- OEUVRES SPIRITUELLES EDITEES|CONFERENCES AUX RELIGIEUSES DE L'ASSOMPTION, NIMES, 1870-1871.
- QUARANTE-ET-UNIEME CONFERENCE DONNEE LE 8 FEVRIER 1871.
SUR LES VOEUX DE RELIGION. - DA 46; CN 8; CV 33.
- 1 ACCEPTATION DE LA CROIX
1 ADORATION
1 AFFECTIONS DESORDONNEES
1 AFFRANCHISSEMENT SPIRITUEL
1 AMBITION
1 AMOUR DES AISES
1 AMOUR-PROPRE
1 APOSTOLAT
1 ASCESE
1 AUSTERITE
1 AVARICE
1 CHARITE THEOLOGALE
1 CONCUPISCENCE DES YEUX
1 CROIX DE JESUS-CHRIST
1 DESIR DE LA PERFECTION
1 DETACHEMENT
1 DON D'INTELLIGENCE
1 DON DE CRAINTE
1 ESCLAVAGE
1 FIDELITE A L'ESPRIT DE LA REGLE
1 FIDELITE A LA GRACE
1 FOI
1 IMAGINATION
1 IMITATION DE JESUS CHRIST
1 IMMOLATION DE LA CHAIR
1 JESUS-CHRIST MEDIATEUR
1 JOIE SPIRITUELLE
1 LUTTE CONTRE LE MONDE
1 LUTTE CONTRE SOI-MEME
1 MORTIFICATION
1 OBEISSANCE DE JESUS-CHRIST
1 ORAISON
1 ORGUEIL DE LA VIE
1 PAUVRETE DE JESUS-CHRIST
1 PERFECTION
1 POUVOIR
1 PRATIQUE DE L'OBEISSANCE
1 PRATIQUE DE LA PAUVRETE
1 PRATIQUE DES CONSEILS EVANGELIQUES
1 PROGRES DANS LA VIE SPIRITUELLE
1 QUESTION SOCIALE
1 RECHERCHE DE LA PERFECTION
1 REFORME DE L'INTELLIGENCE
1 REFORME DE LA VOLONTE
1 REFORME DU COEUR
1 REGLES DES RELIGIEUX
1 RENONCEMENT
1 SOUMISSION SPIRITUELLE A JESUS-CHRIST
1 SUPERIEUR
1 THOMAS D'AQUIN
1 TRANSFORMATION SOCIALE
1 VERTU D'OBEISSANCE
1 VERTU DE CHASTETE
1 VERTU DE PAUVRETE
1 VERTU DE RELIGION
1 VIE DE SACRIFICE
1 VIE RELIGIEUSE
1 VOCATION
1 VOEU D'OBEISSANCE
1 VOEU DE CHASTETE
1 VOEU DE PAUVRETE
1 VOEUX DE RELIGION
1 VOLONTE DE DIEU
2 ABEL
2 FRANCOIS D'ASSISE, SAINT
2 GREGOIRE I LE GRAND, SAINT
2 JEAN CHRYSOSTOME, SAINT
2 JEPHTE
2 JOB, BIBLE
2 MATTHIEU, SAINT
2 ORIGENE
2 PAUL, SAINT
2 PIERRE, SAINT
3 DELPHES - Religieuses de l'Assomption
- 8 février 1871
- Nîmes
Plan de l’Auteur.
Sunt quidam qui nihil sibimetipsis reservant, sed sensum, linguam, vitam, atque substantiam quam perceperunt, omnipotenti Deo immolant. Ils ne sont pas parfaits pour cela, mais à partir du jour où ils ont tout quitté, ils s’approchent de la perfection, dit Origène?
Non quilibet religiosus obligat se ad omnia consilia, sed ad alique determinata, quidam ad haec, quidam ad illa, St Thomas.
Le but de l’état religieux est la perfection de la charité, et l’état religieux est, dit S. Thomas, une discipline, un exercice pour arriver à cette perfection, à laquelle on arrive par divers moyens. Il suffit de tendre à la charité parfaite. On n’est pas obligé de prendre tous les moyens; seulement, d’une part, il n’en faut mépriser aucun, de l’autre, il faut employer ceux fixés par sa règle.
1° La pauvreté. Sunt nonnuli istorum, qui ad comprehendendum culmen perfectionis, dum altiora interius appetunt, exterius cuncta derelinquunt, S. Greg. Appositio divitiarum majorem accendit flammam, et vehementior fit cupido, St. Chrys. Si vis perfectus esse, vade, vende quae habes.
2° La chasteté. Mundemus nos abomni inquinamento carnis et spiritus, perficientes sanctificationem nostram in timore Dei. Qui sine uxore est, sollicitus est quae sunt Domini, quomodo placeat Deo. Qui potest capere capiat. –Beati mundo corde.
3° Obéissance. –Et veni sequerre me. –Factus obediens. – L’imitation de Jésus-Christ dans l’obéissance.
La vie religieuse est un exercice de perfection. Donc il faut de l’obéissance pour être exercé.
Le voeu est un culte à Dieu, un sacrifice; c’est l’acte du culte le plus parfait, c’est le sacrifice de soi, c’est par là que s’obtient la perfection de la charité.
Fortasse laboriosum non est homini, relinquere sua, sed valde laboriosum est relinquere semetipsum. Minus quippe est, abnegare quod habet; valde autem multum est, relinquere semetipsum. Et il doit s’engager par voeu.
Texte stenographié de la conférence.
Mes Soeurs, nous allons examiner aujourd’hui les voeux de pauvreté, chasteté et obéissance.
Je prendrai quelques points de vue seulement, je ne m’arrêterai pas à vous dire ce que j’ai déjà démontré, comment par ses trois voeux la religieuse a une position admirable au milieu des bouleversements de la société moderne. Par son voeu de pauvreté elle se place entre ceux qui ont et ceux qui n’ont pas, et dit aux uns: j’ai renoncé aux biens de ce monde parce que là ne se trouve pas le bonheur; je puis vivre pauvre, vous, donnez au moins votre superflu. Aux autres: je me suis fait pauvre volontaire, parce que Jésus a voulu être pauvre; sachez supporter les privations de votre état parce que le royaume des Cieux vous attend. Ainsi la religieuse prépare la réconciliation du pauvre et du riche, elle a une mission particulière dans cette insoluble question qui travaille la société moderne.
Par son voeu de chasteté, elle proteste contre les jouissances inconsidérées, les plaisirs qui conduisent au péché, elle qui a sacrifié les joies légitimes de la famille, elle est en droit de dire au pauvre: ne cherché pas la joie dans la satisfaction de tes appétits grossiers, les joies véritables sont là où est l’éternité. J’ai renoncé aux plaisirs de ce monde pour avoir les béatitudes du ciel. Elle est en droit aussi de répété.au riche: insensé, cette nuit même on te redemandera ton âme. Que la religieuse dise cela, le riche ne peut pas le trouver mauvais parce que au même la religieuse ajoute: j’ai vu que ce n’était que mensonge, et je t’en avertis.
Enfin, son voeu d’obéissance l’autorise à mettre un frein à l’ambition des puissants et à aider l’obéissance du pauvre qui devient si souvent un esclavage. Elle est disciple d’un Dieu obéissant jusqu’à la mort de la Croix, elle a le droit de dire aux maîtres: Faites attention, si Dieu a voulu entrer dans cet état d’obéissance, lui, le seul grand, le seul puissant, le seul glorieux, il y a une grandeur cachée dans l’obéissance et dans la dépendance; ne faites pas sentir comme un poids trop accablant le joug de votre autorité. Et vous, pauvres, soyez soumis, obéissez, puisque Dieu s’est fait esclave pour que vous marchiez sur ses traces. Voyez-vous, mes Soeurs, la magnifique mission que vous avez. Il n’y a que l’élément surnaturel qui puisse apaiser les appétits de l’homme: usez donc de vos voeux pour exercer une influence sur la société par votre action dans l’éducation.
1° Voeu de Pauvreté. Autrefois le voeu de pauvreté n’impliquait pas la renonciation absolue de la propriété. N.S. avait dit dans l’Evangile: Vendez ce que vous avez et distribuez-le aux pauvres. N.S. laisse la distribution des aumônes. Du temps de St Augustin le voeu solennel permettait la nue propriété des biens.
Quoi qu’il en soit et sans exemple ici, quelle doit être l’étendue du voeu de pauvreté. Je maintiens que l’âme a besoin d’un dégagement extérieur complet pour s’élever aux biens intérieurs… Si vous penchez du côté des richesses, des biens spirituels vous seront refusés. Je ne connais pas d’avare qui ait été homme d’oraison. Vous n’êtes pas des avares, mes chères filles, mais, voyez-quelquefois vous avez de la peine à faire oraison, et pourquoi? Cela peut être pour différents motifs, un manque de charité. Mais enfin telle religieuse qui n’avance pas dans la vie intérieure de l’oraison, ne serait-ce pas parce qu’elle tient à certaines petites choses matérielles et que son âme est comme attachée à de petites satisfactions terrestres. On exige dans certaines Communautés de petits sacrifices au sujet du voeu de pauvreté; cela peut paraître des minuties -au point de vue de la liberté de l’âme c’est très avantageux, car l’âme devient captive quand elle tient à des choses même les plus insignifiantes avec attachement. Ainsi il faut choisir. A mesure que je quitte les choses extérieures je trouverai les biens spirituels, et si je veux arriver à la vie d’oraison parfaite, il faut que je me résigne à un dépouillement parfait, complet.
Je crois qu’une religieuse de l’Assomption sans avoir fait un voeu de pauvreté comme une fille de St François, doit arriver à ne tenir à quoi que ce soit et à se servir de tout ce qui lui est nécessaire dans un dégagement complet. Je parle des plus petites choses, fut-ce même un crayon ou un porte-plume.
St Jean Chrysostome va plus loin. Appositive. Grave question. Comment concilier cela avec une certaine facilité de vie laissée aux religieuses. Dans quelle mesure la pauvreté doit-elle être entendue. Il faut toujours que la religieuse garde une liberté de coeur entière vis-à-vis de tous les biens de la terre, et je ne saurai trop insister là-dessus.
2° Chasteté. Examinons les souillures de l’esprit, arrêtons- nous à une religieuse pleine d’imagination. L’imagination est chose bonne quand elle est réglée. Mais, n’y a-t-il pas certains entraînements d’imagination même dans les choses permises et qui ne sont que du temps perdu ou tout au moins un obstacle à notre union avec Dieu qui est le but de toute vie religieuse.
Beati mundo corde. Quel est le grand obstacle à la pureté du coeur? Ce sont des envahissements de l’imagination. On se jette dans les inutilités. Je ne parle même pas ici des choses mauvaises. C’est autant enlevé à Dieu et aux occupations sérieuses et utiles. Et puis quels en sont les résultats? Pourquoi une religieuse est-elle indomptable? Tout bonnement parce qu’elle a rêvé. Dans cette rêverie que s’est-il passé? rien de souillé si vous voulez, mais rien de très pur; revenue dans le monde réel, dans le monde du devoir et de l’obéissance, elle ne peut plus y tenir. Qui sine uxore. Vous n’avez pas d’époux, mes chères filles, mais quel nom donnez-vous à certaines petites affections particulières, certaines préoccupations de votre coeur pour des enfants, pour certains besoins d’épanchements avec telle soeur; c’est là quelque chose qui se rapproche de cet époux dont parle St Paul. Voilà deux coeurs qui ont besoins de s’épancher l’un dans l’autre, on est comme deux colombes, on se console, on se dit: ma chère!!! Croyez-vous qu’au retour de cette promenande sentimentale on fasse bien son oraison! Une des grandes fonctions de la vie religieuse, c’est d’adorer Dieu; pour adorer Dieu, il faut le voir. C’est le coeur pur qui a la vision divine. Et dans ces intimités où il semble qu’on ait rien à se reprocher, que de misères se glissent, que de caprices, de plaintes, de petites volontés; oh! mes Soeurs, il y a là bien des dangers, et comment plaire à Dieu au milieu de toutes ces préoccupations; établissons donc d’une manière absolut qu’il faut s’interdire toute affection qui n’aidera pas l’âme à s’unir à Dieu.
3° L’Obéissance. Et veni sequere me. N.S. a dit cette parole plusieurs fois à St Pierre, au jeune homme riche, à St Matthieu et dans une foule d’autres circonstances. Veni sequere me, c’est-à-dire: viens et obéis-moi. Nous voici à cette magnifique question de l’obéissance.
L’homme obéit à J.C., il prend sa volonté corrompue par le péché originel, par les faiblesses et les chutes de chaque jour, et il réforme cette volonté sur le modèle de la volonté très pure, très belle de N.S. obéissant jusqu’à la mort et jusqu’à la mort de la Croix. Il n’y a qu’un seul médiateur, qu’un Dieu, J.C., à qui nous obéissons, mais comme N.S. ne peut pas se manifester à moi, il choisit ses représentants sur la terre qui sont ma Règle et mes Supérieurs, alors je suis obligée de rendre mon obéissance à J.C. dans ma Règle et mes Supérieures et de voir J.C. en elles.
Tel est l’admirable moyen de sanctification que Dieu nous offre, le moyen de suivre J.C. partout et toujours. Veni sequere me. Je m’attache aux pas de J.C. Je le suis, je calque ma vie sur la sienne, je vais jusqu’à la Croix, j’obéis toujours et jusqu’à la Croix. Prenez donc J.C. pour votre divin modèle, obéissez et par là vous vous unirez à lui, car l’obéissance a été toute la vie du divin Sauveur. C’est par l’obéissance qu’il s’est soumis à la Très Sainte Trinité pour être fait homme, il est né dans l’obéissance, il y a vécu jusqu’au dernier soupir. Si vous obéissez, vous prenez votre volonté corrompue et vous la redressez sur une volonté presque divine, la volonté très parfaite de la Sainte Humanité de J.C. et alors toute votre vie se transforme par la purification de votre volonté en union de celle de N.S., car votre volonté est la source de vos actes. Remarquez bien que la vie religieuse est un exercice, vie ascétique; un ascète est un homme qui s’exerce; jusqu’à votre dernier soupir vous aurez à vous exercer aux vertus chrétiennes. Comment vous exercez-vous à la perfection si ce n’est par l’obéissance. La nature humaine est trop faible, laissée à soi elle se décourage et se relâche; l’obéissance est à côté de vous comme un aiguillon sans cesse renaissant vous poussant à la lutte, détruisant vos mauvais penchants, dirigeant vos forces vers le sommet de la perfection. Croyez-moi, la perfection, l’exercice des vertus religieuses sera dans l’obéissance et cela toute votre vie. Vous avez dû vous exercer pendant votre postulat, votre noviciat, mais les voeux une fois prononcés, pensez-vous que tout soit fini. Non, il faut s’exercer encore et toujours, c’est la préparation à la vie du ciel; jusqu’au moment de la mort vous devrez lutter et combattre sous l’obéissance, et cette récompense que vous attendez ne vous sera accordée que dans la mesure de votre obéissance et de l’exercice de toute votre vie. Il faut donc avoir toujours en vue le but, l’exercice de votre vie comme le soldat qui se prépare à la guerre et à la victoire. Le grand danger dans la lutte que nous entreprenons, c’est de n’être pas assez exercés par le commandement de nos Supérieures. Quand Job dit: Militia est vita hominis super terram, c’est surtout aux religieuses qu’il parle. L’homme seul s’exerce mal, il est dans sa vie spirituelle comme un soldat sans chef; il y a une plus grande force dans les troupes régulières parce qu’elles sont rompues à la discipline et qu’elles obéissent aux règles de l’art stratégique; ainsi en est-il des religieuses sous l’autorité de leurs Supérieures qui doivent être versées dans les exercices de la vie religieuse, il n’est pas de plus sûr moyen de perfection.
Vous voyez donc l’utilité de l’obéissance et comment vous devez vous fortifier dans la pratique de cette vertu admirable. Revenons maintenant par rapport à l’obéissance à ce que nous disions hier du voeu comme culte rendu à Dieu. Si cela est l’acte du culte le plus parfait, c’est le sacrifice, quel sacrifice plus excellent que celui de l’âme qui pratique le voeu d’obéissance. Par le voeu de pauvreté la religieuse a offert à Dieu ses biens temporels, comme Abel les fruits de la terre, et ce sacrifice a été agréable à Dieu, puis elle a offert son corps par la chasteté, c’est quelque chose de plus excellent encore, c’est le sacrifice de la fille de Jephté. Mais quand au-dessus de ces choses elle prend ce qu’elle a de plus pur, de plus noble, de plus sacré, pour l’immoler sur l’autel de l’obéissance, elle fait l’acte du culte le plus parfait qu’on puisse pratiquer sur la terre. Chaque fois donc que vous sacrifiez votre volonté rappelez-vous que vous accomplissez un acte d’adoration suprême, et que c’est par le sacrifice de soi que s’atteint la perfection de la charité. Pénétrée de ces pensées de foi,la religieuse qui voit Dieu dans ses Supérieures et qui reçoit les ordres comme venant de Lui, entre en communication directe avec Dieu, elle connaît par tel ordre qui lui est donné une volonté spéciale de Dieu sur sa vie et sur ses actes; elle la reçoit avec respect et amour, heureuse de voir le ciel s’abaisser vers elle pour guider ses pas et ordonner sa vie. Elle adore et s’immole rendant à Dieu un culte très pur, très saint dans l’adoration et l’amour. Mais pour cela il faut rester dans des vues surnaturelles; si vous obéissez à votre Supérieure parce qu’elle est bonne et que vous l’aimez à cause de ses qualités, votre obéissance est un culte de tendresse que vous lui rendez et non un culte offert à Dieu. Il faut par un sentiment de foi que vous vous persuadiez que vos Supérieures quelles qu’elles soient sont pour vous les représentants de Dieu et que l’obéissance que vous leur rendez est rendue à Dieu en elles. Pour cela il n’est pas besoin qu’elles aient des visions, des révélations pour vous transmettre les volontés de Dieu; il suffit que leur autorité soit établie pour qu’elles tiennent la place de Dieu vis-à-vis de vous. L’Eglise vous enseigne qu’à moins que vos Supérieures commandent le péché, vous leur devez obéissance comme à Dieu même. Dites donc devant un ordre qui vous coûte, qui vous paraît dur: Mon Dieu, j’accepte cette parole parce que c’est vous qui l’avez dite; je vais accomplir cette volonté parce que c’est vous qui l’avez voulue. Cela demande des efforts, des sacrifices. Ne vous ai-je pas dit que l’obéissance était le plus parfait des sacrements, et St Grégoire qui connaissait la vie religieuse pour l’avoir pratiquée lui-même dit ces paroles que vous récitez si souvent dans l’Office: Fortasse relinquere semetipsum. Se quitter, renoncer à soi, c’est très dur, très laborieux, très pénible, mais c’est la grande lutte, la grande perfection, le véritable holocauste digne d’être offert au Seigneur. S’abandonner, ne pas tenir à soi, grand travail, mes Soeurs, il faut des âmes fortes, courageuses, décidées à ne jamais marchander avec elles-mêmes, et à se compter pour rien. Je m’élève au-dessus des préoccupations terrestres, je me détache de ce qui m’entoure, une certaine noblesse de caractère, de grandeur d’âme suffit pour cela, mais couper dans le vif, retrancher de sa propre substance voilà le difficile, voilà la perfection. Examinez -est-ce que je ne tiens pas à mes idées, à mes opinions, aux avis que je donne, à mes petites volontés? Ne suis-je pas de celles qui ayant une fois émis une idée, veulent qu’elle soit accueillie comme un oracle de Delphes? Ecoutez encore St Grégoire: Minus…semetipsum. Le seul moyen de trouver Dieu c’est de nous quitter nous-mêmes, et ce sera l’obéissance qui nous l’apprendre. A mesure que le monde s’en va dans la décadence, je trouve, mes chères filles, que la personnalité des gens prend des proportions gigantesques et ridicules. L’être personnel aujourd’hui c’est quelque chose de prodigieux et de souverainement insupportable. Cela marche de pair avec de l’incrédulité; c’est tout simple, à mesure que je ne crois plus à Dieu, je crois à moi-même. Regardez en opposition à ce spectacle les belles figures des Saints. C’est ce que le monde a produit de plus beau et aussi de plus impersonnel. Comment y arriver? Comment détruire ma personnalité? Quand je serai dépouillée de moi-même par l’obéissance, je ne serai plus personnelle, je marcherai sur les traces des Saints. Allez donc dans cette voie que vous ouvre votre triple voeu de pauvreté, de chasteté et l’obéissance; voyez le bien immense que vous êtes appelées à faire dans vos rapports apostoliques entre le riche et le pauvre. Voyez aussi ce que vous pourrez acquérir de vertus en vous dépouillant de votre personnalité sous le joug de l’obéissance, et prenez la résolution d’atteindre dans l’accomplissement de vos trois voeux la perfection que Notre-Seigneur vous demande. Ainsi soit-il.