- TD 7.327
- ARTICLES
- L'UNIVERSITE, SEMINAIRE DE LA FRANC-MACONNERIE, SELON DE MALADROITS DEFENSEURS
II - Gazette de Nîmes, 14 avril 1875
- CP 22; TD 7, P. 327-336.
- 1 AUMONIERS SCOLAIRES
1 AUTORITE DE L'EGLISE
1 CHARITE ENVERS LE PROCHAIN
1 CIEL
1 DROITS DE DIEU
1 ENNEMIS DE L'EGLISE
1 ENSEIGNEMENT OFFICIEL
1 FOI
1 FRANC-MACONNERIE
1 FUNERAILLES
1 HAINE CONTRE DIEU
1 HAINE ENVERS LA VERITE
1 HERESIE
1 INTOLERANCE
1 LIBERALISME
1 MINISTRES PROTESTANTS
1 MONOPOLE UNIVERSITAIRE
1 PERSECUTIONS
1 PROTESTANTISME ADVERSAIRE
1 PROVISEURS
1 RATIONALISME
1 SATAN
1 SCEPTICISME
1 THOMAS D'AQUIN
1 TOLERANCE
1 UNITE DE L'EGLISE
1 UNIVERSITES CATHOLIQUES
2 BONAVENTURE, SAINT
2 CAZEAUX, DOMINIQUE
2 COQUEREL, ATHANASE
2 FRAYSSINOUS, DENIS-ANTOINE
2 JOUBIN, L.
2 LAMENNAIS, FELICITE DE
2 MICHEL, SAINT
2 PAUL, SAINT
2 PIE IX
2 SALOMON
2 SARCEY, FRANCISQUE
2 SERVET, MICHEL
2 SOCIN
2 VIGUIE, JEAN-ARISTE
3 HOLLANDE - 14 avril 1875,
- Nîmes
La Réforme fut d’abord très dogmatique; mais le principe du libre examen introduit dans son sein, y porta immédiatement les perturbations les plus étranges; la masse des croyances fondait tous les jours. Quelques-uns du premier coup comme Socin, comme Servet, étaient allés à l’extrême; mais le gros de l’hérésie procédait plus lentement. Pourtant, de synode en synode, il fallut en venir à amoindrir tellement les vérités qu’on ne garda plus que les articles fondamentaux; digue impuissante bientôt franchie par le rationalisme envahissant. Alors on parla de tolérance; mais encore une fois, la tolérance était le dédain logique de toute vérité; pour le rationaliste, la vérité n’est plus vraie puisqu’elle est incertaine. De là au mépris et du mépris à la haine, (dès que ce qu’on regarde comme très contestable est une loi opposée aux aspirations plus ou moins morales du coeur humain), il n’y a qu’un pas. A ce point fatal, les passions s’unissent, conspirent dans un intérêt commun; les associations secrètes se forment, et voilà la Franc-maçonnerie.
La Franc-maçonnerie n’est pas une hérésie: c’est la conspiration de toutes les puissances humaines révoltées contre les droits de Dieu promulguées par la loi divine au nom de la vérité révélée. Nous ne sommes plus sûrs de rien en matière de vérité, disent les chefs francs-maçons; laissons croire aux grades inférieurs que toutes les religions sont bonnes; pour nous, elles sont toutes mauvaises, puisqu’elles sont toutes fausses; et puisque nous ne sommes sûrs de rien, nos passions nous font trouver un intérêt majeur à ne rien croire, pour avoir le droit de tout faire. Sapons toutes les religions, mais surtout celle qui, au nom de Dieu, se pose avec l’autorité la plus énergique; guerre à l’Elise catholique! Tel est l’antique combat de Michel contre Lucifer; mais Michel a vaincu, et quoi qu’on fasse, il vaincra encore.
L’homme est ainsi fait qu’il veut perpétuer ses oeuvres; la Franc-maçonnerie qui se recrutait parmi les hommes faits, voulut s’adresser à l’enfance; par là elle avait la chance de durer. D’abord, elle attaque l’education catholique; de là l’expulsion des Jésuites; de là ensuite le monopole universitaire; de là enfin l’Université, telle que nous la laissent voir MM. Viguié, Joubin, Sarcey. Déjà, il est vrai, M. de Lamennais, dans sa fameuse lettre à Mgr Frayssinous, avait appelée l’institution napoléonnienne, le vestibule de l’enfer. C’était bien dur; mais si l’Université, aux yeux des catholiques, prépare des générations de damnés, que peut-elle être?
Or, des amis très chauds, mais très peu prudents de l’Université, se sont chargés de nous le dire; nous ne la jugerons aujourd’hui que par leurs paroles.
Un ministre protestant, aumônier du lycée, meurt. -L’aumônier catholique, consulté, dit ce qu’il croit être les traditions de l’établissement. Les traditions de l’établissement sont donc d’envoyer les élèves catholiques à l’enterrement des protestants; et ces traditions sont bonne, sans quoi M. l’aumônier ne les eût certainement pas indiquées; malheureusement Pie IX tout récemment, nous dit que, assister à un enterrement protestant, c’est MAUVAIS. Entendons bien: je ne veux pas examiner si l’assistance de la maison mortuaire au cimetière est mauvaise; ce qui est mauvais, c’est de participer à la cérémonie religieuse. Pourquoi ne pas faire, au moins, ce que j’ai vu pratiquer à de très honorables protestants, qui, à des enterrements catholiques, restaient à la porte de l’ Eglise, et reprenaient le cortège à sa sortie?
Bref, la dépouille mortelle de M. Cazeaux est portée à sa dernière demeure ici-bas. Là des discours sont prononcés. Tout ce qui fut dit ne fut pas publié; mais peu importe; on était allé trop loin, paraît-il; on fit très bien de supprimer pour ne pas compromettre; mais ce qui est imprimé, reste. Or, M. le président du consistoire loua surtout l’aumônier protestant d’avoir été universitaire, et nous le comprenons. Nous comprenons très fort l’union de la Réforme avec l’Université; elle nous plaît;. mais si, ce que nous sommes bien loin de souhaiter, si l’aumônier catholique venait à mourir, la masse des élèves catholiques entendrait- elle un éloge que tel professeur prononcerait sur sa tombe et où il dirait: « L’Université lui était chère; cette grande et noble institution le passionnait. » Laissons ces louanges à M. l’aumônier protestant. En tout cas, quelle est cette institution qui serait chère à la fois à un ministre protestant et à un prêtre catholique? C’est une institution tellement large, qu’elle reçoit à la fois toutes les croyances et toutes les opinions. Mais écoutons M. Viguié:
« Voilà bientôt trente ans que Cazeaux était ici, au labeur, à la tâche….Il aimait son Lycée et ses Ecoles normales. A son oeuvre et sans relâche, il s’est dévoué de tout coeur. L’Université lui était chère; cette grande et noble institution le passionnait; il ne pouvait souffrir qu’on l’attaquât dans des vues mesquines et fanatiques; il la défendait avec feu, et certes, nous nous associons bien à ses impatiences et à ses ardeurs. Il disait et nous disions avec lui que cette vieille Université française, qui fut la mère et le type de toutes les Universités européennes, comme on le proclamait naguère solennellement sur la généreuse terre de Hollande, il disait que cette Université française, c’est la lumière, la lumière bien-faisante, pure, désintéressée. Par ce côté, il avait dans l’esprit quelque chose d’ouvert, de libéral, de laïque, qui souvent nous manquait. Si parfois nous pensions ou nous jugions à notre point de vue spécial, restreint, professionnel, il nous redressait et nous disait: Ayez donc plus de largeur dans l’esprit; vous n’êtes pas universitaires. »
Si nous avions le temps, nous demanderions à M. Viguié ce qu’il entend par cette vieille Université française qui fut la mère et le type de toutes les universités européennes? Je connaissais autrefois vingt-trois ou vingt-quatre Universités en France, toutes fondées par les Papes, monsieur le pasteur; je n’ai jamais connu l’UniversitÉ française, j’ai connu l’Université de Paris où enseignèrent aussi Thomas et saint Bonaventure, et où les docteurs de Sorbonne étaient, pour recevoir le bonnet, tenus de jurer qu’ils soutiendraient la croyance à l’Immaculée Conception. Est-ce celle-là que vous regrettez, monsieur le président? L’Université de France je la connais depuis 1808; je la connais avec son scepticisme, sa disposition à donner des aumôniers à tous les cultes, et l’incrédulité à la masse des élèves sortis de son sein. Libre à Cazeaux de dire, libre à M. Viguié de louer M. Cazeaux d’avoir dit que « cette Université française est la lumière, la lumière bienfaisante, pure, désintéressée. » Mais de quelle lumière parlez-vous, s’il vous plaît? De la lumière religieuse, je pense Eh quoi! M. l’aumônier catholique devra prêcher qu’il y a trois personnes en Dieu, que le baptême est nécessaire au salut, que Jésus-Christ est présent dans l’Eucharistie, et l’aumônier protestant pourra dire, s’il est un vrai successeur de M. Cazeaux: Il n’y a pas trois personnes en Dieu; le baptême n’est pas nécessaire au salut; Jésus-Christ n’est pas dans l’Eucharistie; le rabbin dira bien autre chose, et au sortir de l’instruction religieuse, les élèves, dans leurs cours, se répéteront les propositions contradictoires des trois aumôniers; ils s’en moqueront, et j’allais dire, mais c’est un blasphème, ils feront bien. Mais le blasphème, il aura été posé sur ces jeune lèvres par les panégyristes de la lumière pure, bienfaisante, désintéressée de l’Université, et quand, dans cette contradiction permanente de l’enseignement religieux, les élèves, qui, après tout, raisonnent, auront puisé le mépris de toutes les religions, vous voulez qu’ils ne soient pas préparés à entrer dans les complots qui tendent à les renverser toutes!
Allons jusqu’au bout. Par ce côte, il& (M. Cazeaux) avait dans l’esprit quelque chose d’ouvert, de laïque, qui souvent nous manquait. LAIQUE vaut son pesant d’or; voilà un membre du clergé protestant, si le protestantisme a un clergé, qu’on n’accusera pas d’être clérical; il avait l’esprit laïque. –Si parfois nous jugions à notre point de vue spécial, restreint, professionnel… » Comme M. Viguié est modeste, humble même; car à l’entendre, il a le point de vue restreint. Mais M. Cazeaux est là pour le dilater; il nous disait: « Ayez donc plus de largeur dans l’esprit; vous n’êtes pas universitaires. » Je serais indiscret de demander en quoi consistaient les points de vue restreints de M. Viguié et la largeur d’esprit de M. Cazeaux; mais la largeur d’esprit de M. Cazeaux, quand il reproche à M. Viguié d’être restreint, me permet de comprendre ce que c’est qu’être universitaire. D’abord, c’est être laïque; aussi, que vont faire les cléricaux ans la largeur de ce laîeisme? Vraiment, ce n’est pas moi que le dirai. Ensuite, c’est être large; -et large en religion, qu’est-ce que c’est? M. Viguié va nous le dire.
« Nous l’aimions à cause de sa piété simple, large, tolérante. » Tout est large chez nos frères séparés. M. Cazeaux avait l’esprit large; il reprochait à M. Viguié de n’avoir pas l’esprit large; sa piété était large, un grand esprit de largeur et d’union faisait l’essence de sa piété. Il n’y a que les catholiques qui sont étroits; les protestants orthodoxes le sont bien aussi quelque peu; mais là n’est pas la question. Qu’est-ce qu’être large, au sens de M. Viguié? C’est être universitaire, puisqu’il loue M. le pasteur Cazeaux de l’avoir été, parce qu’il était large. Et qu’est-ce qu’être universitaire? C’est mettre dans le même lycée un aumônier catholique un aumônier protestant, peut-être deux pour les deux courants; un rabbin pour que les élèves puissent se moquer par le contraste des uns des autres et ne rien croire de ce qu’on leur enseigne. « Au fait, tout est dans le coeur, tout est dans la charité. sans doute, nous ne faisons pas fi de la pensée et de ses efforts dogmatiques; sans doute, nous ne dédaignons pas la tradition et ses formes austères. » Grand merci pour la pensée, la libre-pensée peut-être, et pour des formes austères de la tradition. « Mais là n’est pas le point capital: là n’est pas la perdition ou le salut. Quand nous paraîtrons devant Dieu, il ne nous demandera pas si nous avons accentué telle doctrine, si nous sommes passés par telle forme officielle; il ne nous demandera pas à quelle école dogmatique nous appartenons ou dans quel compartiment religieux nous nous sommes développés. »
On voit que M. Viguié croit peu à l’inspiration divine des Livres saints, sans quoi nous pourrions écraser les monstruosités qu’il profère avec une évidente naïveté, sous le poids de cent textes du Nouveau-Testament. Or, que dit- il que ne puisse dire un franc-maçon, lui dont les points de vue sont pourtant plus restreints que ceux de M. Cazeaux; lui, selon ses propres expressions, moins large d’esprit que son collègue, moins universitaire que lui? Or, voyez la conséquence rigoureuse, M. Cazeaux avait l’esprit plus large, était plus universitaire, parce que, sans s’en douter peut-être, il acceptait davantage, avec l’éloignement de tout dogme obligatoire, le véritable esprit de la Franc- Maçonnerie. Etait-il franc-maçon? Que m’importe si son enseignement conduisait à le devenir? L’essentiel est, qu’à force de largeur et ;d’esprit universitaire;, à force de tolérance tout était bon: n’importe la doctrine, n’importe la forme officielle, n’importe l’école dogmatique, n’importe le compartiment choisi pour se développer. Encore un coup, qu’est-ce que les francs-maçons disent de plus? Et avec les formes légales auxquelles l’enseignement universitaire est tenu, que faut-il faire de plus pour préparer les élèves d’un lycée à devenir des Louveteaux?
Que M. Viguié eût dit cela devant des élèves à lui, cela se comprendrait à la rigueur, bien que certains orthodoxes en eussent pu murmurer; mais le dire devant des élèves catholiques c’est par trop fort. Or, il y a là pour lui un évident triomphe; il prend l’accent du vainqueur. « Et ce même esprit d’union, de largeur (toujours la largeur et tant pis pour les catholiques et les orthodoxes raccornis) et de tolérance, il le portait dans ses relations avec les membres des communions religieuses différentes. Tous l’aimaient; (c’était le vrai baiser Lamourette), au Lycée et à l’Ecole normale. Il ne faisait pas de distinction: tous les élèves étaient ses enfants; il vous aimait bien, mes enfants; il vous aimait bien, Messieurs de l’Université, et vous, à votre tour, vous lui rendiez bien affection pour affection;. (Entendons-nous: Etait-ce l’affection pour M. Cazeaux? rien de plus simple. Etait-ce l’affection des élèves catholiques pour le pasteur protestant? ceci change. Qu’un élève catholique soit exposé à aimer le pasteur, comme pasteur, ce n’est rien moins que l’indifférence à tous les enseignements; c’est le scepticisme, c’est la négation de la foi catholique.
M. le pasteur Viguié devient lyrique; encore une fois il triomphe. « Et vous, à votre tour, vous lui rendiez bien affection pour affection, et vous le montrez en ce moment de la manière la plus éclatante. Laissez-moi vous dire mon émotion et ma reconnaissance. A cette heure vous donnez un grand et noble exemple qui honore les maîtres et les élèves. TOUS SANS DISTINCTION DE CULTE, vous entourez ce cercueil. » Ah! le bon tour joué à l’excellent aumônier catholique! S’il avait su? En attendant, c’est touchant, c’est plus que touchant, c’est grand, c’est beau, c’est chrétien! (Allons, qu’on s’embrasse et que ça finisse.) « Et s’il y a une communication entre la terre et le ciel (M. Viguié n’en est pas bien sûr), l’âme de notre ami en tressaille de joie. Voilà une belle récompense de son oeuvre, de son oeuvre d’union, de concorde, d’apaisement, vous voir tous autour de sa dépouille mortelle confondus (oui, il y a confusion, absolument comme à Babel) dans un même sentiment de respect, de regret et de sympathie. »
Pourtant, saint Paul a dit: » Quelle participation y a-t-il entre la lumière et les ténèbres, entre Jésus-Christ et Bélial? » Mais quand saint Paul écrivait ces paroles, il s’arrêtait à des points de vue restreints et n’avait point de largeur d’esprit;, il n’était pas universitaire. Il ne songeait pas à préparer des nouveaux franc-maçons.
« Ah! Messieurs, ne cessons de l’affirmer avec une joie éclatante et laissons dire les égarés. » (Qui sont les égarés, ici? Sont-ce les catholiques? sont-ce les protestants qui vous ont combattus à votre Synode? Je ne comprends pas bien.) « C’est la grande affaire de la vie, c’est le tout de la piété, c’est la seule chose nécessaire, tout est dans le coeur, tout est dans la charité. » Et la foi qui est dans l’intelligence? bagatelles; et les croyances? chimères; et les principes? j’allais dire les articles fondamentaux de jadis. De grâce, n’en parlons plus. Si j’étais bon universitaire, je me permettrais de dire: voilà un orateur bien compromettant; et si, avec les idées universitaires, j’avais le secret maçonnique, je crierais bien fort contre ce panégyriste, et je lui dirais tout bas: Merci, vous êtes un bon éducateur de louvetaux.
Voici venir M. le proviseur Joubin et sa couronne d’immortelles. Est-il protestant? l’histoire ne le dit pas. Est-il catholique? c’est possible. N’est-il rien du tout sauf un honnête homme, c’est probable; ce qu’il a dit a peu de valeur et pourtant il s’y trouve assez bon nombre de maladresses; mais l’honnête homme ne s’en doute guère; aussi serai-je bienveillant pour lui. Ecoutons:
« Cher et vénéré pasteurs au nom des élèves du Lycée de Nîmes, que vous avez pendant trente ans, éclairé de la lumière de l’Evangile. » Eh! monsieur l’aumônier catholique, à quoi êtes-vous bon? Voilà M. Cazeaux éclairant les élèves du Lycée de la lumière de l’Evangile, foi de M. Joubin: ou M. le proviseur ne sait ce qu’il dit (ce que je ne conteste pas) ou vous n’avez qu’à faire votre paquet et décamper, cher aumônier.
Car, si M. Cazeaux a éclairé les élèves du Lycée de la lumière de l’Evangile, avec quoi les éclairez-vous? Je soupçonne que les deux lumières étant, l’une bleue et l’autre rouge, les élèves n’y voient que du feu et ne se moquent pas mal et des lumières opposées et de leurs distributeurs. Où est leur tort? M. le proviseur déclare de bonne qualité la lumière de M. l’aumônier protestant; quelle qualité possède, à ses yeux, la lumière de M. l’aumônier catholique? Au fond, qu’est-ce que cela lui fait, il a 162 internes, dont 50 catholiques sur lesquels 30 boursiers, en tout 20 catholiques payants: c’est peu. Voyons, l’Eglise qui est la vraie mère, consentirait, je crois, comme dans le jugement de Salomon, que la Réforme prît le Lycée tout entier; elle n’exposerait pas ses enfants à se perdre dans la lumière de l’Evangile, telle que M. Cazeaux la distribuait à tous, puisque selon M. Viguié tous les élèves étaient ses enfants;*. Si, catholique, j’avais eu des fils au Lycée, j’aurais été peu flatté de me faire représenter par un tel père.
Je ne reviendrai pas sur la canonisation anticipée de M. Cazeaux par M. Joubin; M. le proviseur a, sans doute, voulu montrer un bon coeur, mais dire pareille excentricité, c’est montrer une grande ignorance de la vérité catholique, et le dire devant des élèves autres que des protestants, c’est leur dire: Mes amis, je mets, de ma propre autorité de proviseur, dans le ciel, un homme qui croyait le contraire de ce que l’Eglise, votre mère, vous ordonne de croire. Si l’aumônier catholique mourait, je convoquerais les protestants, je ne verrais pas l’ombre de difficulté à mettre sur son cercueil une couronne. J’affirmerais qu’il vous a tous éclairés pendant plus de trente ans de la lumière de l’Evangile; je le placerais, lui aussi, dans le ciel, persuadés que si ces deux excellents aumôniers s’y rencontraient, dans un mouvement réciproque d’union, de largeur, de tolérance, ils se sauteraient au cou. Et vivent les idées maçonniques!
Si le discours de M. Joubin ne signifie pas cela, que signifie- t-il? Pas grand’chose. Peut-être signifie-t-il la tolérance, l’indifférence, les germes de la franc-maçonnerie jetés dans les âmes, et, quoi qu’en dise M. Viguié, la charité ne vient pas. La charité est fille de la foi, et là où n’est pas la foi, la charité ne saurait subsister.
Je crois avoir suffisamment établi ma thèse. Je pourrais m’arrêter là; mais je ne puis résister à faire goûter à mes lecteurs quelque chose des élueubrations de M. Sarcey.
A un prochain numéro.
E. d’Alzon.
Dans notre article de samedi dernier, le copiste ou le typographe a fait quelques coquilles qu’il est utile d’indiquer.
Au lieu de « colérantisme, » lisez « tolérantisme. »
Au lieu de « la destruction de la paix publique, » lisez « la destruction de la félicité publique. »
Au lieu de « le catholique Coquerel, » lisez « le pasteur Coquerel, » quoique, à Paris, M. Coquerel se soit fait inscrire parmi les catholiques.
Au lieu de « notre Synode, » lisez « votre Synode. »
Au lieu de « quand rien n’empêche, » lisez « oui, quand rien n’empêche. »
E. d'Alzon.