- T2-396
- 984
- Touveneraud, LETTRES, Tome 2, p.396
- Orig.ms. ACR, AJ 21; D'A., T.D. 32, n. 21, pp. 21-22.
- 1 ABSOLUTISME
1 CONCILE PROVINCIAL
1 CONFESSION SACRAMENTELLE
1 DOCTRINES ROMAINES
1 FACULTES DE THEOLOGIE
1 FORMES MONASTIQUES DES ASSOMPTIONNISTES
1 GOUVERNEMENT
1 HABIT RELIGIEUX
1 ITALIENS
1 LIBERALISME CATHOLIQUE
1 MINISTRE
1 NONCE
1 POLITIQUE
1 PROTESTANTISME ADVERSAIRE
2 BARRE, LOUIS
2 BIZZARRI, GIUSEPPE
2 CAMARET, OCTAVE DE
2 CAVOUR, CAMILLO
2 CHAILLOT, LUDOVIC
2 CUSSE, RENE
2 GOUSSET, THOMAS
2 MARTIN, FRANCOIS-DENIS
2 MILLERET, MARIE-EUGENIE
2 NAPOLEON III
2 ORSINI, FELICE
2 PICARD, FRANCOIS
2 ROULAND, GUSTAVE
2 SACCONI, CARLO
3 CLICHY-LA-GARENNE
3 FERNEY-VOLTAIRE
3 GENEVE
3 MADAGASCAR
3 ORIENT
3 PARIS
3 PARIS, SEMINAIRE SAINT-SULPICE
3 REIMS
3 ROME, SEMINAIRE FRANCAIS - AU PERE VICTORIN GALABERT
- GALABERT Victorin aa
- le 27 janvier 1858.
- 27 jan 1858
- Nîmes.
- Evêché de Nîmes
Mon cher enfant,
Laissez-moi d’abord vous féliciter de la manière dont votre style s’améliore. Il me semble voir dans vos lettres bien plus de netteté et d’ordre qu’autrefois. Vous parlez un peu plus français.
M. Chaillot doit voir, par ce que vous me dites du Séminaire français(1), que les modérés ne sont pas un parti inconnu à Rome, et tenez pour sûr que ce ne sont pas les étrangers qui font à eux seuls le parti. Il y a des Italiens pour les soutenir et en profiter. Je suis heureux que Camaret soit auprès du P. Mariste(2).
L’affaire du costume ne presse pas tant(3). Mais à Clichy on y tenait; Cusse y poussait. J’ai laissé faire, et, pour mon compte, je verrais avec bonheur cette affaire dormir quelque temps. On nous propose toujours une maison à la porte de Genève(4). Ce serait une bien bonne chose, mais il faudrait deux ou trois sujets. Si vous trouviez quelqu’un qui eût la pensée de nous venir pour travailler à la réfutation de l’hérésie, ce serait une chose bien précieuse.
Je suis revenu de Paris sans nouvelle. L’attentat nous fait entrer dans l’absolutisme absolu(5). Dites à M. Chaillot qu’il devrait bien faire remplacer Sacconi à Paris. Tâchez de me savoir positivement où en est l’affaire des Facultés de théologie. J’ai dû apprendre au nonce certaines choses, qu’il m’a assuré ne pas savoir et que je tenais du ministre des Cultes. Dites encore à M. Chaillot que si, chez nous, Rome gagne d’un côté, elle le perd de l’autre grâce aux prudents. L’archevêque de Reims en est épouvanté. Lui a tenu son concile, malgré le gouvernement, et l’empereur en a profité pour parler de la liberté laissée aux conciles provinciaux. Entre autres choses, le concile a établi 27 cas réservés au Pape. Mais vous avez à Rome le secrétaire du card[inal] Gousset. Tâchez de le voir. Vous pourrez m’envoyer quelque chose par lui, supposé que vous ayez à envoyer quelque chose.
Je regrette l’affaire de notre petite congrégation de Saint-Augustin. Je suis sûr que cela aurait pris admirablement chez les jeunes gens de Paris, sous le titre de Pia familia Sancti Augustini, en français Famille de saint Augustin. Je crois vous avoir laissé toute liberté pour vos confessions. Je vous permets le voeu que vous demandez à faire, mais pour un an seulement. Plus tard, nous verrons.
Adieu. Je vous embrasse. de tout coeur.
E. D’ALZON.
Mille choses aux amis.
E.D'ALZON2. L'abbé Octave de Camaret, ancien élève de l'Assomption, était l'hôte du P. Mariste, "qui devient, au contraire, tous les jours de plus en plus ultramontain", écrivait aussi le P. Galabert.
3. Depuis que l'Assomption envisageait un rapprochement avec l'Ordre augustinien et que les formes monastiques avaient été introduites dans la vie commune, la question était ouverte de revêtir un habit "plus monastique" que celui d'un simple camail sur une soutane serrée par une cordelière. Le P. Galabert avait consulté le P. Picard pour savoir s'il fallait en parler à la Congrégations des Evêques et Réguliers. "Il trouve cette demande un peu prématurée, écrivait le P. Picard au P. d'Alzon, le 18 novembre 1857. De plus, on n'accordera pas un costume identique en tout à celui des Augustins; il faudrait absolument que nous ayons quelque chose de distinct; nous avions déjà parlé de garder le camail tel que nous l'avons, sans pointe. Mme la supérieure proposait une croix violette sur la robe blanche et sur le scapulaire, pour que nous soyons un peu plus Frères de nos Soeurs. Il n'y aurait aucun inconvénient, puisque cette croix ne se verrait pas et serait cachée par le camail, mais aussi elle ne nous distinguerait pas beaucoup. (La barbe serait quelque chose de bien plus tranché, et elle avait été adoptée par les Augustins primitifs, je crois même qu'ils sont censés la porter. Je vous dis cela sans insister, parce que vous l'avez déjà refusé)".
De fait, le port de la barbe ne se généralisera à l'Assomption qu'après la mort du P. d'Alzon. Lui-même abandonnera le style du clergé français à la chevelure tombante sur le cou et fera disparaître rapidement la barbe qu'il rapporta d'Orient en 1863. Après 1870, il obtiendra avec peine que ses religieux de Paris renoncent à leur barbe de "communeux".
Le 23 janvier 1858, le P. Galabert transmettait au P. d'Alzon l'opinion de Mgr Bizzarri au sujet du costume religieux: "Il a trouvé notre costume actuel très convenable, écrit-il; et à moins d'adopter le costume du clergé séculier, il ne voit pas trop quels changements on pourrait introduire; il ne m'a pas paru très porté vers un costume plus monastique. Il m'a demandé en riant, *modo giocoso*, si nous voulions ajouter une croix rouge, verte, etc., ou de toute autre couleur".
4. Il s'agit du pensionnat de l'abbé Martin, à Ferney, près de Genève, qui pourrait devenir un centre missionnaire en milieu protestant. Le P. Galabert, à qui l'on vient de demander s'il n'avait pas envie d'aller à Madagascar comme médecin pour cette mission, penche pour l'ouverture d'une maison de missionnaires: "Les Congrégations se développent surtout par les missions; toutes ont commencé par là". (Lettre du 6 février).
5. Contre Napoléon, *carbonaro* renégat, quatre émigrés révolutionnaires italiens, dont Orsini, avaient perpétré, le 14 janvier, un attentat qui fit 156 victimes. Désormais Napoléon III prend à coeur la politique du *Risorgimento* pour l'unification de l'Italie, et malgré l'exécution d'Orsini, il prépare une entrevue avec Cavour. Dans l'immédiat est promulguée une loi de sûreté générale.