OEUVRES SPIRITUELLES EDITEES|MEDITATIONS SUR LA PERFECTION RELIGIEUSE.|II. MEDITATIONS POUR RETRAITES

Informations générales
  • OEUVRES SPIRITUELLES EDITEES|MEDITATIONS SUR LA PERFECTION RELIGIEUSE.|II. MEDITATIONS POUR RETRAITES
  • DEGOUTS
  • Méditations sur la perfection religieuse pour les Augustins de l'Assomption. Paris, 1927, II, p. 121-123.
  • CO 37
Informations détaillées
  • 1 ACCEPTATION DE LA CROIX
    1 ANTIPATHIES
    1 CARACTERE
    1 CRITIQUES
    1 DECADENCE
    1 DEGOUTS
    1 HYPOCRISIE
    1 MANQUEMENTS A LA REGLE
    1 REFORME DU CARACTERE
    1 TIEDEUR DU RELIGIEUX
    1 TOLERANCE
    1 VOEUX DE RELIGION
    3 ANTIOCHE DE PISIDIE
    3 ASIE MINEURE
    3 CHYPRE
    3 DAMAS
    3 ICONIUM
    3 JERUSALEM
    3 LYSTRES
    3 NARBONNE
    3 PAMPHYLIE
    3 PAPHOS
    3 PERGEN
    3 ROME
    3 SELEUCIE
    3 TAURUS, MONT
  • 1875
La lettre

La conséquence la plus immédiate qui se présente au religieux trop ami de ses aises, c’est le dégoût de la vie religieuse. En effet, la vie religieuse étant une vie de perpétuel crucifiement, implique l’opposition la plus flagrante avec toute cette vie telle que tant d’hommes la recherchent aujourd’hui. Qu’il y ait de grandes sources de dégoûts dans la vie religieuse, c’est nécessaire, puisqu’il faut qu’il y ait des mérites. Le tout est de les surmonter, afin que les mérites soient augmentés. Si toutefois j’étudie les sources des dégoûts, j’en trouve plusieurs.

I. L’antipathie pour l-état lui-même.

Cela arrive pour une foule de motifs. Mais enfin, suis-je un homme sérieux, ou ne le suis-je pas? Qu’aujourd’hui, avec l’affaiblissement des idées, l’appauvrissement des principes et la dégradation des caractères, les dégoûts soient plus violents et les moyens d’y résister amoindris, qui en doute? Mais enfin, un voeu est toujours un voeu, et la manière dont on s’y soustrait aisément est, à coup sûr, ce que l’on peut voir de plus déplorable. Mon Dieu, ne permettez pas que jamais mes dégoûts s’élèvent au point de submerger mes engagements!

II. Certains abus dont on est le témoin.

Je conviens qu’en mille circonstances ces abus sont déplorables, mais à qui la faute? Sans doute aux supérieurs qui les tolèrent, mais aussi aux religieux qui y participent. Dans quelle mesure ai-je participé à ces misères? Toutefois, le remède est à côté du mal; je n’ai qu’à protester par une lutte énergique, l’effort me relèvera. Hélas! ne m’arrive-t-il pas, au contraire, de les augmenter par mes murmures, mes critiques, mes antipathies, et, en un mot, au nom des abus qui me dégoûtent, ne suis-je pas pour les autres une source de dégoûts par les abus que j’introduis?

Mon Dieu, faites tomber la poutre qui est dans mon oeil, alors seulement, comme vous le dites, j’aurai le droit d’arracher la paille qui est dans l’oeil de mon prochain.

III. L’opposition des caractères.

Sans doute, c’est à proprement parler la grande et très grande épreuve de la vie religieuse. Chacun a son caractère, et chacun se prouve par les raisons les plus excellentes que le sien est bon et que le caractère des autres est mauvais. Singulière situation; voilà vingt personnes avec leur caractère, chacun lutte contre celui des autres, un contre dix-neuf, et si des groupes se forment, ce sont de tristes coalitions, où les plus doux, c’est-à-dire les meilleurs, sont en général écrasés.

Est-ce mon histoire? Elle serait bien humiliante, et pourtant j’ai grand’peur qu’elle ne soit vraie.

IV. Mon propre caractère.

Je le porterai partout avec moi, puisqu’il n’est autre que moi-même; impossible de le rejeter comme un vêtement incommode. Non, tant que je vivrai, je l’aurai; le meilleur est de l’assouplir, de le corriger, d’en enlever les aspérités, les épines, les difficultés, et de vivre avec mon ennemi. Oh! quand pourrai-je venir à bout de moi! Oh! quand serai-je assez fort pour arracher tout ce qui en moi déplaît à moi et aux autres!

Il faut conclure. Il y aura des dégoûts partout. Je n’en trouverai nulle part, si je le veux bien, parce que je n’ai qu’à accepter rondement, courageusement, la position que Dieu m’a faite. Mes dégoûts sont ma croix, elle me préservera d’une foule d’attache terrestres si je sais les porter en chrétien et en religieux.

Notes et post-scriptum