OEUVRES SPIRITUELLES EDITEES|MEDITATIONS SUR LA PERFECTION RELIGIEUSE|MEDITATIONS SUR LA PASSION DE NOTRE SEIGNEUR

Informations générales
  • OEUVRES SPIRITUELLES EDITEES|MEDITATIONS SUR LA PERFECTION RELIGIEUSE|MEDITATIONS SUR LA PASSION DE NOTRE SEIGNEUR
  • DIMANCHE DE LA PASSION
  • Méditations sur la Perfection Religieuse pour les Augustins de l'Assomption. Paris, 1925, I, p. 289-291.
  • CO 8
Informations détaillées
  • 1 AMOUR DE DIEU POUR SA CREATURE
    1 AMOUR DE JESUS-CHRIST POUR LES HOMMES
    1 AMOUR DU CHRIST
    1 AUGUSTIN
    1 LUTTE CONTRE LE MONDE
    1 PASSION DE JESUS-CHRIST
    1 PECHE
    1 RECHERCHE DE LA PERFECTION
    1 REDEMPTION
    1 SATAN
    1 SOUFFRANCES DE JESUS-CHRIST
    2 JEAN, SAINT
  • 1875
La lettre

Ante diem festum Paschae, sciens Iesus quia venit hora eius ut transeat ex hoc mundo ad Patrem(1). N’allons pas plus loin. Voilà l’heure solennelle de l’accomplissement des prophéties, voilà la plénitude des temps; l’heure de la rédemption a sonné. Etudions. La Pâque figurative va être célébrée, et Jésus, le véritable Agneau, va passer de ce monde à son Père. Quelle leçon! 1° Jésus passe pour retourner là d’où il était parti; 2° nous passons, nous, pour aller de la terre au ciel.

I. Jésus retourne à son Père.

Qui a présidé aux mystères de la Rédemption? L’amour. Dans le sein même du Père, l’amour a tout fait. Dieu a tant aimé le monde, qu’il a donné son Fils. Sic… Deus dilexit mundum(2) Et le Fils a aimé dès le commencement et jusqu’à la fin: In finem dilexit. L’amour l’a fait descendre du ciel, l’amour l’a conduit à la crèche, à l’atelier de Nazareth, au Jardin des Olives, à la croix. C’est lui qui est la dernière raison de tout ce qui a été fait. « Sic Deus dilexit: Dieu a tant aimé. » Pourtant, ceux qu’il aimait étaient des pécheurs, des révoltés et des ingrats. N’importe, il n’est pas venu appeler les justes, mais les pécheurs; il nous le déclare lui-même.

O Jésus, c’est dans votre amour seul que je trouve la raison de vos humiliations, de vos souffrances, de votre mort. Passez, divin Agneau, et que votre sang, marquant mon âme, me préserve des coups de l’ange de la mort. Car, Seigneur, autre chose est passer de ce monde ou passer avec le monde; passer vers le Père, ou passer à l’ennemi(3). Saint Augustin, à qui j’emprunte cette pensée, me fait frémir, Seigneur! Que je ne passe jamais avec vos ennemis, mais qu’avec vous je passe vers votre Père.

II. Passage pour nous de la terre au ciel.

Jésus descend sur la terre pour nous chercher, et le Fils de l’homme est venu chercher et sauver ce qui avait péri. Mais en nous cherchant, il savait bien notre origine; nous sommes l’oeuvre des mains de Dieu. Le péché avait accompli un premier passage du paradis à la terre de désolation, de la première patrie à l’exil, et cet exil devait durer toujours. Mais Jésus-Christ est venu imprimer à l’humanité un mouvement contraire; il est venu lui donner une impulsion vers le ciel. Voilà le but admirable qu’il se propose. Mais examinons. Où suis-je? Dans le monde. Et Jésus dit que le prince de ce monde est Satan: Princeps huius mundi(4). Si, par le péché, je suis de ce monde, du même coup je suis l’esclave de Satan. Il faut que, par la grâce de Jésus-Christ, je m’arrache à cet esclavage pour pouvoir, avec Jésus-Christ, retourner vers son Père, vers Dieu. J’ai donc, moi aussi, à accomplir mon passage, et les deux termes sont le monde et le ciel, Satan et Jésus-Christ, le prince du monde et le Roi du ciel. Tel est le mystère où Jésus-Christ fait tout, mais où il me faut à mon tour faire quelque chose, car si je ne veux pas accomplir le passage auquel Jésus-Christ m’invite, je ne passerai pas.

Seigneur, qui passez de ce monde à votre Père, et qui avez voulu m’aimer jusqu’au bout, apprenez-moi à passer après vous à travers les ennemis qui s’opposent à ma marche, et que, vainqueur de tous les obstacles, j’arrive avec vous au terme où veut me conduire votre amour.

Notes et post-scriptum
1. "Avant la fête de Pâques, Jésus, sachant que son heure était venue de passer de ce monde au Père."
2. Ioan. III, 5.
3. *Aliud est transire de mundo, aliud transire cum mundo; aliud ad Patrem, aliud ad hostem*. (Tract. LV in Ioan.)
4. Ioan. XII, 31; XIV, 30; XVI, II.