- TD 8.81
- ARTICLES|ARTICLES DU PELERIN|PRONES
- DIMANCHE APRES L'ASCENSION
- Le Pèlerin, N. S., II, n° 74, 1er juin 1878, p. 358-359.
- TD 8, P. 81; CO 206.
- 1 APOTRES
1 CONFIANCE EN LA SAINTE VIERGE
1 DONS DU SAINT-ESPRIT
1 EPOUSE DU SAINT-ESPRIT
1 EPREUVES DE L'EGLISE
1 EPREUVES SPIRITUELLES
1 HIERARCHIE ECCLESIASTIQUE
1 INSPIRATION BIBLIQUE
1 JESUS-CHRIST MEDIATEUR
1 MARIE
1 MERE DE L'EGLISE
1 PERSEVERANCE
1 PLAN DE DIEU
1 PRIERE POUR L'EGLISE
1 PRIERES PUBLIQUES
1 PRIMAUTE DU PAPE
1 RETRAITE SPIRITUELLE
1 SAINT-ESPRIT
1 SEMINAIRES
1 SUCCESSION APOSTOLIQUE
1 TRIOMPHE DE L'EGLISE
1 UNIVERSALITE DE L'EGLISE
1 VERTUS DE L'APOTRE
1 VIE DE JESUS-CHRIST
2 JUDAS
2 MATHIAS, SAINT
2 MOISE
2 PIERRE, SAINT
3 JERUSALEM
3 JERUSALEM, CENACLE
3 JUDEE
3 SAMARIE - 1 juin 1878.
- Paris
Jésus-Christ a terminé son oeuvre. Il est né dans la pauvreté; il a grandi dans l’obscurité, le travail et l’obéissance; il a prêché trois ans; puis la fureur de ses ennemis, parvenue à son comble, l’a livré aux Gentils. Il a été flagellé, couronné d’épines, crucifié; il est mort, et le troisième jour, ainsi qu’il l’avait prédit, il est ressuscité. Il vit sur la terre quarante jours encore, se montrant par moments à ses disciples. Il leur adresse ses dernières recommandations, il fonde la hiérarchie ecclésiastique par Pierre et les apôtres; il les bénit tous, et, à leur vue, il monte au ciel, leur recommandant de ne point se séparer qu’ils n’eussent été revêtus de la vertu d’en haut.
En effet, les apôtres et une centaine de disciples, avec Marie et les saintes femmes, se retirèrent au Cénacle. Etudions ce qui s’accomplit pendant ces dix jours, de l’Ascension à la Pentecôte. Rien de plus important, si nous voulons avoir quelque intelligence des mystères divins.
I. Les apôtres entrent dans une profonde retraite, se séparent des hommes. Quiconque veut se préparer à une oeuvre importante doit se recueillir et réfléchir fortement à ce qu’il se propose d’entreprendre. Quelle oeuvre plus importante que la dilatation de l’Eglise par la prédication de l’évangile? « Vous serez mes témoins, avait dit le Sauveur, à Jérusalem, dans la Judée, la Samarie, jusqu’aux extrémités de la terre, usque ad ultimum terrae« . Quelle nécessité de rendre ainsi ce témoignage lointain? Quelle disposition à donner à de pareils travaux? Quels moyens prendre pour réussir? Sur quels secours compter? Questions très graves et qui méritaient quelques jours de réflexion.
II. Les apôtres ne s’en tiennent pas à leurs réflexions solitaires, ils prient en commun, et erant orantes unanimiter. Rien ne touche Dieu comme ces prières unanimes, dans lesquelles l’Eglise lui fait une filiale violence. L’Eglise était à peine formée, entre le côté ouvert du Sauveur, d’où elle sortit sur la croix, et le souffle violent de la Pentecôte qui la remplit de l’Esprit divin. Etudions le mystère de cette prière unanime qui donne à l’oeuvre apostolique son cachet spécial. Jésus-Christ est monté au ciel pour demander à son Père le fruit de sa passion et de sa victoire sur la mort. Les apôtres, malgré la promesse de leur Maître, sont seuls et orphelins. Cela ne durera pas, mais il en est ainsi pour ces jours d’abandon. Les apôtres prient. Ils savent qu’ils ne seront pas laissés orphelins, et leurs prières montent vers le ciel avec unanimité: et erant perseverantes unanimiter in oratione. Grande leçon que cette persévérance dans la prière. Certes, elle ne fera pas tout; mais pourtant combien ne contribuera-t-elle pas à attirer l’Esprit-Saint! Comme elle prépare les apôtres à le recevoir! Pensons-y. Voulons-nous faire l’oeuvre de Dieu? Prions. Sachons prier avec nos frères, avec les chrétiens qui partagent nos désirs. La prière obtient tout, surtout quand elle demande avec persévérance le secours de Dieu.
Le propre de la prière d’une foule de gens qui se plaignent de ne pas obtenir, c’est de ne pas persévérer. La persévérance faisant défaut, les dons de Dieu s’arrêtent. Et pourtant le Saint-Esprit l’a dit: Oportet semper orare, et numquam deficere. Heureuse persévérance! Que n’obtient-elle pas, quand elle va jusqu’au bout sans découragement?
III. Mais déjà Pierre a pris la place que son Maître lui a assignée; il se lève et propose l’élection du remplaçant de Judas. Tel est le commencement de la succession apostolique. Par quel mystère le premier apôtre qui vient à manquer est-il le plus infâme des traîtres? N’est-ce pas pour nous enseigner que les plus grands scandales, de la part de ceux qui occupent la chaire de Moïse, ne doivent jamais ébranler notre confiance? Le Saint-Esprit, en dictant l’Evangile ou les Actes des apôtres, n’a pas tenu à dissimuler ces abominations. Elles retombent tout entières sur ceux qui s’en imposent volontairement le sacrilège. L’histoire nous montrera des malheurs analogues. L’Eglise repoussera ces ministres prévaricateurs; elle les laissera aller en leur lieu, in locum suum, et elle passera, poursuivant sa destinée à travers les épreuves du dehors et les épreuves bien autrement terribles du dedans. Le plan divin s’accomplira: les apôtres fidèles consoleront Jésus de la perfidie de celui qui gardait les écus, Matthias sera mis au nombre des apôtres, le vide sera comblé et l’Evangile n’aura perdu aucun de ses hérauts.
IV. « Ils étaient avec les femmes et Marie, la mère de Jésus ». Les femmes font le cortège de Marie, mais Marie, mère de Jésus, devait aussi être là pour tenir son rang exceptionnel. La mère de Jésus était, en un sens très profond, la mère de l’Eglise; elle en était la plus grande avocate, la protectrice, et il convenait que l’épouse de l’Esprit-Saint fût le témoin du plus grand acte extérieur accompli par cet Esprit divin, après celui par lequel avait eu lieu l’incarnation du Verbe dans les entrailles de Marie.
Nous aussi, appelons Marie toutes les fois qu’il s’agira de quelque oeuvre importante. Quelles forces surnaturelles sa protection ne nous attirerait-elle pas! Ne terminons pas le mois qui lui est consacré, sans faire un résumé de toutes les résolutions que nous y avons prises, déposons-les à ses pieds maternels et que, dans quelques jours, quand le Saint-Esprit descendra avec ses flammes sur les chrétiens, Marie, leur mère et leur reine, en dirige une part abondante sur ceux qui lui sont le plus dévoués.
V. Le Cénacle fut le premier séminaire, séminaire apostolique si l’on veut, le plus parfait de tous. Il fut court, parce que Jésus-Christ avait fait, pendant trois ans, la préparation à l’apostolat d’hommes qui ne comprenaient presque jamais rien, ipsi autem nihil horum intellexerunt. Quels hommes bornés que ces premiers séminaristes! Pourtant, quand le Saint-Esprit leur eut communiqué ses dons, quels prodiges de parole n’accompliront-ils pas! Demandons au Saint-Esprit de se poser sur les lèvres de nos prêtres, de nos évêques. Qu’il communique de la plénitude de sa lumière et de sa force au chef de son Eglise, et qu’il le conduise comme par la main au milieu des dangers dont l’entourent les méchants.
Seigneur, ne nous laissez pas orphelins. Envoyez-nous l’esprit d’obéissance, afin que, guidés par les chefs inspirés par vous, nous ayons pour pasteurs de vrais apôtres qui fassent triompher votre Eglise de tous ses ennemis par la vertu d’en haut.