- OEUVRES SPIRITUELLES EDITEES|RETRAITE SUR LA SAINTE VIERGE PRECHEE AUX OBLATES
- SIXIEME INSTRUCTION
VISITATION DE MARIE. - Retraite sur la Sainte Vierge prêchée aux Oblates de l'Assomption. Septembre 1879. Paris, Typographie Augustinienne, 1941, p. 27-30.
- CV 34
- 1 ACTION DE MARIE
1 AMOUR FRATERNEL
1 AMOUR-PROPRE
1 CHARITE DE MARIE
1 CHARITE ENVERS LE PROCHAIN
1 ESPRIT DE COMMUNAUTE
1 HUMILITE
1 HUMILITE DE LA SAINTE VIERGE
1 IMITATION DE LA SAINTE VIERGE
1 JOIE SPIRITUELLE
1 MAGNIFICAT
1 MISERICORDE DE DIEU
1 VISITATION DE MARIE
2 ABRAHAM
2 ELISABETH, SAINTE
2 JEAN, SAINT
3 JUDEE - 1879
- Nîmes
A peine Marie a-t-elle appris que sa cousine Elisabeth est enceinte depuis six mois, qu’elle se hâte de l’aller visiter. Il y a ici un enseignement admirable pour quiconque veut un peu mûrement réfléchir à ses relations avec le prochain et sur la manière de sanctifier les moindres détails de la vie. Examinons et considérons:
1° humilité de Marie et celle d’Elisabeth;
2° Leur charité réciproque et les merveilleux effets produits- sur saint Jean;
3° La sanctification de toutes nos actions, à l’imitation de Marie.
I. Humilité de Marie et d’Elisabeth.
L’ange, pour prouver à Marie que, vierge, elle enfanterait, lui apprend que sa cousine Elisabeth, après une longue stérilité, est enceinte depuis six mois. Aussitôt Marie, en toute hâte, s’en va dans les montagnes de la Judée visiter sa cousine. Quelle était la plus privilégiée des deux? N’était-ce pas Marie? Mais aussitôt qu’elle suppose que sa cousine a besoin d’elle, elle se hâte: Exurgens… cum festinatione. Mais comment Elisabeth la reçoit? Avec une humilité semblable: unde hoc mihi ut veniat Mater Domini mei ad me?
Contemplons cette scène et transportons-nous dans certaines salles de communauté où les religieuses se prévalent de leur dignité, de leurs droits, de leur charge, de leur autorité, que sais-je? pour se prévaloir les unes envers les autres de leur importance; on se dispute, on se querelle, et si les mots piquants ne surabondant pas, c’est que probablement quelque Supérieure est là pour les empêcher.
Que la conduite de Marie se hâtant d’honorer sa vieille cousine, et d’Elisabeth appelant sa jeune parente la Mère de son Seigneur, est différente! Vous me direz: Elles agissaient sous l’impulsion directe du Saint-Esprit. Oui, sans doute, et c’est pour cela que vous devez faire effort pour les imiter. Vous n’êtes pas, comme elles, inspirées de cet Esprit divin, mais vous savez comment agissent les personnes dont Dieu dicte les actes, et cela doit vous suffire. L’humilité chez les jeunes religieuses, l’humilité chez les anciennes, et la charité partout.
2. Charité réciproque.
Quel magnifique exemple les saints Docteurs ont vu dans la rencontre de Marie et d’Elisabeth le rapprochement de l’ancienne et de la nouvelle loi. Elisabeth, mère du dernier des prophètes, épouse d’un prêtre du culte des figures. Marie, mère du nouveau Pontife. Or, quel est le lien? la charité. Ici la plus parfaite est la plus jeune, grande et admirable leçon! Oui, les plus jeunes sont plus parfaites que les anciennes, parce que la ferveur, la perfection va toujours croissant dans les communautés, à la différence de ces maisons maudites de Dieu, où les plus jeunes semblent n’avoir d’application qu’à faire oublier les vertus de leurs devancières. Les deux sortes de maisons se voient; malheur à celles où la ferveur d’autrefois fait place à une tiédeur toujours croissante. Mais, voyez les fruits de cette charité: Marie porte Jésus, qui s’est incarné en elle miraculeusement, et Elisabeth profite de cette visite divine, mais l’enfant qu’elle porte en profite aussi, il est sanctifié: « Tu seras le plus grand des enfants des hommes. » Jésus est en Marie, mais les paroles de Marie sont empreintes de l’esprit de Jésus, et portent la sanctification autour d’elle. Je me demande, si cette seule salutation de Marie a produit cet effet sur un enfant qui n’est pas encore venu au monde, ce que devrait produire le commerce des religieuses, qui ont communié le matin, sur les personnes qui les visitent, et en particulier sur les enfants qui viennent recevoir leurs leçons; quelle puissance n’auraient-elles pas si leur tenue, leur enseignement, leurs paroles étaient empreints de ce cachet merveilleux qui est le signe de la présence de l’Epoux dans le coeur des épouses.
3. Sanctification de nos motifs d’agir.
Tous nos actes sont inspirés par telle ou telle impulsion et, pour la plupart du temps, par un motif personnel. Voulez- vous connaître les motifs d’agir de Marie? Méditez son admirable cantique: « Mon âme glorifie le Seigneur. » Voilà toute sa vie résumée dans ces paroles; mais voyez les fruits: « Et mon âme a tressailli de joie dans le Dieu mon Sauveur. » Ce caractère de joie qui devrait être celui de l’Assomption, la joie, mais la joie en Dieu, sous son oeil paternel et aimant, parce qu’il a regardé l’humilité de sa servante. Les faveurs ne l’éblouissent pas. Le prince de l’enfer rapportait tout à lui, et il a été précipité. Marie rapporte tout à Dieu, et elle devient la Reine de la terre et du ciel; une prophétie dont nous voyons l’accomplissement tous les jours confirme ces paroles: Ecce enim ex hos…*.
Elle jette un coup d’oeil sur le monde, elle voit toutes les miséricordes qui, par Jésus, s’écouleront de son sein; elle voit la destruction des méchants, l’accomplissement des promesses faites à Abraham et à sa race, et sa confiance n’a pas de limites. Méditons, élevons-nous au-dessus de nous-mêmes, soyons humbles; fuyons l’amour du pouvoir, des richesses, faisons partie du véritable Israël, afin de recevoir les miséricordes qui lui ont été promises. Telle doit être notre vie, tels sont les exemples de Marie. Imitons-les une bonne fois.
SI