- OEUVRES SPIRITUELLES EDITEES|MEDITATIONS SUR LA PERFECTION RELIGIEUSE.|II. MEDITATIONS POUR RETRAITES
- LA VIE INTERIEURE (1)
- Méditations sur la perfection religieuse pour les Augustins de l'Assomption. Paris, 1927, II, p. 286-289.
- CO 77
- 1 APOSTOLAT
1 CONVERSION SPIRITUELLE
1 DEGOUTS
1 EPREUVES SPIRITUELLES
1 EXAMEN DE CONSCIENCE
1 FECONDITE APOSTOLIQUE
1 GRACE
1 IGNORANCE
1 TRISTESSE
1 VERITE
1 VERTUS
1 VIE DE PRIERE
1 VIE SPIRITUELLE
1 VOIE UNITIVE
3 EMMAUS - 1875
Redite, praevaricatores, ad cor(2). A combien de religieux ces paroles ne sont-elles pas applicables! Combien peu vivent réellement de la vie intérieure, c’est-à-dire de la vie perdue en Dieu! Je veux examiner les maux [causés par l’absence de vie intérieure] et les avantages de cette vie. Cet examen me découvrira peut-être et mon état véritable, et l’état d’âme et de coeur où je dois aspirer.
I. Maux causés par l’absence de vie intérieure.
1° L’ignorance de moi-même. -Comment puis-je me connaître, si je n’étudie jamais mon fond? Je vais, me supposant de telle façon, ou ne nie supposant rien du tout, parce que cela m’ennuie d’y penser; mais, du reste, me faisant sur mon compte les plus étranges illusions, parce que je ne m’étudie pas au flambeau de la foi!
2° Le dégoût du service de Dieu. -Il en résulte je ne sais quelle fatigue du service de Dieu. A chaque instant, je perds de vue mon but, qui ,est Dieu. De là un dégoût profond d’une vie forcée, machinale et qui n’a plus sa raison d’étre. Le désenchantement arrive bien vite. Je me dis: « La vie religieuse n’est-elle donc que cela?) » Et ce n’est pas étonnant. Quoi de plus triste qu’une vie d’assujettissements, sans un motif supérieur, sans la vue de la récompense finale?
3° La souffrance. -Le désenchantement fait place à une douleur intime très vive. On est effrayé, brisé, et l’on n’a pas de remède, parce que si le mal vient du fond de l’âme, le remède doit en venir aussi; or, on l’a perdu par l’absence de vie intérieure.
4° Le regret. -Quoi de surprenant si, dans cet état, les regrets de s’être donné à Dieu se font sentir! Le royaume de Dieu était en moi et je l’ai détruit.
5° La stérilité. -Mais, ce qui est incontestable, c’est la stérilité du prêtre, du religieux qui a renoncé à la vie intérieure. Je n’ai qu’à jeter les yeux autour de moi. En suis-je là?
II. Avantages de la vie intérieure.
I° La vie intérieure est une vie de vérité. -Dieu est la vérité même, et la vie intérieure ayant pour but de m’unir à Dieu, la première condition pour moi est d’être dans le vrai. plus je vis de cette vie, plus je suis dans la lumière, plus m’apparaissent les horizons divins. J’entre en relations avec Dieu que je connais d’une manière plus intime et qui se montre en moi, pour moi. Sa lumière se proportionne à mon oeil, le fortifie et l’agrandit. Dans cette lumière, je vois plus et je vois mieux, parce que je vis de la vérité.
2° La vie intérieure est une vie de grâce. -La grâce fait son travail en moi, et qui peut dire jusqu’où elle me poussera? Cette action très pure, très secrète, très intime de la grâce au fond de mon coeur est, par moments, très exigeante, il ne faut pas se le dissimuler. Tantôt elle me montre la nécessité d’une conversion à opérer à propos d’une habitude, d’un défaut, d’une imperfection: cela ne semble rien et pourtant c’est que que chose, puisqu’il m’en coûte tant d’y renoncer. Tantôt il s’agit d’assurer ma sanctification par l’acquisition des vertus que je n’ai s et que je me sens obligé de pratiquer.
3° La vie intérieure est une vie de miracles. -Quels miracles n’opère pas la prière préparée ans la vie intérieure! Il ne s’agit pas de la guérison d’un paralytique ou de la résurrection d’un mort; il s’agit de me faire du bien à moi-même et d’en faire aux autres.
Où n’arriverai-je pas avec une vie toute cachée ans le sanctuaire de Dieu, quand j’essayerai de sortir de là pour agir sur les âmes et les embraser, comme Jésus ressuscité embrasa les disciples d’Emmaüs? Tout me sera une occasion d’édifier, de guérir un coeur blessé par le vice, de ressusciter une âme tuée par le péché. C’est que la vie intérieure m’aura séparé du monde, uni à Dieu et appris à ne chercher rien qu’en lui seul. De là ma puissance.