[Les bons livres]

Informations générales
  • TD48.259
  • [Les bons livres]
  • SUR LES BONS LIVRES.
  • Orig.ms. CU 28; T.D. 48, pp. 259-261.
Informations détaillées
  • 1 CHARITE ENVERS LE PROCHAIN
    1 DECADENCE
    1 DEFENSE DE L'EGLISE
    1 ENNEMIS DE L'EGLISE
    1 ENSEIGNEMENT RELIGIEUX
    1 IGNORANCE
    1 LECTURE DE LA VIE DES SAINTS
    1 LIBERTE
    1 LIVRES
    1 LUTTE CONTRE LE MAL
    1 MAUVAISES LECTURES
    1 OUBLI DE SOI
    1 OUVRIER
    1 PREDICATION
    1 PRESSE
    1 PRETRE
    1 VERTU DE CHASTETE
  • vers 1848
La lettre

Erit tempus, cum sanam doctrinam non sustinebunt.

Ne sommes-nous pas arrivés à ce temps où les esprits sont trop faibles pour porter la vérité? Ad fabulas autem convertentur.

Trouver un genre de combat, dans lequel la faiblesse des ennemis de l’Eglise devient une arme contre elle. Mais l’Eglise ne redoute aucun genre de combat, et elle oppose un genre nouveau de défense à chaque nouveau genre d’attaque. Elle combat les doctrines erronées par les vérités plus claires, les mauvais livres par les bons.

Je viens vous montrer ce que sont les bons livres: instrument pour le bien, arme contre le mal.

Instrument pour le bien.

L’homme au point de vue de l’intelligence peut être considéré sous deux rapports: sa tête et son coeur; sa tête, trône de sa pensée; son coeur, centre et foyer de ses sentiments.

Avec sa tête, il accepte les pensées, les compare, les juge. Avec son coeur il désire, aime, craint, repousse; avec son coeur il sent et il veut.

Or l’homme se développe selon les idées qu’on lui communique, selon les sentiments qu’on lui inspire. Examinons ce que peuvent les bons livres à cet égard.

L’homme a en lui l’ignorance. C’est une nuit, donc il voit toujours les ténèbres s’étendre autour de lui par l’oubli, s’il ne les repousse avec le flambeau de la science.

Facilité avec laquelle on oublie.

Nécessité d’entretenir la foi par l’instruction.

Deux instructions, celle de la chaire, celle des livres.

Celle de la chaire plus solennelle, celle des livres plus intime. Vous êtes seul, ennuyé; un livre vous tombe entre les mains, une vérité y est déposée, elle tombe du livre dans votre âme et l’illumine.

Nécessité de l’instruction religieuse, surtout pour le pauvre. Il lui faut le pain du corps, mais aussi le pain de l’âme. Il y a quelque chose qui pense dans ces membres amaigris par la faim, dans cette tête devenue chauve à force de veiller.

Entendez-vous ce concert de malédictions qui monte vers le ciel? Et moi je dis qu’ils ont raison, à voir l’usage que certains font de leurs biens. Mais, ô peuple, vois l’Eglise qui commande à ses enfants de soulager en toi les membres souffrants de son épouse, tu connaîtras les vrais chrétiens à leur charité, et ceux-là, tu les respecteras; tu feras plus, tu plaindras les autres. Car regarde l’Eglise ne te donne pas seulement le pain du corps, elle te donne encore le pain de l’âme. Viens prendre l’instruction qui donne des forces à l’âme; viens-y puiser des espérances immortelles; viens-y connaître les devoirs et la récompense de la résignation. O peuple, permets que je tombe à tes genoux. Laissez-moi chercher sous cette main rendue calleuse par le travail les stigmates du divin crucifié, sur ce front les épines, sur ces épaules la croix. O peuple, ce que nous voulons te rappeler te fait-il assez grand! Viens entendre la prédication. Heureux les pauvres résignés, pauvres de biens, riches par l’espérance!

Le coeur. – Il y a une plante dans le coeur de l’homme, c’est la vertu; il faut qu’elle soit cultivée. Isolée, elle s’étiole. Les exemples lui sont utiles, donnez-lui des exemples. Qu’il en trouve dans les Vies des saints. Rapportez-lui ce dont les hommes, ses frères, sont capables et il se sentira au fond de son coeur informé de sentiments nouveaux. Réveillez-les. Il ne rugit pas seulement de résignation et de patience, mais de vertu à pratiquer. Il faut agir, il faut du dévouement. Eh oui, chrétiens, je dis que ce dévouement est encore certain chez ce peuple, que l’égoïsme de la vie confortable n’a pas glacé, qu’il ne peut être donné que par l’espérance. Abaissez ce pauvre tant que vous voudrez, vous n’empêcherez jamais que ce ne soit un citoyen du ciel. Mais il faut le lui rappeler.

Les bons livres instrument contre le mal.

Ce que c’est que la presse. Puissance terrible, débordant de toutes les opinions, ce torrent entraîne tout, excepté l’Eglise qui se sert pour la vérité du droit qu’ont les autres de dire le mal. Encore si on voulait la lui donner entière, cette liberté. Mais non, on laisse les mauvais livres répandre leurs attaques [contre] toutes les vérités. Quel dogme [est] respecté? L’incrédulité et le doute tombent de toutes les lèvres et de tous les livres. Il faut que l’Eglise fasse tête à tous ces ennemis, il faut qu’elle se justifie contre les inculpations portées contre ses ministres. – Noé et Cham.

Mes frères, vous vous détachez tous les jours de vos prêtres. Toutes les passions concourent à opérer cette séparation. Lorsque vous l’aurez insulté, vous maudira-t-il? Il fera mieux, il accomplira la parole du divin Maître, il secouera devant vous la poussière et la boue que vous lui jetez à la face et qui est tombée à ses pieds. Qui cause cela? Les mauvais livres. La corruption des moeurs qui en découle.

Votre moralité est si petite qu’il vous est impossible de croire à la chasteté. Je n’en suis pas surpris, et quand je vous entends nier la chasteté, je le comprends à merveille. C’est le sourd qui comprend peu la parole, l’aveugle-né qui ne comprend pas la lumière.

Mais d’où vient cet affaissement moral? En grande partie des mauvais livres. Que faut-il faire? En lire de bons. De là les bibliothèques populaires.

Notes et post-scriptum