- OEUVRES SPIRITUELLES EDITEES|MEDITATIONS SUR LA PERFECTION RELIGIEUSE|MEDITATIONS POUR LE CAREME
- JEUDI DE LA PREMIERE SEMAINE DE CAREME
[SUR L'EVANGILE DE LA FERIE:. Matth. XV, 21-28] - Méditations sur la Perfection Religieuse pour les Augustins de l'Assomption. Paris, 1925, I, p. 211-214.
- CO 6-7
- 1 CAREME
1 EMPIRE DE SATAN
1 FOI
1 HUMILITE
1 MIRACLES DE JESUS-CHRIST
1 PRIERE DE DEMANDE
1 RECHERCHE DE LA PERFECTION
1 SALUT DES AMES
1 ZELE APOSTOLIQUE
2 ABRAHAM
2 MATTHIEU, SAINT - 1875
I. Voici une pauvre mère qui demande la guérison de sa fille, possédée du démon, qui la tourmentait cruellement. Fixons nos regards d’abord sur cette puissance étonnante donnée au démon, et que Notre-Seigneur a si puissamment amoindrie. Serait-il vrai que, de nos jours, le démon s’attache moins à tourmenter les corps parce qu’il poursuit davantage les âmes? Les âmes baptisées lui sont des victimes plus précieuses. Il les tente plus subtilement, et lorsque l’on considère les ravages qu’il exerce sur elles, on est bien forcé de reconnaître que bien des mères pourraient dire à Jésus- Christ: Seigneur, non pas ma fille, mais mon fils a le diable au corps. Que de supérieures peuvent le dire de leurs religieuses, que de supérieurs de leurs religieux!
II. Jésus semble n’y pas faire attention, tant la chose lui paraît naturelle. Il laissa la Chananéenne crier après lui. Mystère effroyable! Que d’âmes pour lesquelles on prie et pour lesquelles on semble prier vainement. Jésus-Christ reste en apparence sourd. Mais l’homme apostolique ne doit jamais se décourager. C’est là le mystère. Il prie; sa prière semble vaine. Elle est pourtant féconde s’il sait persévérer. Toutes les nations seront bénies en Abraham, mais après combien de siècles? Trois cents ans de martyre sont nécessaires pour la pleine manifestation de l’Eglise, et depuis, que de vicissitudes! Pourtant, le travail divin se poursuit, les saints sont enfantés, l’Eglise étend ses pavillons et le nouvel Israël apparaît.
III. Toutefois, les disciples sont importunés, par les cris de la pauvre mère: « Accordez-lui ce qu’elle vous demande et laissez-la aller. » Jésus oppose un refus formel: « Je n’ai été envoyé, dit-il, qu’aux brebis perdues de la maison d’Israël. » Je n’ai pas à m’occuper des païens, j’ai assez de travail au sein du peuple choisi. « Il n’est pas juste de prendre le pain des enfants et de le jeter aux chiens. » Quelle rudesse apparente! Mais quelle humilité dans la suppliante! « Oui, sans doute, Seigneur, mais les petits chiens ne mangent-ils pas les miettes qui tombent de la table de leur maître? » Quelle humilité et quelle délicatesse dans une pareille supplication! Et mes prières ne seraient-elles pas exaucées si elles étaient faites dans un semblable esprit!
IV. Aussi Jésus-Christ, à bout de résistance, n’y tient plus, si l’on peut dire ainsi: « O femme, s’écrie-t-il à son tour, que votre foi est grande! qu’il vous soit fait comme vous l’avez demandé. » Et à l’heure même la jeune fille fut guérie!
Trois admirables leçons ressortent pour moi de cet Evangile: l’union de la foi, de la persévérance et de l’humilité dans la charité. Pour faire du bien aux âmes, il faut les aimer comme la Chananéenne aimait sa fille, et persévérer dans la foi et l’humilité. Et Jésus ne sera pas sourd, malgré ses apparents rebuts; il finira par nous exaucer en louant notre foi, et, par une merveilleuse condescendance, en soumettant sa volonté à la nôtre.