- TD41.024
- DIRECTOIRE [DES RELIGIEUSES DE L'ASSOMPTION]
- Deuxième partie. Des vertus
[Chapitre VII] Charité - Orig.ms. CP 36 et CZ 15; T.D. 41, pp. 24-26.
- 1 AMOUR DIVIN
1 BIEN SUPREME
1 CHARITE ENVERS DIEU
1 EPOUSES DU CHRIST
1 ESPERANCE
1 GRACE
1 PECHE MORTEL
1 PECHE VENIEL
1 POSSESSION DE DIEU
1 PURETE D'INTENTION
1 RELIGIEUSES
1 VOIE UNITIVE - Religieuses de l'Assomption
- 1859
Je ne dois pas seulement espérer de posséder Dieu, mais par la grâce de Notre-Seigneur je dois l’aimer de tout mon coeur, de toute mon âme, de toutes mes forces et par la charité m’unir à lui. Dieu est amour et celui qui demeure dans l’amour demeure en Dieu et Dieu en lui. Voilà toute ma vie: demeurer en Dieu par la charité. De moi-même je ne suis rien, je ne puis rien, mais par la grâce de Dieu je puis agrandir ma puissance d’aimer et obtenir qu’il me soit fait comme à Salomon à qui Dieu lui donna la largeur de son coeur comme le sable des bords de la mer. Mon coeur peut contenir l’océan de l’amour: je puis être unie à Dieu, je puis être consommée dans l’unité, selon l’expression du divin Sauveur. En quoi consiste cette union? C’est là sans doute le mystère, mais enfin tous les jours le prêtre, en mêlant dans le calice l’eau au vin, demande que nous devenions participants de la nature divine, comme Jésus-Christ est devenu participant de la nature humaine.
C’est là que je dois arriver, toutes mes pensées, tous mes désirs, toutes mes aspirations doivent tendre à ce but sublime. Si l’espérance me représente Dieu comme mon bien suprême, la charité me le représente comme l’unique objet de mon amour. J’ai dit au Seigneur: Vous êtes mon Dieu, c’est lui, cela me suffit. Il n’est rien que je ne doive être disposée à lui donner, et si tout chrétien est obligé d’aimer Dieu par-dessus toute chose, que doit-ce être d’une religieuse, qui par sa consécration est devenue son épouse. Quelle doit être la pureté de mon coeur? De quelles flammes ne doit-il pas brûler et combien je dois être prête à sacrifier tout ce qui n’est pas Dieu? – Mon coeur est-il entièrement pur, le fond de mon être est-il bien absolument possédé par Dieu? Tout en moi est-il ordonné par la charité? N’ai-je pas repris quelquefois comme certaines portions de mon coeur pour les donner aux créatures?
Le péché mortel détruit dans l’âme l’amour de Dieu. Je ne veux pas m’arrêter à cette horrible pensée que j’ai détruit l’amour de Dieu en moi, mais n’ai-je pas trop souvent affaibli cet amour par le péché véniel? n’aurais-je pas à me reprocher quelque faute d’habitude qui pour être vénielle n’en souille pas moins mon âme d’une manière très dangereuse pour l’amour que je dois à mon Dieu?
Cet amour est jaloux. Me suis-je toujours ployée aux saintes exigences de l’amour divin? N’en ai-je pas eu peur? Ne me suis-je pas réfugiée dans une foule de prétextes pour éviter de comprendre et de faire ce que le Saint-Esprit me demandait impérieusement au fond de l’âme? L’amour de Dieu est une flamme qui s’éteint lorsqu’elle ne se développe pas; ai-je suffisamment développé en moi la flamme de l’amour divin? Puis-je dire qu’elle est tous les jours plus vive en moi? Ne me suis-je pas laissée aller à un coupable attiédissement? Où en suis-je de ma première ferveur? Qu’ai-je fait pour la conserver, l’augmenter? En un mot, en face de l’amour de Dieu pour moi, puis-je dire que j’aime Dieu?