- OEUVRES SPIRITUELLES EDITEES|MEDITATIONS SUR LA PERFECTION RELIGIEUSE|MEDITATIONS SUR LA PASSION DE NOTRE SEIGNEUR
- DISPOSITIONS POUR ENTRER DANS LA MEDITATION DE LA PASSION DE NOTRE-SEIGNEUR JESUS-CHRIST
- Méditations sur la Perfection Religieuse pour les Augustins de l'Assomption. Paris, 1925, I, p. 285-289.
- CO 8
- 1 AMOUR DE JESUS-CHRIST POUR LES HOMMES
1 AMOUR DU CHRIST
1 ANEANTISSEMENT DE JESUS-CHRIST
1 FOI
1 HUMILITE
1 IMITATION DE JESUS CHRIST
1 LUTTE CONTRE LE PECHE
1 MORT DE JESUS-CHRIST
1 ORGUEIL
1 PASSION DE JESUS-CHRIST
1 RECHERCHE DE LA PERFECTION
1 RECONNAISSANCE
1 SOUFFRANCE ACCEPTEE
1 SOUFFRANCES DE JESUS-CHRIST
2 ISAIE, PROPHETE
2 JEAN, SAINT
2 PAUL, SAINT
2 PIERRE, SAINT - 1875
Ante diem festum Paschae sciens Iesus quia venit hora eius ut transeat ex hoc mundo ad Patrem, cum dilexisset suos qui erant in mundo, in finem dilexit eos(1).
Voilà ce qui amène Jésus-Christ à la mort. Son amour, les chaînes de l’amour le traînent au supplice. par quelle disposition dois-je répondre à l’amour de mon Dieu se préparant à mourir pour moi? Je m’arrête principalement à celles-ci -1° la foi; 2° l’humilité; 3° l’horreur du péché; 4° l’imitation de ce qu’il souffre, par la pénitence; 5° l’amour reconnaissant.
I. La foi.
Oui, un Dieu est mort pour moi, voilà le mystère proposé à ma foi. Le flambeau de la foi doit m’éclairer à travers tous les détails de ce prodige. Des yeux de l’imagination, je ne vois qu’un homme méprisé, despectum. Je vois un homme méconnaissable: Vidimus eum… nec reputavimus eum(2). Je ne vois qu’un condamné à mort. Mais avec les yeux de la foi je vois un Dieu m’aimant jusques au bout de toutes les souffrances, et, par tous les détails de sa douleur, m’apprenant et la justice de son Père et la profondeur de mes péchés. Ma foi doit se fortifier dans ce spectacle si affreux et en même temps si fécond. Oui, Seigneur, je crois que vous êtes mort pour moi, après avoir été l’homme des douleurs pour moi, et que vous m’avez aimé jusqu’à la fin.
II. L’humilité.
Quelle condamnation de mon orgueil! Quand je vois un Dieu fait homme pour devenir un supplicié, que puis-je prétendre avec mon péché? Et pourtant, dès que la foi me présente un Dieu livré, garrotté, flagellé, couronné d’épines, crucifié, elle me montre un Dieu anéanti. Et c’est devant ce Dieu que je prétends être quelque chose: Semetipsum exinanivit forman servi accipiens(3). Il a pris pour moi la forme d’un esclave, tout ce qu’il y avait de plus vil dans l’humanité, et je veux que les hommes me traitent comme si j’étais quelque chose. Mon Dieu, apprenez-moi que le néant n’a droit à rien, et que le péché n’a droit qu’au supplice, et alors peut-être, à votre exemple, ô Dieu anéanti, je consentirai enfin à devenir humble.
III. Détestation du péché.
En effet, j’en vois les cffets terribles pendant la passion de mon Maître. Pourrais-je ne pas comprendre que ce sont mes péchés qui le font souffrir? La paye du péché, c’est la mort: Stipendia enim peccati mors(4). Eh bien! il faut que je passe par la mort, et une mort inutile, puisque, après, la justice divine ne sera pas plus satisfaite. Voilà pourquoi un Dieu engloutit la mort en lui: Deglutiens mortem(5). Oui, mais s’il engloutit ainsi la mort, c’est pour mon péché qu’il meurt. Je suis, par mon péché, la cause de la mort, et de la mort d’un Dieu plein de tendresse pour moi; et je ne détesterais pas le péché!
IV. Imitation des souffrances de Jésus.
« J’accomplis en moi, dit saint Paul, ce qui manque à la Passion de Jésus-Christ. »(6) A proprement parler, il n’y manque rien; mais l’Apôtre sent que la chair ayant péché, il faut que la chair souffre. Adimpleo… in carne mea(7). Mon Dieu, quand me mettrai-je à souffrir sérieusement dans ma chair, dans la mesure où vous le désirez? Me voilà prêt à accepter ce qu’il vous plaira de m’envoyer et à y ajouter quelques pénitences volontaires, pour vous prouver combien le péché m’est odieux, combien je désire le détruire en moi, et vous prouver ainsi à quel point je désire participer à votre douloureuse Passion.
V. Amour reconnaissant.
O Jésus, permettez-moi de vous demander pourquoi vous souffrez, pourquoi vous mourez ainsi. Et j’ai cette réponse: Sic… Deus dilexit mundum(8). Voilà à quel point un Dieu a aimé. Ce Dieu, c’est votre Père; ce Dieu, c’est vous qui ne faites qu’un avec lui. O amour de Dieu qui conduisez un Dieu au Calvaire pour mourir sur une croix, apprenez-moi à vivre d’un amour reconnaissant où toute mon existence aille se perdre. Je veux vous aimer, Seigneur, autant que mes forces le permettront, mais ces forces seront centuplées par un amour reconnaissant. Voilà, mon Dieu, que je veux être à vous dans la plus profonde reconnaissance. Prenez-moi, disposez de moi, et puisque vous m’avez tant aimé, moi misérable pécheur, que je vive pour vous dans tous les détails de ma vie, dans mes épreuves, mes humiliations, mes souffrances, et qu’avec vous je meure attaché par l’amour à la croix ou vous m’avez tant aimé.
2. "Nous l'avons vu...[dans un tel état] que nous n'avons fait aucun cas de lui" (Is. LXXX, 3.)
3. "Il s'est anéanti lui-même en prenant la forme d'un esclave." (Phil. II, 7.)
4. Rom., VI, 23.
5. I Petr. III, 22.
6. Col. I, 24.
7. "[Ce qui manque aux souffrances du Christ] je le complète dans ma chair." (Col. I, 24.)
8. "Dieu a tant aimé le monde!" (Ioan. III, 5.)