- TD45.250
- [Sermon sur l'] IMMACULEE CONCEPTION.
- Orig.ms. CR 161; T.D. 45, pp. 250-254.
- 1 IMMACULEE CONCEPTION
1 MARIE
1 RACE DE SATAN
2 ABEL
2 CAIN
2 PAUL, SAINT
3 EUROPE
3 MEXIQUE - 1870-1880
Inimicitias ponam inter te et mulierem, et semen tuum et semen illius; et ipsa conteret caput tuum, et tu insidiaberis calcaneo ejus [Gen. 3-13].
La prophétie des premiers jours s’accomplit à travers les siècles. Il y a un serpent qui dès l’origine tend des embûches à la race de la femme; il y a une femme qui dans la plénitude des temps a posé le pied sur la tête du serpent, et le serpent se tord sous les étreintes de son pied virginal. Mais remarquez ces paroles: Inimicitias ponam inter te et mulierem, et semen tuum et semen illius [Gen. 3-13]. Voilà deux races. La race du serpent « semen tuum », la race de la femme « semen illius ».
Etudions attentivement l’histoire de ces deux races et recherchons par où elles doivent finir.
1. La race du serpent.
L’histoire en serait longue. Celui qui était homicide dès le commencement, a fait condamner à la mort non seulement notre premier Père, mais sa postérité et nous-mêmes. Il a fait régner le péché et par conséquent la seconde mort sur la terre. A peine cette postérité apparaît-elle que les deux races se manifestent en Caïn et en Abel. Puis toute chair corrompt sa voie, puis le déluge. La haine de Satan contre ses propres esclaves se poursuit, car il ne faut pas croire que parce que les pécheurs sont de sa race, il les poursuit d’une haine moins furieuse. Ils sont à lui, et il ne rêve que leur perte.
Après le déluge, quelles invasions de l’esprit de ténèbres! Qu’est-ce que le paganisme? Qu’est-ce que ces idoles, où les sacrifices sanglants n’étaient pas seulement composés d’animaux, il y fallait des hommes, et les hommes y étaient fournis par la guerre? La haine de l’homme y était toujours!
Cela s’est prolongé à travers les âges, et plus les siècles ont coulé, plus les crimes se sont multipliés, plus les fleuves de sang ont grossi. Du Mexique, où de temps immémorial, on allait à immoler jusqu’à vingt mille hommes, jusques à aujourd’hui encore, où certains tyrans entourent les funérailles de leurs proches de victimes humaines qui ne se comptent plus, la haine de Satan contre sa race elle-même est implacable, parce que c’est en même temps la race humaine, et que malgré son esclavage elle tient par quelque point à la race de celle qui doit écraser la tête du serpent. Mais tout en la traitant avec ce mépris et cette cruauté, le serpent infernal sait bien s’en servir pour l’accomplissement de ses desseins, soit par la persécution violente des bons comme au temps des martyrs, ou à d’autres époques, ou sanglantes avec fureur, ou habiles dans l’art d’imposer des chaînes. Voyez ce qui se fait de toute part, et comme sur tous les points de l’Europe, que dis- je, du monde, la race de Satan semble sur le point de triompher définitivement, si la parole de Jésus-Christ n’y était engagée. Confidite, Ego vici mundum.
Et quels sont les moyens employés par le génie du mal? Les moyens violents, quand ils sont possibles, les moyens habiles, quand les autres ne sont pas de mise.
Voyez l’orgueil de la fausse science! Comme elle enfle, et favorise les aspirations! L’orgueil de la vie! Superbia vitae. On ne sait rien, mais on se fait docteur en science moderne, en libre pensée, en morale indépendante. En voilà assez pour se faire un bagage facile de mensonges fournis par l’association de l’ignorance et de la paresse. On ne sait rien, excepté qu’il est des vérités bonnes à être niées, parce qu’elles sont une condamnation; des mensonges bons à être affirmés parce qu’ils sont une apologie telle quelle des passions. Il est facile d’aller loin sur ce chemin, mais on y va; et comme certains exemples de vertu sont une condamnation par trop criante, on écrase tant qu’on peut ceux qui les donnent, on les bafoue, on les insulte, on les dénigre, on les rend autant que l’on peut odieux, on les écrase! On les entraîne aussi, car il y a la propagande du mensonge et de la corruption, depuis les sommités sociales jusques aux bancs du collège.
Partout le mal étend ses ravages, partout la race de Satan semble prête à triompher!
2. Race de Marie.
Mais en face de la race de Satan, apparaît la race de la femme, de la mère des vivants répandant la vie là où Satan a semé la mort. Mais qu’est donc cette femme? Dans le plan miséricordieux de Dieu, c’est celle qui, simple créature, nous découvrira l’idée de la perfection humaine, élevée à un degré tel qu’après elle nulle créature ne pourra l’atteindre.
Elle était la propriété du Seigneur dès le commencement des manifestations divines. Dominus possedit me ab initio viarum suarum, antequam quidquam faceret a principio. Elle est un objet tout spécial des complaisances du Très-Haut, et elle semble sortie de sa bouche même. Ego ex ore Altissimi prodivi. Les abîmes n’étaient pas et elle était conçue dans la pensée éternelle. Nondum erant abyssi, et ego jam concepta eram. Que dire de sa beauté et de sa pureté? Vous êtes toute belle, s’écrie le plus beau des enfants des hommes. Tota pulchra es, amica mea. Et il n’y a aucune tache en vous, Et macula non est in te. Et si nous nous plaçons pour comprendre ces paroles au point de vue moral, comme il convient, quelle perfection et quelle pureté ne découvrirons-nous pas en Marie! C’est cette beauté, cette perfection, dont le serpent ne veut pas et qu’il poursuit avec fureur, et cela depuis la conception immaculée de Marie. Rendez-vous compte, si vous le pouvez, de sa rage! Car il voit ce que la race de Marie obtient; Les anges s’inclinent et la proclament leur reine; les générations baptisées s’avancent, la prennent pour modèle, et toutes les formes de vertu sont en Marie!
Les Patriarches la saluent leur espérance; Les prophètes chantent d’avance ses perfections; Les Apôtres l’invoquent comme le sanctuaire du Verbe incarné; Les Martyrs lui doivent leur courage; Les confesseurs le triomphe dans la lutte contre le monde. Que disent les Vierges en contemplant la Vierge des vierges? Et pendant de longs siècles, les générations en déclarant Marie bienheureuse, la considèrent après Jésus comme la source de toute sainteté.
La race de la femme par excellence fait son oeuvre, elle remplit le monde de vertus, sous toutes les formes, et de sainteté. Que peut-on désirer de plus?
Après cela, que quelquefois les bons défaillent, que la fureur des méchants s’accroissent, quoi d’extraordinaire? Etant donné le péché tellement inhérent à la nature humaine que Jésus-Christ nous recommande de prier sans cesse pour en être délivrés!
Oui, la race de la femme est condamnée à être poursuivie par la race du serpent, et de plusieurs manières. Par la persécution déclarée et par la persécution secrète; Et n’est-ce pas la plus dangereuse? Saint Paul le disait bien lui-même, quand il parlait du péril des faux frères: Periculis in falsis fratribus [2 Cor. 11-26].
De cette lutte sortira la perte de la race du serpent, l’épreuve de la race de la femme.
A quelle race voulons-nous appartenir?………………….