- T2-160
- 755
- Touveneraud, LETTRES, Tome 2, p.160
- Orig.ms. ACR, AM 256; D'A., T.D. 37, n. 8, pp. 237-239.
- 1 AMOUR DE L'EGLISE A L'ASSOMPTION
1 AMOUR DU CHRIST A L'ASSOMPTION
1 EPREUVES
1 FOI
1 LACHETE
1 MAITRE DES NOVICES ASSOMPTIONNISTE
1 NOVICIAT DES ASSOMPTIONNISTES
1 PAUVRETE
1 PIETE
1 SANTE
1 TIERS-ORDRE FEMININ
2 COMBIE, JULIETTE
2 MILLERET, MARIE-EUGENIE
2 NARBONNE, AIMERY DE
2 NARBONNE-LARA, MADAME DE
2 SERRE, JEAN-BAPTISTE
3 CLICHY-LA-GARENNE
3 NIMES
3 PARIS, CHAILLOT - A MADEMOISELLE EULALIE DE REGIS
- REGIS Eulalie
- 1er déc[embre 18]56(1).
- 1 dec 1856
- La Thuilerie,
- Mademoiselle
Mademoiselle de Régis
rue du Chapitre
Nîmes Gard
Ma chère fille,
Je ne sais pourquoi il me semble que vous avez besoin d’une de mes lettres. Je suis préoccupé de savoir une foule de choses à votre sujet et je vous assure que mon installation, comme maître des novices, ne me fait point perdre de vue toutes les souffrances de ma pauvre enfant.
Comment va votre santé? Et votre tête? Et votre coeur? Il me semble que, de loin, je puis vous dire avec plus d’affection combien tout cela me préoccupe. Dieu vous envoie quelques ennuis; mais, croyez-moi, vous avez pris le bon parti, quand vous vous êtes rondement résolue à n’écouter que les inspirations de la foi et à ne juger les choses qu’à la lumière de la foi. Vous avez aussi besoin d’obéissance, et c’est pour cela que je [vous] ordonne plus fortement que jamais de ne pas vous décourager dans toutes les petites tribulations par où vous avez à passer. Il les faut pour votre purgatoire en ce monde.
L’abbé Serre, avec son larynx si compromis, a-t-il pu se charger des enfants de Marie? Avant mon départ, il m’avait exprimé la crainte que son indisposition (plus grave qu’il ne l’a cru lui-même) ne s’opposât à sa bonne volonté.
Où en êtes-vous avec Soeur Thérèse-Juliette?(2) Contez-moi un peu vos petits heurts. Quelquefois il me semble qu’il doit y avoir étonnement réciproque. Je vous conjure de n’en tenir aucun compte. Cette pauvre enfant a de grandes peines; elle souffre surtout de ne pouvoir s’ouvrir. Le bien que je lui ai fait a été de lui écrire ce qu’elle ne disait pas. Vous avez d’aussi bons yeux que moi, et si vous lui rendez le même service, vous lui ferez le plus grand bien. Elle semble forte et, par moments, elle a besoin d’être soutenue, sans qu’elle s’en doute.
Je ne sais si vous aimez les conseils pour vos enfants de Marie. Laissez-moi vous dire pourtant qu’un des très grands défauts de la piété de nos jours, c’est d’être trop individuelle et, en ce sens, trop protestante. D’où vous voyez le peu de résultats qu’elle produit pour la cause de l’Eglise. Je voudrais bien que, vous souvenant que vous êtes tertiaire, vous donniez à ces jeunes personnes, avec l’amour de Notre-Seigneur tout entier(3) l’amour de l’Eglise et des intérêts de l’Eglise.
Ceci posé, je pense que vous avez quelque envie de savoir où nous en sommes. D’abord, nous sommes quatre; après-demain, nous serons cinq, avant la fin de la semaine nous serons sept. Nous sommes établis dans un magnifique château où nous manquons à peu près de tout. On nous envoie à peu près le nécessaire de Chaillot et de Clichy. La supérieure de l’Assomption est admirable dans ses attentions, mais nous sentons très joyeusement que, dans une quinzaine de jours, nous aurons ce qu’il nous faudra. Nos Frères lavent, nettoient, frottent et attendent des brosses pour cirer. Moi, je perds mon temps avec ma chère fille, comme si elle était dans mon cabinet de Nîmes. Veuillez dire à Mme de Narbonne que je n’ai pas encore vu Aimery(4), mais je présume qu’il viendra me voir un de ces jours.
Adieu, ma fille. Tout à vous du fond du coeur.
E. D’ALZON.
Vous aurez une image si vous m’avez lu couramment.
E.D'ALZON2. Juliette Combié, sous son nom de tertiaire.
3. Le mot est de saint Augustin: *Christus totus*.
4. Aimery de Narbonne-Lara, élève de l'Assomption de 1847 à 1854.