OEUVRES SPIRITUELLES EDITEES|MEDITATIONS SUR LA PERFECTION RELIGIEUSE|MEDITATIONS POUR LE TEMPS DE NOEL

• OEUVRES SPIRITUELLES EDITEES|MEDITATIONS SUR LA PERFECTION RELIGIEUSE|MEDITATIONS POUR LE TEMPS DE NOEL
• 11 JANVIER.
  OCTAVE DE L'EPIPHANIE
  OFFRANDE DES DONS APPORTES PAR LES MAGES
• Méditations sur la Perfection Religieuse pour les Augustins de l'Assomption. Paris, 1925, I, p. 55-58.
• CO 3.

• 1 ADORATION
  1 AMOUR DU CHRIST
  1 AUMONE
  1 DIVINITE DE JESUS-CHRIST
  1 EPIPHANIE
  1 HUMANITE DE JESUS-CHRIST
  1 MAGES
  1 MORT DE JESUS-CHRIST
  1 PENITENCES
  1 RECHERCHE DE LA PERFECTION
  1 ROI DIVIN
  1 VOEU DE PAUVRETE
  2 MATTHIEU, SAINT
• 1875

Et apertis thesauris suis obtulerunt ei munnera aurum, thus et myrrham(1). Les dons offerts par les Mages ont été expliqués de diverses manières par les docteurs de l’Eglise: tantôt c’est l’or de la charité, l’encens de la prière, la myrrhe de la pénitence; tantôt ces dons sont le signe des trois caractères de Jésus-Christ: il est roi, il est Dieu, il est homme. Unissons ces pensées diverses et faisons-en sortir quelques conclusions pratiques.

I. Les Mages offrent de l’or. -On paye un tribut aux rois; ils ont le droit de lever des impôts, et les percepteurs des impôts, dans le royaume de Jésus, ce sont les pauvres. Ce que vous aurez fait au moindre d’entre eux, c’est à moi que vous l’aurez fait(2). Mais un religieux est pauvre lui-même. Quels sont les saints qui ont le plus donné? Ceux qui étaient les plus pauvres. Ne voulant rien pour eux, ils avaient plus le droit de demander pour les autres, et telle est, dans notre famille religieuse, une des raisons de notre amour de la pauvreté, c’est que nous puissions, par nos retranchements, offrir davantage à Jésus dans la personne des pauvres. Vérité de la plus haute importance, sur laquelle je ne saurais trop méditer. Si je veux donner beaucoup à Jésus, il faut que je me prive beaucoup, afin de verser le plus possible entre les mains de ses collecteurs d’impôts.

II. Les Mages offrent de l’encens. -Leur foi a découvert un Dieu dans le petit Enfant; ils l’ont adoré, est-il étonnant qu’ils lui apportent le produit de l’Orient, symbole de l’adoration offerte à la divinité? Quant à moi, j’ai quelque chose de plus excellent à offrir, c’est l’adoration dans la prière. L’encens, c’est un parfum qui se résout en fumée, montant vers le ciel quand on le pose sur le feu. C’est mon âme tout entière qui doit se transformer en saints désirs quand elle sera embrasée par les flammes d’un très pur amour. Ces flammes doivent partir du coeur de Jésus. Elles doivent, sinon consumer tout mon être [du moins l’embraser] dans cette adoration éperdue où je m’écrierai avec transport: Dixi Domino: Deus meus es tu(3).

III. Les Mages offrent de la myrrhe. -Jésus a pris un corps semblable au nôtre pour en subir les infirmités, et la plus extrême des infirmités, la dissolution de la mort. La myrrhe, par son amertume et son âcreté, a, dit-on, le privilège de retarder ce dernier châtiment du péché sur le corps humain. Mais quand on offre de la myrrhe à quelqu’un, on lui rappelle qu’il en a besoin pour échapper à quelque chose des horreurs de la mort. Oui, Jésus veut être sujet à la mort, et quoique le Saint des saints ne doive pas voir la corruption en lui, cependant il veut accepter l’humiliation du tombeau. Les Mages le lui rappellent et en même temps nous enseignent cette corruption finale dont notre corps ne sera pas préservé, mais dont nous pouvons préserver notre âme par la myrrhe de la pénitence. O Dieu, donnez-moi donc de pouvoir être assez mortifié pour réparer en moi les effets de la corruption du péché, et pour me préserver désormais de toute atteinte de la mort spirituelle.