- TD41.146
- COURS DE THEOLOGIE MYSTIQUE
- Préliminaires. Nécessité d'étudier la théologie mystique
- Ms du P. Alexis Dumazer CY 56; T.D. 41, pp. 146-148.
- 1 AME SUJET DE LA VIE SPIRITUELLE
1 APOSTOLAT
1 AUTEURS SPIRITUELS
1 BEAUTE DE DIEU
1 CHARITE ENVERS DIEU
1 CREATURES
1 DIEU
1 DIRECTION SPIRITUELLE
1 DROITS DE DIEU
1 ENSEIGNEMENT DE LA VERITE
1 HERESIE
1 MAITRES
1 ORDRE SURNATUREL
1 PANTHEISME
1 PERFECTION
1 SCOLASTIQUE
1 SENTIMENTS
1 THEOLOGIE DOGMATIQUE
1 THEOLOGIE MYSTIQUE
1 VOIE UNITIVE
2 FENELON - Etudiants assomptionistes
- 1872-1873
La théologie mystique peut être définie: La science de l’union de l’âme avec Dieu. La plupart des auteurs mystiques se sont bornés à étudier le travail, par lequel l’âme humaine peut monter à l’union divine. Pour nous, nous nous proposons d’étudier les deux termes de cette union, Dieu et l’âme.
La théologie positive et la théologie mystique ont bien le même objet qui est Dieu, mais elles diffèrent, en ce que la dernière propose plus particulièrement l’étude de la beauté divine, afin d’exciter le coeur de l’homme à aimer davantage. Il résulte de là que ces sciences doivent se prêter un mutuel appui, et la vraie théologie mystique se garde bien d’abuser du mot de saint Augustin: Ama, et fac quod vis, et de la parole de Notre-Seigneur: Abscondisti haec a sapientibus, et revelasti ea parvulis. Elle est, comme la théologie positive et en s’appuyant sur elle, à la fois science et sagesse.
Six motifs principaux doivent nous exciter à embrasser cette étude avec ardeur, car nous y trouvons:
1° Un moyen d’intéresser les âmes aux choses surnaturelles;
2° Un moyen puissant pour éviter les erreurs du sentiment et du fanatisme;
3° Un développement magnifique de l’amour de Dieu;
4° Une arme admirable pour combattre les erreurs modernes et venger les droits de Dieu;
5° Une source de lumières pour l’homme;
6° Un moyen puissant d’apostolat.
I. – Intéresser les âmes aux choses surnaturelles.
Depuis le péché originel, tous les objets du monde matériel sont devenus des obstacles à notre perfection; notre âme cependant a toujours le même besoin de monter vers Dieu: la théologie mystique lui permettra d’atteindre ces sphères élevées, où la pratique du bien devient d’autant plus facile qu’on se trouve plus à proximité de Dieu. Sans doute cette étude n’est pas également nécessaire à tous les hommes, mais elle est indispensable aux directeurs chargés de former les âmes à la vie surnaturelle et on peut lui appliquer ce que dit saint Thomas de la dogmatique: Sacra doctrina est necessaria homini ad salutem.
II. – Eviter les erreurs du sentiment et du fanatisme.
Après la révolution, il fut un temps où les directeurs procédaient par inspiration; ils affirmaient comme venant du ciel des décisions basées sur leurs rêveries et non sur la science; ils les soutenaient avec l’entêtement de l’ignorance, au grand préjudice des âmes. Nous n’éviterons ces erreurs dangereuses que par l’étude, nous qui avons la responsabilité non seulement de notre âme, mais aussi de celle des autres.
III. – Développer en nous l’amour de Dieu.
Quelques théologiens mystiques n’ont voulu voir dans cette science qu’une méthode, point de vue beaucoup trop restreint, car il est impossible de considérer l’être de Dieu, ses perfections, sa miséricordieuse bonté pour les hommes sans être porté à l’aimer tous les jours davantage.
IV. – Combattre les erreurs modernes et venger les droits de Dieu.
L’Eglise, après avoir condamné le quiétisme de Fénelon, a dû lutter contre le panthéisme qui l’a suivi. Dieu mieux connu et plus aimé nous aidera à renverser ces erreurs et nous donnera la force d’affirmer ses droits.
V. – Source de lumières.
Par la théologie mystique l’âme approche de Dieu plus par le coeur que par l’intelligence et si la raison est illuminée par la théologie positive, la mystique inonde le coeur de lumière et le vivifie de sa chaleur.
VI. – Moyen d’apostolat.
Autre chose est le professeur, autre chose l’apôtre. Ils doivent s’unir dans la théologie mystique, afin que l’apôtre, en prêchant, puisse rendre vivantes ces vérités de la foi, que le professeur enveloppe quelquefois sous une enveloppe froide. La théologie dogmatique apprend à l’âme à connaître la vérité, la théologie mystique doit lui apprendre à l’aimer.
Ces deux sciences doivent donc être unies: la dogmatique plus spéculative, la mystique plus pratique; la première allant à Dieu par la vérité, la seconde par la charité. La mystique mal entendue et séparée de la dogmatique devient une contemplation stérile ou une source d’erreurs. L’oubli de la mystique prive la théologie positive d’un élément de chaleur vivifiante, et c’est peut-être de cet oubli qu’est né l’injuste discrédit où tomba la scolastique, lorsqu’elle donna trop d’importance à des disputes arides.