- OEUVRES SPIRITUELLES EDITEES|CONFERENCES AUX RELIGIEUSES DE L'ASSOMPTION, NIMES, 1870-1871.
- QUARANTE-SEPTIEME CONFERENCE
SUR L'EDUCATION. - Prêtre et Apôtre, XII, N° 135, mai 1930, p. 139 à 142.
- DA 46; CN 9.
- 1 AMOUR DIVIN
1 AMOUR-PROPRE
1 APOSTOLAT
1 APOTRES
1 ATHEISME
1 AUTEURS SPIRITUELS
1 AVARICE
1 BAPTEME
1 BON EXEMPLE
1 CARACTERE
1 CHAPELET
1 CHARITE ENVERS LE PROCHAIN
1 CONFIRMATION
1 CONNAISSANCE
1 CREATION
1 DECADENCE
1 DEMOCRATIE
1 DETACHEMENT
1 DIVIN MAITRE
1 DOGME
1 DOULEUR
1 EDUCATION
1 EGOISME
1 ENFER
1 ENSEIGNEMENT
1 ENSEIGNEMENT RELIGIEUX
1 ESPERANCE
1 ESPRIT D'INITIATIVE
1 ESPRIT DE L'ASSOMPTION
1 ESPRIT FAUX
1 ETUDE DES MYSTERES DE JESUS CHRIST
1 ETUDE DES PERFECTIONS DE JESUS-CHRIST
1 EVANGILE DE JESUS-CHRIST
1 EXTENSION DU REGNE DE JESUS-CHRIST
1 FOI
1 FORMATION DE JESUS CHRIST DANS L'AME
1 GALLICANISME
1 GLOIRE DE DIEU
1 GRACE
1 HISTOIRE DE L'EGLISE
1 HUMILITE DE JESUS-CHRIST
1 ILLUSIONS
1 IMITATION DE JESUS CHRIST
1 INSTITUTRICES
1 INTELLIGENCE
1 JESUS-CHRIST
1 JOIE SPIRITUELLE
1 LACHETE
1 LIBERALISME
1 MAITRESSES
1 MAUX PRESENTS
1 MINISTERE SACERDOTAL
1 OUBLI DE SOI
1 PAGANISME
1 PARENTS
1 PATIENCE DE JESUS-CHRIST
1 PENSIONNATS
1 PENTECOTE
1 PERFECTIONS DIVINES DE JESUS-CHRIST
1 PREDICATION
1 PREDICATION DE JESUS-CHRIST
1 PRIERE DE JESUS-CHRIST
1 PROTESTANTISME ADVERSAIRE
1 REFORME DU COEUR
1 REGNE
1 RELIGIEUSES DE L'ASSOMPTION
1 REPRESSION DES DEFAUTS DES JEUNES
1 RESTAURATION DES MOEURS CHRETIENNES
1 SACREMENTS
1 SACRIFICE DE LA CROIX
1 SAGESSE DE DIEU
1 SAINT-ESPRIT
1 SALUT DU GENRE HUMAIN
1 SAUVEUR
1 SCHISME
1 SENTIMENT DES DROITS DE DIEU
1 SEPARATION DE L'EGLISE ET DE L'ETAT
1 SEVERITE
1 SOUFFRANCE APOSTOLIQUE
1 SPIRITUALITE TRINITAIRE
1 SUPERIEURE
1 TIEDEUR
1 TRAHISON
1 TRAVAIL
1 UNITE CATHOLIQUE
1 VERITE
1 VERTU DE FORCE
1 VERTUS DE JESUS-CHRIST
1 VIE DE JESUS-CHRIST
1 VIE DE PRIERE
1 VOCATION RELIGIEUSE
1 VOEU DE PAUVRETE
1 ZELE APOSTOLIQUE
2 DUPANLOUP, FELIX
2 EVE
2 JEAN, SAINT
2 JUDAS
2 MONTAIGNE
2 PAUL, SAINT
3 ORLEANS - Religieuses de l'Assomption
- Nîmes
Plan de l’auteur.
Le but de l’éducation, c’est de former Jésus-Christ dans les âmes.
Par la foi, l’instruction et les jugements surnaturels.
Par l’espérance. Prière, détachement des choses terrestres; désintéressement, base de la beauté du caractère, désintéressement de l’affection des enfants.
Par la charité. Désir de la gloire de Dieu, du règne de Notre- Seigneur, du salut des âmes. Action, initiative. Verba movent, exempla trahunt.
Texte sténographié de la conférence.
Nous avons clos hier la seconde partie de nos instructions; nous nous occuperons maintenant de quelques questions qui se rattachent plus particulièrement à votre vocation. En première ligne, je placerai l’éducation, et nous commencerons à en parler dès aujourd’hui.
Laissez-moi vous dire d’abord que j’ai lu une partie de l’ouvrage de Mgr Dupanloup sur l’éducation, et [j’en ai lu] bien assez pour m’ôter le désir de lire le reste. Je crois ses idées tout à fait opposées à celles de l’Assomption, sauf quelques passages sur les enfants gâtés et la faiblesse des parents. Je n’ai certes pas la prétention de faire mieux qu’un académicien; pourtant, j’espère que, dans mon cadre beaucoup plus restreint, je vous donnerai quelques principes qui pourront vous être plus utiles que les longues pages de Mgr l’évêque d’Orléans.
Je commencerai tout d’abord par établir que le but de l’éducation, c’est de former Jésus-Christ dans les âmes; et qu’une religieuse institutrice doit dire comme saint Paul: « Filioli mei, quos iterum parturio, donec formetur Christus in vobis. » (Gal., IV, 19.) C’est un travail très pénible, celui-là. Vous savez qu’il a été dit à la première femme: « Tu enfanteras dans la douleur. » (Gen., III, 16.) Vous aussi, vous avez un travail d’enfantement, celui des âmes, pour lesquelles vous devez éprouver toutes les douleurs, jusqu’à ce que Notre-Seigneur soit formé en elles. Si donc saint Paul nous présente la formation des âmes par l’éducation comme un sujet de douleurs, la religieuse qui prend sa mission comme une source de joie et de consolation se fait bien illusion et s’expose à de grandes déceptions en marchant dans le faux.
La souffrance est le prix de tout travail auprès des âmes. Voilà une supérieure qui fait bien marcher sa maison; elle ne le peut que par une certaine fermeté, et pour être ferme, il faut qu’elle souffre. Puis, elle part, et une autre la remplace qui a tout ce qu’il faut pour se faire adorer, et malgré tout cela, la maison tombe. Avec une supérieure un peu rude et qui savait souffrir, tout allait bien; celle qui est absolument bonne et qui accorde tout, laisse tout dépérir. J’en dirai autant d’une maîtresse que j’appellerai: Madame, comme il vous plaira; les parents l’admirent, les enfants l’adorent et le pensionnat décline. Je l’ai constaté souvent, je vous l’assure. Cela dit, il est évident qu’une supérieure, une religieuse qui a charge d’âmes, doit s’attendre à souffrir, parce qu’elle a à former Jésus-Christ dans les âmes qui lui sont confiées, et Jésus- Christ se forme dans les âmes par le développement de la foi, de l’espérance et de la charité.
I. La foi.
Il y a une éducation sentimentale fort en vogue de nos jours, et à laquelle je suis opposé autant que possible, surtout quand je parle de l’éducation donnée par les filles de l’Assomption. Souvenez-vous qu’en face de l’affaissement universel des caractères, vous ne pouvez relever les âmes qu’en vous rappelant cette parole de saint Jean: « Erat lux vera, quae illuminat omnem hominem. » (Ioan. I, 9.) Jésus-Christ est la vraie lumière, et à ce flambeau toute intelligence doit venir a l’éclairer. Vous pouvez vous attendre à ce que le monde ne comprenne pas votre enseignement; il n’a pas compris Jésus-Christ, quand il l’a possédé sur la terre; « Et lux in atenebris lucet, et tenebrae eam non comprehenderunt. » (Ioan. I, 5.) Vous êtes donc dans une situation à peu près semblable à celle de l’Eglise naissante en face du paganisme, au moment où saint Jean écrivait: Lux in tenebris. Est-ce une raison pour que vous ne donnez pas la lumière? Au contraire. Mais pour cela il faut puiser la lumière dans la foi, il faut donner l’instruction de foi, la connaissance des vues de la foi, la doctrine saine et robuste enfin, et non pas ce sentimentaliste chrétien qui dégénère si souvent en piétisme protestant. Non, il faut cette doctrine forte et solide, par laquelle, comme dit Montaigne, on forge les âmes. Vous êtes, en effet, chargées de les forger dans les flammes et dans la lumière de la vérité.
Voilà une maîtresse en face de dix petites filles. Leur parents sont des gens plus ou moins absurdes, à idées fausses, vulgaires, libérales, démocrates, ou qui n’en ont pas du tout. Au milieu de tout cela, il faut faire luire la lumière, et donner la lumière, c’est donner Jésus-Christ: Erat lux vera. La vie de Jésus-Christ, les mystères de Jésus-Christ, la Sainte Trinité, la Rédemption, ce sont des mystères qui renferment des choses admirables. Vous êtes obligées de les mettre à la portée des enfants, afin que vous puissiez leur dire, comme saint Paul: « Lac vobis potum dedi, non escarn. » (I Cor. III, 2.) Il faut que Jésus- Christ soit connu. Vous avez à prêcher les grands mystères de la vie de Jésus-Christ; vous avez à les prêcher d’une manière solide, catégorique, sans oublier que la création tout entière se rapporte à Jésus-Christ comme à son centre. Vous avez autre chose à faire, vous devez apprendre aux enfants à agir comme Jésus-Christ, à conformer leur conduite à celle de Jésus-Christ, à voir, à juger comme Jésus-Christ; car s’il habite dans nos coeurs par la foi, il doit être notre premier moteur.
Ici j’aborde une question très grave. Un des maux les plus déplorables que l’impiété des derniers siècles a produits, c’est la destruction de cette magnifique unité que Jésus-Christ est venu apporter sur la terre. Le but de Jésus-Christ, c’était de restaurer tout en lui, « instaurare omnia in Christo » (Eph. I, 10), de rassembler tous les peuples et d’inviter tous les rois à une magnifique unité dans la vérité. « Et congregabit ad se omnes gentes, et coacervabit ad se omnes populos. » (Habac. II, 5.) La grande erreur gallicane était de prendre pour devise l’Eglise libre dans l’état libre, de séparer le pouvoir temporal du pouvoir spirituel, de rendre le roi indépendant du Souverain Pontife.
Ce n’est pas tout. Toutes les branches de la science, l’histoire, la philosophie, la littérature, etc., viennent se perdre dans cette belle unité qui est Jésus-Christ. Ce sont des choses distinctes, et non pas séparées, pas plus que notre corps et notre âme ne sont des choses séparées. Je voudrais donc que, dans votre enseignement, vous vous appliquiez à chercher l’unité au point de vue de toute science, et que dans les jugements que vous faites porter aux enfants, vous leur montriez Jésus-Christ principe de toutes choses, restaurateur de toutes choses. Par là votre enseignement prendra un caractère chrétien dans la lumière et l’unité de Jésus-Christ.
II. L’espérance.
Former les enfants à la vertu d’espérance, c’est leur enseigner le détachement des choses de la terre. Plus l’espérance sera complète, plus le détachement sera complet aussi. C’est par ce côté que le voeu de pauvreté se rattache à la vertu d’espérance. Une religieuse qui a l’espérance ne tient plus à rien qu’à la prière qui donne les richesses du ciel; elle s’applique à faire de ses enfants des filles de prière, en leur enseignant que tout passe et que l’éternité seule demeure.
A ce point de vue, voyez encore votre supériorité sur les maîtresses laïques par votre voeu de pauvreté. Comme on reconnaît une maîtresse intéressée et une maîtresse désintéressée, qui, après avoir tout donné, se donne elle- même, et de tout coeur! « Libentissime impendam. » (II Cor. XII, 15.) Une religieuse qui ne tient absolument à rien aura sur les enfants une influence immense, pour les réformer dans le sens chrétien et lutter contre les grands défauts de nos jours; L’égoïsme et la cupidité. Mais il faut qu’elles sentent que vous êtes désintéressées, que vous l’êtes surtout de ce petit trésor bien spirituel, bien tendre, bien délicat, qui s’appelle l’amour-propre.
Puis, faites des âmes fortes et montrez-vous viriles vous-mêmes; ne cherchez pas à attirer les coeurs. Oh! c’est une bien triste chose chez une religieuse. Dieu vous préserve, mes filles, de la tentation d’accepter certaines adorations, certains transports d’admiration, On fait un mal affreux aux âmes des enfants et à soi-même. Je vous en conjure; concevez à l’égard des coeurs des enfants un grand désintéressement; étudiez-vous très sérieusement et très sévèrement à ce sujet, parce qu’il y a là une source de ruines dans l’éducation.
Il faudra aussi étudier le caractère de Notre-Seigneur pour former de beaux caractères chez vos filles. La base d’un beau caractère, je vous l’ai déjà dit, c’est de ne pas être personnel: « Christus non sibi placuit. » (Rom. XV, 3.) Les petites complaisances, les petits retours sur soi, il faut corriger tout cela. Ce qui est le plus insupportable, c’est une personne qui se pose avec des droits prétendus. Examinez ce défaut d’abord chez vous, puis chez les enfants; élevez-vous au-dessus des choses de la terre, appuyez-vous sur Jésus-Christ, étudiez-le. Une fille qui lirait l’Evangile, rien que pour y découvrir la beauté du caractère de Jésus-Christ, quelle magnifique étude!
Je terminerai par quelques réflexions sur la charité, considérée comme moyen de former Jésus-Christ dans les âmes. Notre-Seigneur est la source de la charité, il envoie l’Esprit d’amour qui procède du Père par le Fils. Le Saint-Esprit découle donc de Notre-Seigneur: « Quia de meo accipiet. » (Ioan. XVI, 15.) Par conséquent, le plus magnifique écoulement de Notre-Seigneur, c’est le Saint- Esprit, puisque le Père et le Fils se terminent, se consomment dans le Saint-Esprit. Il faut alors que nous communiquions aux enfants l’amour de Dieu, cet amour reçu au baptême et à la confirmation, et qui se développe chaque jour par la grâce.
A ce point de vue, l’éducation est, si je puis dire ainsi, une Pentecôte continuelle. Le Saint-Esprit fut envoyé par Notre-Seigneur à ses apôtres, et pendant l’espace d’un instant il reposa sur leurs têtes. De même pour nous. Il vient un instant au moment de notre baptême, de notre confirmation. En dehors de cela, il y a un travail du temps, qui se fait quelquefois par le ministère du prêtre; mais c’est à la maîtresse chrétienne de le continuer toujours, c’est a elle à poursuivre cette distribution de l’Esprit-Saint. Si vous le voulez, vous portez le Saint- Esprit, l’amour de Dieu sur vos lèvres, vous pouvez avec l’ardeur de votre coeur embrasser les âmes de cet amour. Les lèvres de la religieuse doivent être le cratère du volcan de l’amour divin. Le volcan, c’est votre coeur, et la flamme de l’amour s’épanche par vos lèvres et va communiquant son feu dévorant à l’âme de vos enfants.
Oui, mes Soeurs, voilà, je le répète, comment l’éducation que vous donnez peut devenir une Pentecôte continuelle, une constante effusion de l’Esprit-Saint, une communication de Jésus: « Hoc enim sentite in vobis, quod et in Christo Iesus. » (Phil. II, 5.) Voilà la vraie dévotion. Ce n’est pas une dévotion sentimentale et affadie, c’est le désir ardent de la gloire de Dieu, excité par le Saint-Esprit lui-même, la troisième personne de l’adorable Trinité. L’âme de cette religieuse est un vase plein de l’amour de Jésus, elle a besoin de le répandre. De même les flammes qui embrassent son coeur en sortent avec véhémence et allument dans le monde des âmes comme un vaste incendie. C’est jésus-Christ lui-même qui agit, qui distribue ce feu divin qu’il est venu apporter sur la terre: « Ignem veni mittere in terram, et quid volo nisi ut accendatur? » (Luc. XII, 49.)
Comprenez-vous votre sublime mission? Prenez des âmes, ramassez-les, et, toutes tant que vous êtes dans la Congrégation, versez-y le trop-plein de votre amour de Dieu, afin de les embrasser d’une sainte ardeur pour la connaissance de Jésus-Christ, le triomphe des droits de Jésus-Christ, l’extension de son règne. Ah! si vous me donniez seulement douze religieuses pénétrées de ces sentiments, l’éducation serait bouleversée et l’esprit de Jésus envahirait la société! Pour cela, il faut se quitter; il faut remplacer l’amour de soi par le saint amour de Dieu; il faut allumer en soi la passion de la conquête des âmes, il faut être avide de conduire des âmes régénérées à l’Epoux divin. Vous pouvez le faire par la grâce de votre vocation. Entrez-y donc, répétez-vous ces choses mystérieuses et admirables de vérité. Le Saint-Esprit découle du Père par le Fils et du Fils par moi dans l’âme de mes enfants, de façon que quelque chose de ce qui se passe dans le sein de la Sainte Trinité se passe aussi sur la terre, et de même que la Sainte Trinité communique le Fils au monde, moi je le donne par l’amour qui est l’Esprit-Saint aux âmes de mes enfants.
Soyez donc à la hauteur de cette action magnifique qui vous est donnée, à condition que vous vous quittiez vous-mêmes. Ne soyez pas de ces petites religieuses vulgaires, qui, se croisant les bras, diraient: « Oui c’est très beau », et qui en resteraient là: se trouvant très bien dans la nullité de leur vie, disant leur chapelet, vivant en bonne harmonie avec leurs Soeurs, répétant: « Bonum est nos his esse. » (Matth. XVII, 4.) Ce peut-être l’existence de beaucoup de religieuses; sera-ce la vôtre, a vous, filles de l’Assomption? Non, mille fois non. Alors s’ouvre devant vous une carrière immense de travail et de combats. Vous vivez au milieu des âmes, ayant pour centre jésus-Christ, et toute votre action puisée en lui a pour objet de le faire connaître et aimer. Vous tentez un effort, il ne réussit pas; vous en essayez un autre avec un zèle toujours renaissant et jamais découragé.
Quelquefois pourtant -il faut tout vous dire -le travail sera ingrat, après avoir été difficile, et vous ne ferez pas le bien que vous voudriez. Notre-Seigneur a voulu passer aussi par ces douleurs. Judas a été choisi par lui, et il l’a trahi. Pouvez-vous espérer mieux que le divin Maître? Vous ne vous découragerez donc pas; vous accepterez les consolations, si Dieu en tresse quelquefois dès ici-bas votre couronne; vous prendrez les croix aussi, et vous ne cesserez de travailler à cette grande oeuvre des âmes. Vous aurez l’esprit d’initiative pour prendre vos enfants tantôt d’une façon, et tantôt d’une autre. Vous aurez l’esprit de patience pour supporter les délais de Dieu et vaincre les résistances de l’enfer. Dans tout cela vous imiterez Notre-Seigneur, vous travaillerez à son école en méditant ses divins enseignements, et lorsque vous serez à bout de forces et de courage, vous penserez à Notre-Seigneur faisant pendant trois ans l’éducation de ses apôtres, et avec quels résultats!
Vous le verrez divinement patient, sans l’ombre d’une lassitude, poursuivant la tâche que son Père lui a donnée, versant à flots ses enseignements sacrés, toujours et partout. Tout lieu lui était bon, vous le savez. Il parlait sur une barque, sur les bords du lac, sur la montagne, sur une place publique. Il enseignait, et sa doctrine restait parfois incomprise, l’Evangile nous le dit. Beaucoup se retiraient à cause de ses paroles, et Jésus enseignait toujours. Grande leçon, et grand exemple pour vous, mes Soeurs! Qu’il ne soit pas sans porter des fruits!
Ce n’est pas tout. Vous avez encore un plus puissant moyen d’action que vos enseignements. Oui, vos leçons sont magnifiques, pleines de vérité, de tact et de mesure. Vous avez sur vos lèvres tout ce qu’il faut pour gagner les âmes; oui, mais, croyez-moi, vous avez quelque chose de meilleur encore que vos paroles: ce sont vos exemples. Verba volant, exempla trahunt. Soyez des filles de foi. Appliquez-vous à reproduire les vertus de Jésus-Christ, son humilité, sa sagesse, son esprit de prière, de dévouement. Soyez des filles désintéressées, de beaux et grands caractères, des filles embrassées des flammes de la charité, du désir de la gloire de Dieu et du salut des âmes, de telle sorte que les élèves sentent en vous Jésus et que vous n’ayez pas besoin de parler pour le leur faire connaître. Elles régleront leur vie sur vos exemples; elles deviendront des saintes, parce que vous êtes déjà des saintes, étant les parfaites imitatrices de Jésus, et qu’il vous sera facile alors de communiquer Jésus et de le faire habiter dans les coeurs.