- TD44.071
- DE LA DESTINEE DE L'HOMME
- Orig.ms. CQ 107; T.D. 44, pp. 71-72.
- 1 BIEN SUPREME
1 BONHEUR
1 BUT DE LA VIE
1 CREATURES
1 ETRE HUMAIN
1 INTELLIGENCE
1 PLAN DE DIEU - 1844-1854
L’homme a-t-il un but? Quel est ce but?
1° L’homme sur la terre a-t-il un but?
Dieu a créé le monde. Dieu est sage. Il a voulu manifester sa sagesse; il a donc agi d’après un plan; il a voulu réaliser un plan, mais en réalisant ce plan il avait un but. Dieu ne peut pas travailler sans but. Il doit avoir un but excellent, il ne peut pas en avoir un plus excellent que lui-même: omnia propter semetipsum operatus est Dominus, impium quoque in diem malum. Tous les êtres se rapportent à lui.
Mais deux espèces d’êtres: les créatures dépourvues de raison et celles qui en sont pourvues.
Les créatures inintelligentes subissent fatalement les lois de la providence.
Les créatures intelligentes sont bien dans la main de Dieu, mais Dieu a pour elles une autre marche. Il a fait deux dons magnifiques, l’intelligence et la liberté; l’intelligence, par où elles sont capables de posséder la vérité; la liberté, par où capables de choisir ce qui leur convient.
Mais leur intelligence ne se perfectionne qu’en poursuivant un but. La liberté ne se perfectionne qu’en faisant un choix. L’intelligence, la liberté resteront-elles dans la léthargie? Non. Donc elles poursuivront un but; donc il leur en faudra un.
Mais quelque chose les poussera encore, c’est un troisième sentiment que Dieu a déposé au fond de l’âme, c’est le désir du bonheur. Le bonheur, comment le trouvera-t-il autour de lui? Dans les richesses qui se perdent, à mesure qu’on en a? Dans les honneurs? mais [ils] ne sont qu’un signe d’un mérite préexistant. Dans la gloire? mais est-elle toujours sagement distribuée? et puis peut-elle être pour tous? Dans le pouvoir? Mais que d’angoisses! Dans le corps? Mais il faut donc qu’il devienne brute. Dans la volupté? Mais l’âme? Dans les facultés de l’âme? pas davantage.
Il faut qu’il cherche plus haut que lui, et au-dessus de lui l’homme ne trouve que Dieu. Cependant c’est par les facultés de son âme qu’il arrivera à Dieu. Le vrai bonheur consiste dans la perfection, c’est-à-dire dans l’action parfaite par laquelle l’intelligence saisit Dieu qui s’est mis à sa portée, et s’en empare pour l’éternité.
Cet acte est un acte de l’intelligence, son acte suprême, l’acte permanent par lequel l’homme uni à Dieu ne peut plus s’en séparer; car s’il pouvait s’en séparer, le bonheur ne serait pas complet. L’homme par ses seules forces ne peut acquérir le bonheur, parce que l’homme par lui-même n’a aucun droit sur Dieu, vérité éternelle, et que le bonheur est la joie qui résulte de la possession de la vérité, Béatitude, gaudium de veritate.
Le bonheur ne peut être acquis par nos seules forces, mais est pourtant le prix de nos efforts.
Point de bonheur parfait ici-bas, mais bonheur. Scimus [quoniam] cum apparuerit, similes ei erimus, et videbimus eum sicuti est.