- TD 8.192
- ARTICLES|ARTICLES DU PELERIN|PRONES
- DEUXIEME DIMANCHE DE CAREME
- Le Pèlerin, N. S., IV, n° 164, 21 février 1880, p. 951.
- TD 8, P. 192; CO 194.
- 1 ANEANTISSEMENT DE JESUS-CHRIST
1 APOSTOLAT
1 CONDITIONS DE L'APOSTOLAT
1 DIEU LE FILS
1 GLORIFICATION DE JESUS-CHRIST
1 HUMILITE DE JESUS-CHRIST
1 IMITATION DE JESUS CHRIST
1 JESUS-CHRIST DOCTEUR
1 JUIFS
1 MORT DE JESUS-CHRIST
1 PASSION DE JESUS-CHRIST
1 PAUVRETE DE JESUS-CHRIST
1 TRANSFIGURATION
1 VIE DE RECUEILLEMENT
2 ELIE, PROPHETE
2 JACQUES, SAINT
2 JEAN, SAINT
2 JOSEPH, SAINT
2 MOISE
2 PIERRE, SAINT
3 NAZARETH - 21 février 1880.
- Paris
Le Thabor où Jésus-Christ se transfigure entre Moïse et Elie, en présence de Pierre, Jacques et Jean, est pour les apôtres un encouragement à porter, après le spectacle de la gloire du Sauveur, le spectacle humiliant de sa passion. Il se transfigure quand il le veut, en s’entourant de la Loi et des Prophètes; il descend aux extrémités des souffrances et des anéantissements; et tout cela, parce qu’il le veut. Mais pourquoi le veut-il? Pour notre enseignement. Quaecumque scripta sunt, ad doctrinam vestram scripta sunt. Ne nous faisons pas illusion; nous aussi nous devons nous transfigurer. Seulement, tandis que pour le Sauveur le Thabor précède le Calvaire, pour nous le Calvaire doit précéder le Thabor. Quant au prodige qui nous rendra semblables à Jésus-Christ, le moyen est tout entier dans la parole descendue du ciel. Transporté d’admiration à la vue de Moïse et d’Elie s’entretenant avec Jésus de son départ, de egressu ejus, c’est-à-dire de sa passion, Pierre, toujours prêt à parler, s’écrie: « Seigneur, il nous est bon d’être ici. Voulez-vous que nous y fassions trois tabernacles, un pour vous, un pour Moïse et un pour Elie? » Etrange idée. Pierre ne pensait pas à tout, et il parlait en parfait ignorant; mais il y avait dans ce cri un immense élan d’amour. Tout à coup le prodige s’arrête. Une nuée lumineuse les enveloppe et une voix se fait entendre: « Celui-ci est mon fils bien-aimé en qui j’ai mis toutes mes complaisances, écoutez-le ». Jésus, l’objet des complaisances de Dieu, est notre seul et unique docteur; c’est lui que nous devons écouter, et quand Pierre, Jacques, Jean et les autres apôtres iront prêcher l’Evangile jusqu’aux extrémités du monde, c’est toujours Jésus que l’on entend et que l’on doit écouter. Oui, il faut écouter Jésus pour comprendre à quel degré de perfection nous devons nous élever; il faut écouter Jésus pour nous rendre compte de toutes les vertus que nous devons imiter en lui, et de tous les combats à livrer pour parvenir à rendre de plus en plus complète notre ressemblance avec un modèle pareil.
Au moment de la transfiguration, où était la demeure de Jésus? L’atelier de Nazareth avait été fermé; il n’est jamais question de saint Joseph pendant la vie apostolique de Sauveur, et au moment de ce prodigieux triomphe il pouvait dire plus que jamais avec vérité: « Le Fils de l’homme n’a pas où reposer se tête ». Il était couvert d’un vêtement de gloire et pratiquait la plus rigoureuse pauvreté. Quelles apparentes contradictions! En voici une autre: Moïse et Elie viennent lui offrir leurs adorations comme d’humbles serviteurs; il cause avec eux, et de quoi? De sa mort prochaine. Celui en qui son Père a mis ses complaisances va être condamné par les Juifs; l’auteur de la vie va subir la mort. Pénétrez avec la lumière de la foi dans ce plan mystérieux, et contemplez cet homme qui déposera la vie terrestre comme un vêtement d’humilité pour se couvrir du manteau royal pour le triomphe éternel. O Dieu! Qu’est-ce à dire? Poussons plus loin: « Ecoutez-le », dit la voix du Père, « Ipsum audite. » Et le Fils: « Au moins ne dites à personne la vision que vous avez eue, jusqu’à ce que le Fils de l’homme soit ressuscité d’entre les morts: Visionem quam vidistis, nemini dixeritis, donec a mortuis Filius hominis resurgat« . C’est qu’en effet c’est au fond intime de l’âme qu’il faut écouter et conserver la parole de Dieu, et c’est dans le silence qu’il la faut méditer avant de la communiquer aux autres.
Faites, Seigneur, qu’en étudiant les moindres détails de votre vie sur la terre, je vous imite dans vos anéantissements, afin de triompher avec vous dans l’éternelle gloire.