- TD49.284
- *Dominicale* [Notes d'instructions].
- VII. *Sur la Passion*.
- Orig.ms. BJ3, pp. 275-279; T.D. 49, pp. 284-289.
- 1 AGONIE DE JESUS-CHRIST
1 AMBITION
1 CONSEQUENCES DU PECHE
1 CULPABILITE
1 CURIOSITE MALSAINE
1 DIEU LE FILS
1 ESPECE HUMAINE
1 HABITUDES DE PECHE
1 INDIFFERENCE
1 INGRATITUDE ENVERS DIEU
1 JESUS-CHRIST MODELE
1 JUIFS
1 JUSTICE DE DIEU
1 LOI NOUVELLE
1 MARIE
1 MESSIE
1 MIRACLES DE JESUS-CHRIST
1 OEUVRE DE JESUS-CHRIST
1 PASSION DE JESUS-CHRIST
1 PERFECTIONS DE JESUS-CHRIST
1 PRETRE
1 REDEMPTION
1 RESURRECTION DE JESUS-CHRIST
1 ROI DIVIN
1 SACRIFICE DE JESUS CHRIST
1 SERMONS
1 SILENCE DE JESUS-CHRIST
1 SOUFFRANCES DE JESUS-CHRIST
1 VERITE
2 BARABBAS
2 CAIPHE
2 HERODE AGRIPPA I
2 ISAIE, PROPHETE
2 MELCHISEDECH
2 PILATE - 1838-1844
Posuit in eo Dominus iniquitatem omnium nostrum; oblatus est, quia ipse voluit. Is. LIII.
Ingratitude et folie d’un homme, qui, sauvé d’un danger par un ami qui meurt pour lui, l’insulte, l’outrage et s’expose au même danger. Voilà ce que nous faisons, quand nous méditons sur la Passion sans reconnaissance pour Jésus et continuant à vivre dans le péché. C’est pourquoi retirez-vous, si vous n’en voulez pas profiter, car vous seriez aussi coupables que les Juifs qui le crucifièrent. Mais restez pour en profiter et écouter les prodiges de l’amour de Dieu, qui prend sur nous [= lui] nos iniquités et s’offre volontairement. Posuit…
Et voici mon dessein. Je vous montrerai: 1° d’abord Jésus devant les tribunaux expiant le péché par nos ignominies; 2° l’expiant encore par ses souffrances à la flagellation, au couronnement, à la croix; 3° couronnant son oeuvre en nous révélant du haut de la croix ce qu’il est, pour nous apprendre ce que nous devons être – Marie, au pied de la croix nous vous supplions.
1° Devant les tribunaux.
Remarquons Dieu qui emploie l’injustice des hommes pour faire triompher sa justice. Dieu permet, pour que Jésus soit démontré le Messie, que Caïphe, prêtre prévaricateur, prophétise.
Hypocrisie des prêtres, simplicité de Jésus: Interrogez mes disciples. Il ne demande pas mieux qu’un jugement régulier, mais on n’en veut pas. Alors il se taira. – Un serviteur le frappe. – Haine des prêtres, sa douceur. Les duels. – Pourquoi me frappez-vous? Pourquoi? Parce que la justice doit être foulée aux pieds. – On l’envoie à Caïphe, comme plus tard à Hérode. Il se tait. Faux témoins. Abominations de ceux qui veulent cacher le mensonge sous l’apparence de la justice. Jesus autem tacebat. Mais s’il se tait, gardez-vous de penser qu’il veuille cacher ses titres. Jésus interrogé s’il est Dieu le déclare. Incrédulité volontaire de ces chrétiens qui connaissent la religion, la perdent à cause de leurs passions.
Le prêtre déchire ses vêtements. Tu as raison, pontife coupable de déchirer ainsi les insignes de ta dignité, car ces iniques objets de ton ambition ne désignent plus rien. Tu étais prêtre de cette année, mais c’était pour la dernière fois. Tu es le dernier prêtre de la loi ancienne, ton sacerdoce est détruit, celui de Jésus commence. Levez-vous, prêtre éternel selon l’ordre de Melchisédech, levez-vous et préparez la victime que le Dieu vivant exige. Cette victime, c’est vous-même. Posuit in eo…
On le conduit à Pilate, mais on n’entre pas. Fausse légalité. Pilate qui sans doute avait déjà entendu parler de lui, ne veut pas le condamner. Les Juifs veulent sa mort, mais ne veulent pas le faire périr, parce qu’il faut qu’il meure sur la croix de l’ignominie, qu’il soit livré aux Gentils, autre signe d’ignominie.
Pilate l’interroge. Ego in hoc natus sum, et ad hoc veni in mundum, ut testimonium perhibeam veritati. – Quid est veritas? Indifférence de ces hommes qui passent leur vie aux affaires. Qu’est-ce que la vérité? C’est la connaissance de ce que vous êtes, la règle de vos devoirs, la loi qui vous jugera, la sentence qui vous condamnera. La vérité c’est Dieu. Et voilà que mon Sauveur qui est Dieu souffre cette indifférence.
Pilate a entendu que Jésus est Galiléen, il l’envoie à Hérode. Curiosité d’Hérode. Vous voulez, comme Hérode, voir des prodiges, et vous ne croyez pas si vous voyez. Et quel plus grand prodige que Jésus humilié, quel plus grand prodige que l’existence de l’Eglise, malgré ses opprobres! Mais vouz aviez souffert, afin d’expier les crimes de cette curiosité indiscrète et orgueilleuse. Pilate cependant veut sauver Jésus; il propose de le délivrer, et le peuple préfère Barabas. Peuple ingrat, tu ne sais pas que ta voix est celle de Dieu. Il leur faut mon fils. Les animaux ne vous plaisent plus, ni le sang de l’homme, seul il faut celui de votre fils.
Et remarquez que les prêtres ne veulent pas condamner Jésus. Ni Hérode ni Pilate ne le veulent, le peuple ne le veut pas. D’abord non licet nobis occidere quemquam. Et tous y concourront: Hérode par ses mépris, Pilate par sa lâcheté, les prêtres par leur haine, le peuple par son ignorance. Vous serez satisfait, ô Père, votre fils ira à la mort. Mais il faudra auparavant qu’il souffre encore dans son corps des douleurs réservées pour lui seul.
2e partie.
Jésus expie nos crimes par la flagellation, le couronnement, la croix.
Pilate par un moindre supplice espère satisfaire les Juifs. On le flagelle. Vous voudriez arrêter ses coups et vous les redoublez: vous, jeune personne, par vos immodesties; vous, jeune homme, par vos passions. Frappez, mais qu’au moins les coups vous soient profitables.
La couronne d’épines est préparée. Venez, ambitieux de la puissance, voilà la puissance de Jésus. Voilà le véritable roi; le repousserez-[vous] avec les Juifs. Pilate veut le sauver, mais par crainte de perdre la famille de César, il n’ose. Vous êtes tous des Pilates, vous qui n’osez faire votre devoir.
Il porte sa croix. Vie pénible. – Murmures, lâcheté des chrétiens.
Jésus dépouillé de ses vêtement. Jésus né pauvre meurt pauvre. Venez riches.
Ses clous sont nos péchés. Posuit in eo Dominus iniquitatem omnium nostrum.
3e partie.
Jésus est élevé en croix.
Il va expirer. Mais je ne vous aurais montré qu’une partie de mon sujet, si je ne vous révélais qu’une partie de ce que la foi nous permet de considérer de ce qui se passe dans le Sauveur.
Il est l’homme parfait. Où trouver une créature plus parfaite que Jésus victime? Toutes les vertus que l’homme ne connaissait pas se sont révélées: la justice, l’amour, la patience, la force. Tu avais raison, Pilate, de dire: Voilà l’homme! Oui, voilà l’homme libre, car la liberté est le plus bel apanage de l’homme, libre dans son sacrifice. Oblatus est, quia ipse voluit. Sortez donc de vos fers et soyez hommes.
Il est prêtre, il s’immole. Pater, ignosce illis. Ce ne sont pas des victimes, c’est lui-même. Immolons-nous donc avec lui. Nous ne savons ce que nous faisons quand nous immolons Jésus par nos péchés: immolons-nous volontairement par nos pénitences.
Il est roi. Pilate l’a déclaré, assis sur son tribunal, et par l’écriteau. Voilà notre roi, par droit de conquête. Il triomphe du péché, de l’auteur du péché, de l’esclave du péché, de la suite du péché. Il brise les portes de l’enfer. Jésus, soyez notre roi.
Il est Dieu. Prophéties accomplies. Il ne descend pas de la croix, il pardonne au larron, il nous donne sa mère, il meurt quand il veut. Consummatum est. Il introduit les hommes dans le sanctuaire, il ressuscite les morts et brise les rochers.
Maintenant je comprends les paroles du centution: Vere…, et son père l’a livré pour nous, afin que nous devenions enfants de Dieu. Voilà votre destinée, la voulez-vous remplir?
Comme le grand-prêtre, je vous demande si vous êtes fils de Dieu? Si vous ne l’êtes pas, qu’êtes-vous venus faire dans ce temple? Et si vous l’êtes, comment crucifiez-vous tous les jours Jésus-Christ, votre frère? Dieu dans son amour immense n’a pas épargné son propre fils; mais si nous en abusons, que nous restera-t-il? Ah! tant que nous vivrons, l’amour de Dieu est si grand qu’il nous restera la croix.
O Jésus, qui sur la croix fûtes mon modèle, mon prêtre, mon roi, mon Dieu, qui me donnâtes à votre mère, qui pardonnâtes au larron, qui eûtes soif de mon salut, et qui ayant accompli les Ecritures dîtes que tout était consommé, déchirez le voile de mes illusions. Vous qui ressuscitâtes les morts, rendez-moi la vie; vous qui brisâtes les rochers, brisez mon coeur, afin que vivant pour vous je ressuscite avec vous.
Jésus par les plus injustes sentences nous délivre de la sentence de mort, par les supplices les plus inouïs nous remet les supplices éternels, par l’opprobre le plus grand il nous montre les privilèges et les bienfaits auxquels il nous appelle.