- T2-234
- 829
- Touveneraud, LETTRES, Tome 2, p.234
- Cop. dactyl. ACR, CV 59, sans indication sur l'orig.ms.
- 1 AMITIE
1 BANQUES
1 CAREME
1 CATHOLICISME
1 CONGREGATION DES AUGUSTINS DE L'ASSOMPTION
1 ENNEMIS DE L'EGLISE
1 EVEQUE
1 GALLICANISME
1 GOUVERNEMENTS ADVERSAIRES
1 JUIFS
1 PRETRE SECULIER
1 PRUDENCE
1 RELIGIEUSES DE L'ASSOMPTION
1 REVOLUTION ADVERSAIRE
1 SOCIETE DES ACTIONNAIRES
1 VICAIRE GENERAL
1 VOEUX DE RELIGION
2 BONNETTY, AUGUSTIN
2 BOUCARUT, JEAN-LOUIS
2 CABRIERES, ANATOLE DE
2 DU LAC, JEAN-MELCHIOR
2 GUNTHER, ANTON
2 JANDEL, VINCENT
2 LOYSON, HYACINTHE
2 LOYSON, MARIE-COLOMBE
2 LOYSON, THEODORE
2 PLANTIER, CLAUDE-HENRI
2 REDIER, EUGENE-ANTOINE
2 TACONNET, EUGENE
2 TESSAN, JEAN-CHARLES DE
2 THIBAULT, CHARLES-THOMAS
3 EUROPE
3 FRANCE
3 NIMES
3 PARIS, CHAILLOT - A MONSIEUR L'ABBE THIBON
- THIBON Abbé
- 26 avril [18]57.
- 26 apr 1857
- Clichy,
Je ne puis vous dire, mon cher ami(1), combien votre lettre me touche. Je ne croyais pas mériter tant d’affection, et cependant votre parole est si parfaitement sincère dans son accent, que je dois le reconnaître: si je ne mérite pas tout ce que vous me dites de bon, au moins vous le pensez, et c’est précisément ce qui me va au coeur.
Que vous dirai-je de mon retour? Je présume être à Nîmes du 15 au 20 mai, époque de la rentrée de Monseigneur. Ce que je deviendrai ensuite, Dieu seul le sait. La petite oeuvre à laquelle je me suis consacré a des droits sur mon temps, peu compatibles avec la charge de grand vicaire. Qu’est-ce qui l’emportera des deux au travers des cris de ma conscience?
Je suis profondément attaché aux jeunes prêtres de Nîmes; mais pourquoi en ai-je vu si peu se donner entièrement à mon oeuvre?
Les détails que vous me donnez sur le Père Loyson sont pleins d’intérêt pour moi. Jeudi, une de ses soeurs prononce ses voeux à Chaillot, et je le verrai probablement à la cérémonie. Il n’est pas mal qu’un gallican ait ainsi subi les coups de patte d’un gallican. Je ne croyais pas que les loups se mangeaient entre eux(2).
L’Univers rendra compte du mandement ou plutôt de la lettre de Monseigneur. Du Lac me l’a promise. Mais il faut aller avec prudence: précisément parce que l’Ami en a rendu un compte si élogieux, l’Univers doit être réservé(3).
Savez-vous que j’ai une lettre de l’évêque annonçant qu’il va réfuter publiquement une proposition du mandement du carême? Le nombre des évêques partisans de l’Univers est beaucoup plus considérable qu’on ne pense; et quand ce journal publie des pièces qui semblent des concessions, ces Seigneurs ne manquent pas de réclamer. L’Univers ne doit pas sacrifier les amis anciens aux amis nouveaux, surtout quand il s’agit des principes. Toutefois, je le répète, de nombreux extraits seront donnés.
Il ne faut pas se le dissimuler: tout en tenant compte des erreurs partielles de l’Univers, c’est le drapeau actuel du catholicisme, non pas en France seulement, mais dans toute l’Europe. Ses rédacteurs savent fort bien qu’en un moment de révolution, ils seraient les premières victimes; et cette révolution, ils l’attendent, parce qu’elle est dans l’air. Or, malgré cela, ils se tiennent au poste périlleux que leur a fait la confiance d’un très grand nombre d’évêques, et la haine des ennemis de l’Eglise. Du reste, peut-être demain tout sera-t-il fini pour eux; car, demain, se fait l’assemblée des actionnaires, et peut-être ce pauvre journal sera-t-il acheté par un banquier juif ou étouffé par le gouvernement(4).
Je vis loin des nouvelles. Je ne puis donc vous en donner. Mille choses aimables à MM. Boucarut, de Tessan et Bédier.
Adieu, mon cher ami. Tout à vous du fond du coeur.
E. D’ALZON.
Vous ne parlerez, bien entendu, qu’avec prudence de ce que je vous dis sur l’Univers.
E.D'ALZON2. Il s'agit du P. Ceslas Loyson, Dominicain, dont la soeur, Colombe, devient Religieuse de l'Assomption, le 30 avril 1857, et le demeure jusqu'à ce que leur frère, l'abbé Charles Loyson, devenu le fameux P. Hyacinthe, Carme apostat, la fasse sortir du couvent, au cours de l'été 1869, pour des motifs plus que controuvés. Le P. Ceslas lui-même se sécularisera. -En 1856-1857, il prêche dans les diocèses du Midi de la France, et "l'évêque de Montpellier, écrit l'abbé Thibon, vient de lui refuser une retraite d'hommes quoique annoncée parce qu'elle coïncidait avec celle de la cathédrale". Le comportement et les paroles du P. Ceslas Loyson, en ces circonstances, à Montpellier, à Nîmes et à Paris, seront à l'origine d'une dénonciation à Rome, auprès du P. Jandel, son supérieur général, laquelle, dans l'immédiat, peinera Mère M.-Eugénie parce que le nom du P. d'Alzon y fut mêlé.
Pour comprendre l'attitude du P. d'Alzon en cette affaire, il faut avoir présent à l'esprit ce que lui écrivait l'abbé de Cabrières, le 14 janvier 1857: "Vous m'avez demandé ce qu'était vraiment le P. Loyson. C'est un noble coeur et une intelligence très facile. Son succès ici a été fort incomplet; mais sa jeunesse et *ses airs jeunes*,>4 joints à la façon tranchante de ses discours, en sont peut-être la cause. Il est *très assomptiade* et point du tout *assomptioniste*. C'est, je vous le répète, une âme noble et fière, où il y a bien de la délicatesse, mais qui n'a pas été assez travaillée par la discipline religieuse. J'ose dire que s'il était plus façonné à l'obéissance et plus réglé dans sa vie, il ferait un bien beaucoup plus grand".(Voir *Lettres*: 954, 960, 961, 966, 970.
3. Le 8 avril, Mgr Plantier écrivait au P. d'Alzon: "Vous recevrez bientôt une lettre que j'adresse au clergé sur l'aversion qu'on nous accuse d'avoir pour la philosophie. Je souhaite que ce travail produise quelque bien". Cette lettre épiscopale, datée du 2 avril, parut sous le titre: *Sommes* nous ennemis de la philosophie? Dans son n° du 14 avril, *l'Ami de la Religion* l'honore comme étant "un traité sur les rapports de l'Eglise avec la philosophie humaine", et en donnera, jusqu'au n° du 7 mai, le texte intégral. Du Lac l'analysera et la citera dans les n° de l'*Univers* des 30 mai et 4 juin. La position de Mgr Plantier se situe entre la condamnation du "faux traditionalisme" de Bonnetty (juin 1855) et celle du "faux rationalisme" de Günther (juin 1857).1. Nous croyons pouvoir identifier le correspondant qu'ignore la cop. dactyl.: *A un ami(?)*. Le P. d'Alzon répond à une lettre de l'abbé Thibon, prêtre du diocèse de Nîmes, datée du 20 avril 1857 (EA 238).
2. Il s'agit du P. Ceslas Loyson, Dominicain, dont la soeur, Colombe, devient Religieuse de l'Assomption, le 30 avril 1857, et le demeure jusqu'à ce que leur frère, l'abbé Charles Loyson, devenu le fameux P. Hyacinthe, Carme apostat, la fasse sortir du couvent, au cours de l'été 1869, pour des motifs plus que controuvés. Le P. Ceslas lui-même se sécularisera. -En 1856-1857, il prêche dans les diocèses du Midi de la France, et "l'évêque de Montpellier, écrit l'abbé Thibon, vient de lui refuser une retraite d'hommes quoique annoncée parce qu'elle coïncidait avec celle de la cathédrale". Le comportement et les paroles du P. Ceslas Loyson, en ces circonstances, à Montpellier, à Nîmes et à Paris, seront à l'origine d'une dénonciation à Rome, auprès du P. Jandel, son supérieur général, laquelle, dans l'immédiat, peinera Mère M.-Eugénie parce que le nom du P. d'Alzon y fut mêlé.
Pour comprendre l'attitude du P. d'Alzon en cette affaire, il faut avoir présent à l'esprit ce que lui écrivait l'abbé de Cabrières, le 14 janvier 1857: "Vous m'avez demandé ce qu'était vraiment le P. Loyson. C'est un noble coeur et une intelligence très facile. Son succès ici a été fort incomplet; mais sa jeunesse et *ses airs jeunes*,>4 joints à la façon tranchante de ses discours, en sont peut-être la cause. Il est *très assomptiade* et point du tout *assomptioniste*. C'est, je vous le répète, une âme noble et fière, où il y a bien de la délicatesse, mais qui n'a pas été assez travaillée par la discipline religieuse. J'ose dire que s'il était plus façonné à l'obéissance et plus réglé dans sa vie, il ferait un bien beaucoup plus grand".(Voir *Lettres*: 954, 960, 961, 966, 970.
3. Le 8 avril, Mgr Plantier écrivait au P. d'Alzon: "Vous recevrez bientôt une lettre que j'adresse au clergé sur l'aversion qu'on nous accuse d'avoir pour la philosophie. Je souhaite que ce travail produise quelque bien". Cette lettre épiscopale, datée du 2 avril, parut sous le titre: *Sommes* nous ennemis de la philosophie? Dans son n° du 14 avril, *l'Ami de la Religion* l'honore comme étant "un traité sur les rapports de l'Eglise avec la philosophie humaine", et en donnera, jusqu'au n° du 7 mai, le texte intégral. Du Lac l'analysera et la citera dans les n° de l'*Univers* des 30 mai et 4 juin. La position de Mgr Plantier se situe entre la condamnation du "faux traditionalisme" de Bonnetty (juin 1855) et celle du "faux rationalisme" de Günther (juin 1857).
4. Allusion à la crise financière que traverse l'*Univers*, dont la société d'actionnaires devait être dissoute, et le journal racheté par Taconet.