- OEUVRES SPIRITUELLES EDITEES|INSTRUCTIONS DU SAMEDI
- PREFACE
LES INSTRUCTIONS DU SAMEDI - Les Instructions du Samedi. Paris, Maison de la Bonne Presse, 1932, p. vi-x.
- 1 COLLEGE DE NIMES
1 COLLEGIENS
On dit que l’Assomption a son cachet spécial. Ce cachet, elle le doit surtout aux instructions du samedi. Renouvelant un souvenir du collège Stanislas, de Paris, le P. d’Alzon avait décidé que chaque samedi on chanterait à la chapelle les litanies de la Sainte Vierge. Mais, pour profiter de cette réunion de tous les élèves, il fit suivre les louanges de la Maîtresse de la maison de quelques avis. Ce n’était, en effet, que des avis; il parlait seulement en soutane. La familiarité même de la causerie permettait d’entrer dans certains détails, et l’on prétend que ces détails avaient pour les élèves, par leur originalité même, un cachet spécial. On se les rappelait, on en parlait, parce que ce n’était pas dit comme ailleurs. Des idées très arrêtées, et que quelques anciens maîtres n’approuvaient pas toujours, étaient promulguées catégoriquement. On pouvait y faire opposition; le P. d’Alzon ne l’a jamais beaucoup redouté, il cédait quelquefois, mais quand il avait mis une idée dans sa tête, on savait qu’il ne l’avait pas aux talons.
Les élèves sont toujours les mêmes; il suffit qu’on leur dise une chose pour que quelques esprits pointus aient envie de dire le contraire.
Le P. d’Alzon attaquait surtout le respect humain. […]
Pourtant le cachet particulier de ces instructions ou, pour mieux dire, la continuité de ces observations qui se groupaient autour de quelques idées mères, les faisait descendre dans la tête et surtout dans le coeur des élèves. Le petit nombre de ceux-ci permettait d’exercer sur eux une action plus intime. Les avis du samedi étaient suivis de commentaires, donnés surtout par M. Monnier; ils arrivaient avec une grande puissance de fécondité dans les consciences, quelquefois comme une lumière, et plus souvent comme un remords: d’où il résultait que les idées s’élargissaient, que le caractère de la maison se dessinait, que l’esprit général s’affirmait. L’Assomption, ce n’était pas tout le monde, et l’on aimait à ne pas être tout le monde. On apprenait les bonnes oeuvres et l’on s’essayait aux Conférences de Saint-Vincent de Paul; on devenait ultramontain; on pratiquait la piété par conviction. […]
Les instructions du samedi se transformèrent peu à peu, surtout quand, de la petite chapelle formée par la classe de philosophie et la salle des journaux actuelle, on passa à la grande chapelle. Alors, le P. d’Alzon prit le surplis, se proposa un sujet qu’il suivait ou ne suivait pas; alors aussi commencèrent le mois de Marie, les instructions de Carême, enfin le P. d’Alzon s’efforça de devenir solennel. Ne devint-il pas ennuyeux? On se demande s’il n’eût pas mieux fait de rester ce qu’il était, un bon donneur d’avis pratiques sur les devoirs du chrétien et de l’élève de l’Assomption.
Un Ancien. [P. d’Alzon.]
Extrait des « Mémoires d’un ancien de la vieille Assomption », ch. VII. (Assomption, 1er mai 1875, p. 73.)
Le journal l’Assomption signale la première série dans le numéro du 1er mai 1876:
Le T. R. P. d’Alzon doit nous faire une instruction le lundi, le mercredi et le samedi de chaque semaine pendant ce mois béni.
Nous en avons retrouvé le manuscrit que nous reproduisons tel quel. La rédaction est manifestement très rapide, sans aucune préoccupation de style;mais les pensées en sont fort belles et pratiques. Elles donnaient lieu sans doute à des développements, des réflexions, des saillies, qui n’ont pas été écrites.
Le numéro de l’Assomption du 15 novembre 1876 parle de la seconde série quand il dit:
Notre Père livre à notre humble journal l’analyse de ses instructions du samedi. En profitant de ses conseils, suivons aussi ses exemples.
Il s’agit ici des Instructions sur l’Education chrétienne. L’Assomption reproduit exactement le manuscrit du P. d’Alzon, sauf, par-ci, par-là, quelques erreurs de lecture. Nous avons corrigé ces erreurs, dans cette édition, sur le manuscrit du Père.
L’Assomption ne dit rien de notre troisième série, celle de 1868, par la bonne raison que ce journal n’existait pas encore, ayant commencé à paraître le 1er janvier 1875.
Il ne reste aucun manuscrit -il n’y en a probablement jamais eu -des Instructions du samedi première manière, celle que le P. d’Alzon semble regretter. On en trouve cependant quelque trace dans des notes prises par le P. Vincent de Paul Bailly, notamment en 1864, pendant que le P. d’Alzon parlait. Ces instructions sont, en effet, d’un ton très différent et devaient plaire beaucoup. Mais nous ne donnons ici que celles dont nous possédons les manuscrits et celles dont le Père a revu la rédaction.
Ce sont plutôt des canevas de discours que des discours définitifs, soignés, bien rédigés. Le P. d’Alzon, nous l’avons dit, st préoccupait fort peu du style et de la forme académique. L’état même de ses manuscrits est révélateur sous ce rapport. Tout y est d’un premier jet, sans ratures, presque sans ponctuation. C’est la pensée qui jaillit de source, qui court, qui se hâte, sûre d’elle-même, pleine d’aperçus originaux et ne poursuivant qu’un seul but, l’instruction et la sanctification de son auditoire.
Signalons encore que les nombreuses citations de la Bible et des Pères dont le P. d’Alzon émaille ses discours sont ordinairement faites de mémoire, sans traduction et sans référence. Vérification faite des textes, nous les redressons quand il y a lieu, et nous en donnons la traduction en note avec la référence, si possible.
Enfin les puristes et les grammairiens remarqueront sans doute, dans les instructions sur les Actes des Apôtres -prises à la volée pendant que parlait le prédicateur,- quelques termes impropres, un style peu châtié, des expressions trop banales, semblables à celles qui émaillent les conversations des enfants. Pour apprécier ce genre, il faut se mettre dans la situation de l’orateur qui, parlant de choses relevées, cherchait avant tout à soutenir l’attention de son auditoire très spécial. Il fait souvent allusion aux protestants; cela s’explique par le milieu nîmois où les protestants sont nombreux.
Malgré quelques défauts de surface, ces conférences d’allure généralement très libre sont fortement charpentées, substantielles, surnaturelles, pratiques. Leurs divisions ordinairement très nettes peuvent fournir de fructueux sujets de méditations ou d’instructions dans les collèges et tes alumnats.
Paris, 30 août 1930*.
120e anniversaire de la naissance du P. d’Alzon.