1 ENFER
1 ENSEIGNEMENT DE JESUS-CHRIST
1 FOI
1 HAINE CONTRE DIEU
1 HOMME CREE A L'IMAGE DE DIEU
1 INTELLIGENCE
1 JESUS-CHRIST AUTEUR DE LA GRACE
1 JUSTICE DE DIEU
1 LIBERTE
1 LOI DIVINE
1 MYSTERE
1 PROGRES DANS LA VIE SPIRITUELLE
1 PROVIDENCE
1 PUISSANCE DE DIEU
1 REFLEXION
1 SAGESSE DE DIEU
1 SAINT-ESPRIT
1 SAUVEUR
1 SERMONS
1 SOUMISSION DE L'ESPRIT
1 SOUMISSION DES SUJETS
1 SOUVERAINETE DIVINE
1 TRINITE - 1844-1854
Docete omnes gentes, baptizantes eos in nomine Patris, et Filii, et Spiritus Sancti. Math.
Le divin Sauveur va monter au ciel, et c’est au moment de se séparer de ses disciples qu’il leur révèle enfin d’une manière positive le plus grand, le plus important et le plus incompréhensible des mystères, le mystère d’un Dieu en trois personnes. Ce mystère sera comme le cachet de toutes les grâces que le Fils veut accorder. C’est au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit que les hommes seront baptisés, et qu’ils participeront à l’adoption des enfants de Dieu.
Un Dieu en trois personnes, mystère incompréhensible à l’homme et mystère cependant qu’il est obligé de méditer, s’il veut avoir le mot de son origine, de ses devoirs, de sa destinée. Dieu puissance en tant que Père lui manifeste son créateur; Dieu sagesse en tant que Fils lui révèle la loi à laquelle il doit se soumettre; Dieu amour en tant qu’Esprit lui découvre le sein même de Dieu se dilatant pour le recevoir dans les joies de l’éternité.
D’où découle pour l’homme un triple rapport avec Dieu. Dieu comme Père est la puissance infinie, et l’homme doit à la puissance infinie une dépendance absolue de foi et d’adoration. Dieu comme Fils est la sagesse éternelle, la loi suprême, et l’homme doit à la sagesse éternelle une obéissance d’exécution aussi entière que le comporte sa faiblesse soutenue par la grâce. Dieu en tant qu’Esprit est amour, et l’homme lui doit tous les élans de son coeur.
Mais voyez comme l’homme se transforme, à mesure qu’il est admis à entrer en communication avec l’adorable Trinité. L’homme doit la dépendance à Dieu, et je veux vous montrer la grandeur du chrétien qui ne relève que de Dieu. L’homme doit à Dieu l’accomplissement de sa loi, et je veux vous montrer la perfection du chrétien conduit par la sagesse qui est Dieu, le chrétien doit à Dieu les élans de son coeur, et je veux vous montrer le bonheur du chrétien qui ne veut que l’amour de Dieu.
Grandeur du chrétien qui ne dépend que de Dieu; perfection du chrétien qui accomplit la loi de Dieu; bonheur du chrétien qui aime Dieu.
Première partie.
Que l’homme soit, par rapport à Dieu, dans un état de dépendance absolue, c’est ce qu’il est, je pense, inutile de nier, dès que l’on admet l’existence de Dieu. Si Dieu est, il est infiniment puissant; s’il est infiniment puissant, tout ce qui n’est pas lui dépend de lui, sans quoi il y aurait quelque chose qui limiterait sa puissance. Donc par cela même que nous ne sommes pas Dieu, nous dépendons de Dieu. Et la foi nous enseigne qu’étant l’oeuvre de ses mains, il fait de nous ce qui lui plaît. Mais le maître souverain de toutes choses a voulu établir divers degrés de dépendance, et par un prodige de sa puissance il a voulu établir que les créatures qui dépendraient le plus de lui seraient en même temps celles qui seraient les plus libres. Je m’explique. Tout être sorti des mains de Dieu dépend de lui de telle façon que Dieu peut prolonger son existence, ou la modifier, ou la détruire, et replonger cet être dans le néant. Telle est la dépendance de tous les êtres. Mais les êtres, s’ils ne dépendent de Dieu qu’en ce sens, n’ont ni la conscience de leur dépendance absolue, ni la connaissance du pouvoir de Dieu. Dieu veut quelque chose de plus, c’est pour cela qu’il a créé des êtres intelligents capables de connaître et de vouloir, afin que connaissant la puissance divine ils pussent l’accepter et s’y soumettre volontairement. Dieu a fait plus, tout en conservant son pouvoir, il en a comme suspendu l’exercice visible, afin que ces êtres capables de connaître et de vouloir jouissent du prodigieux privilège de la liberté. Or remarquez qu’une créature qui obéit librement par un acte de sa volonté, offre à Dieu une obéissance bien plus grande que celle des globes lumineux qui roulent dans l’espace. Hé bien, voilà la dépendance de l’homme. Mais voyez quelle grandeur cette dépendance suppose en lui, et quelle distance le sépare du reste des créatures. L’homme obéit, mais il obéit librement et rien ne peut ployer sa liberté, elle est telle que pour la châtier, si elle se révolte, il faudra que la justice de Dieu crée des supplices éternels.
La dépendance volontaire et libre de l’homme en fait tout d’abord une créature à part, au-dessus de toutes les créatures dépourvues d’intelligence.
Mais ce qui n’est pas moins merveilleux, c’est que les hommes doués de liberté, abusant de ce privilège pour se révolter contre Dieu, il n’y a de grand que celui qui se soumet à la volonté divine.
En effet, le seul pouvoir légitime, à proprement parler, est le pouvoir de Dieu, mais ce pouvoir dans les circonstances de la vie s’exerce sur l’homme par mille moyens, par mille instruments, atteignant l’homme par mille fils. Que fait l’homme qui se révolte contre Dieu? Il repousse le pouvoir qui seul a le droit de le commander, mais il n’en reste pas moins soumis aux circonstances que la providence a disposées, il obéit à ceux qui étaient des moyens de la providence. Il devient, d’enfant de Dieu qu’il était, l’esclave des instruments de Dieu. Il rentre dans l’ordre des créatures matérielles qui obéissent à la force. L’homme, au contraire, qui ne dépend que [de] Dieu et accepte avec obéissance et foi le pouvoir de Dieu et la manifestation de ce pouvoir, s’élève aussitôt jusqu’à Dieu même et ne dépend que de Dieu seul. Il voit Dieu en tout, et dans tout ce qui lui est imposé, c’est à Dieu seul qu’il obéit. Voyez dès lors comme il s’élève au-dessus de tout ce qui l’entoure, les hommes et leurs passions le poursuivent, mais il ne voit que Dieu. Que lui peuvent dès lors les attaques de ses adversaires? Rien, absolument rien. Que les catastrophes aient lieu, il a toujours Dieu présent; que les épreuves les plus cruelles fondent sur lui, que lui importe! Il est plus grand que les richesses, plus grand que les hommes, plus grand que l’adversité, plus grand que ses ennemis, plus grand que les puissances de ce monde, plus grand que la mort.
Deuxième partie.
Telle est, mes frères, la grandeur du chrétien qui se place par la foi sous la main de son Dieu et donne un libre concours à sa toute-puissance. Mais l’homme n’est pas seulement agrandi par cette foi que j’appellerai passive et qui consiste à accepter avec une soumission profonde, entière, absolue, ce qui lui est commandé; il faut encore qu’il exerce sa liberté par l’action; il faut qu’il agisse, et dans sa conduite il faut pour agir avec sagesse et intelligence qu’il soumette ses actes à certaines lois. Or quelle loi plus parfaite que la loi de Dieu? Et comme une intelligence est d’autant plus parfaite qu’elle agit plus parfaitement, rien de plus parfait que le chrétien qui se laisse conduire par la loi de Dieu, qui est la perfection de la sagesse infinie. D’où vous voyez tout d’abord la nécessité de connaître cette loi, puisqu’on ne peut la pratiquer si on ne la connaît point. D’où vous comprenez encore la folie de ceux qui pensent que leur raison leur suffit(1).