CONVERSATIONS [A ROME]

Informations générales
  • TD43.009
  • CONVERSATIONS [A ROME]
  • [Chez le P. Ventura, le 28 février]
  • Orig.ms. BJ 1; T.D. 43, pp. 9-11.
Informations détaillées
  • 1 AUTORITE PAPALE
    1 CATHOLICISME
    1 CHRISTIANISME
    1 EGLISE
    1 JUIFS
    1 NOBLESSE
    1 PAPE
    1 POUVOIR
    1 REVOLUTION
    1 SOUVERAIN PROFANE
    1 THOMAS D'AQUIN
    2 ARISTOTE
    2 ATTILA
    2 AUGUSTE, EMPEREUR
    2 CHAM, BIBLE
    2 CHEMINART
    2 GABRIEL, JEAN-LOUIS
    2 LEON III, SAINT
    2 LOUIS XIV
    2 NERON
    2 NOE
    2 PAUL, SAINT
    2 PIERRE, SAINT
    2 PLATON
    2 RAPHAEL SANZIO
    2 RUBICHON, MAURICE
    2 VENTURA, GIOACCHINO
    2 VIRGILE
    3 ANGLETERRE
    3 EGYPTE
    3 INDE
    3 PERSE
    3 ROME
  • 28 février 1834
  • Rome
La lettre

28 février 1833 [= 1834].

Le P. Ventura, l’abbé Gabriel, Moi.

Le P. Ventura. Eh bien, comment vous êtes-vous arrangés avec Monsieur Rubichon?

Gabriel. Je n’en sais rien, car il me laissa aussitôt après que nous fûmes sortis de chez vous.

Ventura. Ce brave homme est trop exclusif. D’abord son principe sur les subsistances, tel qu’il le pose, est insoutenable. Vouloir rendre un peuple heureux et le ramener à la religion en lui donnant du pain est une absurdité. Sans doute il faut que le peuple ait du pain, mais il faut aussi qu’il [ait] la parole de Dieu. Non in solo pane vivit homo. Or si l’homme ne vit pas seulement [de pain], il lui faut quelque chose de plus. Quant au principe aristocratique que M. Rubichon veut ramener, je suis convaincu qu’il se trompe du tout au tout. Quel pays plus aristocratique que l’Angleterre, et quel pays où les subsistances sont le plus difficiles à se procurer?

Gabriel. Il ne faut pas dire, non plus, que Rome est heureuse, parce que l’aristocratie y domine. L’aristocratie romaine a un caractère tout particulier. Ce caractère, c’est que l’aristocratie y est ecclésiastique, et que les familles marquantes devant leur influence à l’Eglise ont dû nécessairement s’empreindre d’une teinte de charité catholique, ce qui ne peut avoir lieu pour les autres pays. Voilà ce que généralement on n’observe pas assez.

Cheminart, Ventura, Gabriel, Moi.

Voici l’idée de mon tableau, le triomphe de l’esprit sur la matière. Ce triomphe est le résultat d’une lutte immense des religions. J’en pose les symboles au milieu du tableau: la vache de l’Inde, la licorne de la Perse, le sphynx de l’Egypte, que domine l’arche d’alliance surmontée du calice. Le côté gauche est occupé par ceux qui ont fait triompher la matière, le côté droit par ceux qui ont fait triompher l’esprit. Voyez, d’une part Virgile et Auguste, Néron le bourreau, Attila terrassant l’empire romain; de l’autre saint Pierre et saint Léon, saint Paul instruisant les quatre docteurs, plus bas Charlemagne couronné par le Pape Léon, qui par là opère la réunion de l’esprit et de la matière.

Ventura. Permettez que je vous dise: Vous placez Noé maudissant Cham au côté droit; l’esclavage qui en résulte devrait cependant être au côté gauche.

Arts venus du peuple hébreu. Le peuple hébreu avait toutes les sciences.

Le développement du catholicisme gêné par l’amour de l’antique au moment où le christianisme allait prendre le plus beau développement. Raphaël coupable d’avoir fait prendre à l’art une direction fausse.

L’imprimerie et la boussole appartiennent au catholicisme.

Platonisme, épicurisme. Doctrine d’Aristote et de saint Thomas milieu entre la matière seule et l’esprit seul: l’esprit et la matière réunis.

Le premier révolutionnaire, Louis XIV.

L’insurrection n’est pas le plus saint des devoirs, mais le peuple peut repousser un tyran. Dans le système catholique la société a deux garanties contre le souverain: les garanties politiques et les garanties spirituelles. Nécessité des révolutions, quand le souverain détruit ces garanties.

Différence de la société ecclésiastique, où le Pape tient son pouvoir immédiatement de Dieu, d’avec le pouvoir temporel qui est communiqué au souverain par la société.

Notes et post-scriptum