- TD 41.214
- OEUVRES SPIRITUELLES EDITEES|COURS DE THEOLOGIE MYSTIQUE AUX OBLATES
- XX.
[L'AME APRES LA MORT.] - Théologie Mystique. Conférences données aux Oblates de l'Assomption en 1872. Pro manuscripto. Paris, Imprimerie Maison Mère des Oblates de l'Assomption, 1966, p. 50 à 52.
- CN 13; TD 41., P. 214-215.
- 1 AME
1 AMOUR DIVIN
1 AUGUSTIN
1 COMMUNION DES SAINTS
1 CONNAISSANCE DE DIEU
1 LUTTE CONTRE LE MONDE
1 MORT
1 ORAISON
1 PROTESTANTISME
1 SENS
1 SENTIMENTS
1 THOMAS D'AQUIN
1 VIE DE PRIERE
2 ARISTOTE
2 GREGOIRE I LE GRAND, SAINT
2 JEAN DE LA CROIX, SAINT - Oblates de l'Assomption
- juin 1872
- Nîmes
Aujourd’hui nous allons examiner quel est l’état de l’âme après la mort. Nous savons que tant qu’elle est sur la terre, elle ne peut penser que par les sens et, comme dit Aristote: « L’intelligence reçoit toutes les pensées par l’intermédiaire des sens. » Cependant, il ne faut pas conclure qu’elle soit tout à fait incapable de penser seule, il y a en elle une partie intime qui pense par elle-même et c’est de là que découlent les différents genres de piété.
Il y des personnes qui ne vont à Dieu que par les sens, le sentiment; leur piété consiste en bonnes oeuvres, en prières vocales; mais ces moyens ne suffisent pas pour arriver à cette dévotion supérieure qui embrasse non seulement le corps, mais encore l’esprit, l’intelligence et le coeur.
Dieu est esprit: aussi devons-nous le servir non seulement de corps, mais en esprit et en vérité; cependant, il ne faut pas tomber dans l’erreur des protestants qui, de cette parole: Dieu est esprit, concluent qu’on ne doit servir Dieu qu’avec l’esprit et que les oeuvres et le culte extérieur sont des choses, sinon mauvaises, tout au moins inutiles. Et, bien que la méditation soit, dans la piété, la meilleure des prières, il y a, dit saint Jean de la Croix, des personnes qui arrivent très haut en récitant simplement leur chapelet.
Par la méditation, l’âme se détache des sens, elle s’élève à sa puissance directe de penser, elle entre en relation avec Dieu, découvre ses divines splendeurs et apprend à l’aimer par-dessus tout. C’est donc cette partie la plus noble de notre être que nous devons cultiver; nous devons chercher à rendre notre âme semblable aux pures intelligences, ces formes séparées qui ne se nourrissent que de vérités surnaturelles.
Séparons aussi notre âme des choses matérielles et cherchons Dieu avec amour.
L’âme qui, pendant la vie de l’homme, n’a pu penser qu’avec les sens, ne peut-elle donc plus penser, une fois séparée du corps? se souvient-elle encore des choses de la terre?
Saint Thomas nous répond qu’elle ne perd pas le souvenir puisque, dans la parabole du mauvais riche, on voit qu’il demande à Dieu de revenir sur la terre retrouver ses cinq frères.
Il faut observer qu’il se souvient bien de l’état dans lequel il a laissé ses frères; mais, depuis qu’il est mort, il ne sait plus ce qu’ils ont fait: c’est l’opinion de saint Augustin, de saint Thomas et de saint Grégoire; la mort étant un châtiment du péché, après la séparation de l’âme d’avec le corps, l’âme des damnés ne reçoit plus aucune communication des choses de ce monde; mais, pour l’âme des élus, les opinions se séparent.
Saint Augustin penche vers l’opinion que, dans le ciel, les saints ne s’occupent pas particulièrement de ceux qu’ils ont aimés, car dit-il, lui qui a tant aimé sa mère n’a reçu d’elle aucun souvenir, quoiqu’il lui ait demandé maintes fois de lui apparaître.
Pour saint Thomas et saint Grégoire, Pape, ils disent qu’il est impossible que Dieu permette que, dans le ciel, les saints ne se souviennent pas de ceux qu’ils ont aimés; mais ils disent que c’est une grâce particulière de Dieu, une récompense qu’il leur accorde, car, par son état naturel, l’âme, en effet, du moment qu’elle est séparée du corps, ne peut communiquer avec le monde visible.
Tâchons, dans ce monde, de purifier nos affections, car Dieu nous punira par où nous aurons péché, et une personne qui aura beaucoup aimé, mais aimé d’une manière trop naturelle, subira dans le purgatoire la peine de sa faute. Admirons en même temps l’ingénieuse invention de l’amour de Dieu qui donne à ses élus la puissance d’aider dans leurs peines les êtres chéris qu’ils ont laissés sur la terre.