- OEUVRES SPIRITUELLES EDITEES|MEDITATIONS SUR LA PERFECTION RELIGIEUSE|MEDITATIONS POUR LE MOIS DE MARIE
- HUITIEME JOUR
PREPARATION DE MARIE A SA VOCATION - Méditations sur la perfection religieuse pour les Augustins de l'Assomption. Paris, 1925, I, p. 374-378.
- BH 5.
- 1 CHARITE DE MARIE
1 EGOISME
1 ETUDE DES PERFECTIONS DE DIEU
1 FIDELITE A LA GRACE
1 HUMILITE DE LA SAINTE VIERGE
1 IMITATION DE LA SAINTE VIERGE
1 LEGERETE
1 LUTTE CONTRE LE MONDE
1 LUTTE CONTRE SOI-MEME
1 MOIS DE MARIE
1 PARESSE
1 RECHERCHE DE LA PERFECTION
1 VERTUS DE LA SAINTE VIERGE
1 VIE DE MARIE
1 VIE DE PRIERE - 1875
La vocation de Marie c’était sa mission d’être la Mère de Dieu. Or, pendant le temps qui s’écoule entre la présentation et le moment où l’ange annonce à Marie qu’elle serait la Mère de Dieu, que se passe-t-il? Solitude, adoration, amour. Marie se cacha dans la retraite. Marie pria. Marie aima Dieu de l’amour le plus ardent.
1° Recueillement de Marie;
2° Prière de Marie;
3° Amour de Marie.
I. Recueillement de Marie.
Il n’y a pas de vie chrétienne sans recueillement, et le recueillement exige:
1° La lutte contre la légèreté. On se laisse aller à toutes les distractions. L’âme alors est comme une maison sans portés ni fenêtres; tous les vents y entrent et en sortent sans obstacles. Un rien amuse et dissipe. On prend tout par le côté plaisant, mais quant à attacher la moindre importance aux idées de la foi, on en est incapable.
2° La fuite de la paresse. L’âme contracte je ne sais quelle indifférence, on est insouciant sur tout, et l’on n’attache d’importance à aucun des grands intérêts. L’on ne recueille pas parce qu’on est endormi.
3° Mais surtout le recueillement implique l’éloignement des préoccupations inutiles. Que de choses dont nous nous occupons à tort! Or, à force de se livrer aux affaires de la terre, on néglige complètement celles du ciel.
En dehors de ces précautions nécessaires à tout homme qui veut se recueillir, il importe de bien savoir ce dont on doit remplir l’âme qui se recueille. Elle ne peut s’user dans une inaction. Aussi est-il nécessaire de la nourrir des connaissances qui ont trait à la foi et surtout de celles qui l’initient à la vie intérieure.
Quel n’était pas le recueillement de Marie! Peut-on supposer une vierge ayant quelque souci de sa pureté et en même temps dissipée? Non, non. Son recueillement, du reste, était facile. Prévenue des grâces, sa conversation était dans le ciel. Mais pourquoi la nôtre n’y serait-elle pas aussi? Qui s’y oppose? N’avons-nous pas ces grâces, qui se multiplieront à mesure que le recueillement de notre âme les fera fructifier?
II. Prière de Marie.
Ici les expressions manquent. Qu’était la prière de Marie? Qu’étaient son humilité, son ardeur, sa persévérance? Sa vie s’écoulait tout entière à glorifier Dieu. Connaissait-elle, comme quelques-uns le supposent, qu’elle serait l’instrument de l’Incarnation du Verbe? Quelles demandes ne devait-elle pas adresser à l’adorable Trinité pour obtenir de n’être pas trop indigne d’une pareille faveur? Au contraire, ignorait-elle cette très unique vocation, comme il est bien plus probable? Alors, sauf la différence de la perfection, sa prière ressemblait bien plus à la nôtre, et nous y retrouvons l’adoration, la demande, l’action de grâces. dans les flammes les plus vives de l’amour.
Mais cette prière est-elle si parfaite qu’elle soit inimitable? Au contraire, nous devons nous y porter avec toute l’ardeur possible, en union avec celle de Marie. Marie est pour nous un type parfait. Seulement, plus nous en sommes loin. plus nous devons tendre à nous en rapprocher, et c’est là une condition importante, indispensable, de l’âme qui prétend s’unir à son Dieu.
Comment espérer aller à lui autrement que par l’acte qu’il nous impose, auquel il nous prépare et auquel il attache de si grandes faveurs? C’est par la prière que Marie communiquait avec Dieu; c’est par la prière que nous pouvons communiquer avec lui.
Quels étaient les caractères de sa prière? Il serait téméraire de le dire. Essayons de voir dans la nôtre ce qu’on peut mettre de meilleur, et nous le trouverons à un degré mille fois plus parfait dans la prière de Marie. Quant à nous, efforçons-nous, luttons contre nos misères, nos faiblesses, nos appesantissements, et soyons convaincus que, pourvu que Dieu y découvre la vraie volonté de le servir, le désir sincère de le glorifier, nous serons exaucés.
III. [Amour de Marie].
L’amour de Marie était d’autant plus grand qu’elle connaissait mieux les perfections de Dieu et, sous ce rapport, on peut encore dire qu’elle était prévenue d’une manière admirable. Mais cet amour même lui donnait le plus profond sentiment de son néant, comparé aux perfections de Dieu. Telle était la disposition [de son âme] que plus elle connaissait, plus elle aimait, et plus elle aimait, plus elle s’anéantissait par l’adoration, reconnaissant que tout lui venait par une très gratuite bonté de Dieu tout-puissant.
Admirable disposition, et qui doit bien nous faire réfléchir sur toutes nos vaines prétentions et sur cet amour si odieux de nous-même qui nous détourne de l’amour de Dieu. Combien n’est-il pas indispensable que tout en nous s’oriente vers cette préparation de l’arrivée de Jésus dans nos âmes?
Ah! sachons nous recueillir, adorer, aimer, et nous perdant dans cette pensée que Dieu veut venir en nous, séparons-nous du monde. Adorons Dieu, aimons-le comme il y a droit.