- T2-040
- 643
- Touveneraud, LETTRES, Tome 2, p.40
- Orig.ms. ACR AD 1069; D'A, T.D. 22, n. 365, pp. 15-17.
- 1 AMES DU PURGATOIRE
1 BIENS DES D'ALZON
1 COLLEGE DE CLICHY
1 COLLEGE DE NIMES
1 DEFICITS
1 EMBARRAS FINANCIERS
1 LEGS
1 PAIX DE L'AME
1 SUCCESSIONS
1 VENTES DE TERRAINS
1 VOCATION RELIGIEUSE
1 VOYAGES
2 ALZON, AUGUSTINE D'
2 ALZON, MADAME HENRI D'
2 BAILLY, EMMANUEL
2 BAILLY, VINCENT DE PAUL
2 BARAGNON, MADAME AMEDEE
2 BARAGNON, MADEMOISELLE
2 BERTHOMIEU, JOSEPH-AUGUSTIN
2 BISSON, HERBLAND
2 COMBIE, JULIETTE
2 DEVES, JUSTIN
2 LAURENT, CHARLES
2 MOREAU, BASILE
2 PERNET, ETIENNE
2 PICARD, FRANCOIS
2 PUYSEGUR, MADAME ANATOLE DE
2 SAUGRAIN, HIPPOLYTE
2 SOETENS, CLAUDE
2 SORLIN, PIERRE
2 TISSOT, PAUL-ELPHEGE
2 VAILHE, SIMEON
3 LAMALOU-LES-BAINS
3 MIDI
3 MIREMAN
3 MONTPELLIER
3 NIMES, AVENUE FEUCHERES
3 PARIS
3 VALBONNE - LA R. MERE MARIE-EUGENIE DE JESUS
- MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse
- Veille de la Compassion, le] 13 mars [18]56.
- 13 mar 1856
- [Montpellier,
Ma chère fille,
Juliette a dû vous rendre compte de ma conversation avec M. Moreau, d’après quelques notes assez détaillées que je lui ai remises. Le soir, il revint me trouver encore plus attiré vers nous. L’idée de se charger de la maison lui va très fort. En effet, si je supporte une perte de 160.000 francs, si l’on diminue l’intérêt en vendant 140.000 francs le terrain sur l’avenue Feuchères, si l’on supprime les gros traitements des professeurs, si les vivres (comme il est sûr) diminuent de valeur, le déficit se change en bénéfice et l’oeuvre continue. Il y a même à parier que je pourrai ne perdre que 100.000 francs, au lieu de 160.000, si le mobilier est pris par eux à moitié du prix qu’il m’a coûté. D’autre part, le P. Moreau paraît beaucoup tenir à la maison du Midi.
Il paraît que le projet de mes parents était de me faire vendre Paris. M. Berthomieu, qui se conduit admirablement, s’y oppose au moins autant que moi et déclare, en ce moment même, à mes parents que s’ils ne veulent pas me venir en aide, lui se charge de tout(1). Dans un sens, je le préférerais. La fortune de mes parents est d’environ deux millions. Si le partage est égal, j’ai au moins 600.000 francs. J’ai prouvé que l’on me traitait très rigoureusement pour les terres que l’on m’affecte; de plus j’ai à prélever 150.000 francs d’un legs d’une de mes tantes, d’où vient la fortune de ma mère. Quelque rigueur que l’on mette dans les préférences pour mes soeurs, et supposant que j’aie perdu 200.000 francs à Nîmes, (je crois n’en avoir perdu que 150.000), il me resterait toujours 300.000 francs au moins, car le calcul porte à 400.000 francs juste, en admettant 200.000 francs de perte.
Je vous encourage beaucoup à la dévotion aux âmes du purgatoire. Tout le mois de février, je les ai tant priées que je leur attribue en partie la solution d’une foule d’embarras, qui auraient été difficilement tranchés, dans mes affaires. Adieu, ma fille. Quel que soit le résultat de tout ceci il me semble que je tiens bien paisiblement mon âme entre les mains de Dieu, et je suis même surpris que ma santé ne s’en ressente pas davantage.
Mme Baragnon a tout dit à sa fille. Dès lors, les obstacles sont très aplanis. Cependant, elle ne croit devoir vous venir qu’après les couches de celle-ci. Je ne désapprouve pas ce plan, quoique peut-être ferait-elle mieux de hâter, dès à présent une décision qui sera un martyre pour toutes les deux, tant qu’elle ne sera pas exécutée.
Adieu, ma chère fille. Croyez que tout ce que vous faites pour votre père est bien profondément senti. Ah! qu’il me tarde de vous voir! Je présume quitter Montpellier mardi au plus tard(2). A partir de dimanche, adressez vos lettres à Nîmes. Je serai le jeudi, vendredi et samedi saints à Mireman, la semaine de Pâques à la chartreuse, puis à Lamalou pendant le mois d’avril, et, les premiers jours de mai à Paris, si Dieu le veut, pour le noviciat(3).
Adieu, ma fille, encore une fois. Tout vôtre en Notre-Seigneur.
E. D'ALZONAinsi, le procès-verbal du 27 février 1856, donne le détail de la dette de Nîmes (DK 205):
Achat de maison, terrains et constructions.............336.667,70
Achat de mobilier......................................118.370,75
Prêt d'argent: maison de Paris............47.000.................
au patronage..............................10.000.................
Mireman...................................26.000........83.000...
.......................................................538.038,45
Déficit du 15 octobre 1855..............................81.342,95
Total général du passif................................619.381,40
La correspondance de cette époque montre la confiance de tous dans l'abbé Berthomieu. "Quel bon et excellent homme", écrit de lui Mère M.-Eugénie, le 8 mars, après l'avoir reçu la veille. La Mère est plus réticente envers M. Devès, "chez qui elle a aperçu l'idée fort arrêtée de vous faire mettre la maison de Paris sous votre nom", écrit-elle le 10 mars "M. Berthomieu s'arrêtera plutôt, écrit-elle le 11, à la décision de renoncer à votre collège de Nîmes. Je n'ai pas besoin, ajoute-t-elle, de vous dire que nous aimerions à vous y succéder, mais je ne crois pas que cela se puisse [...]".
De son côté, le P. Laurent écrit le 14 mars: "Je vous prie de dire à M. Berthomieu combien sincère est l'affection qu'il a su nous inspirer pour lui et combien vive notre reconnaissance pour les services qu'il nous a rendus. Il nous a donné une bonne leçon en affaires, dont nous saurons profiter dorénavant".
"L'argent n'est rien pour nous, écrivait dès le 11 mars le P. Pernet. Supposé que nos affaires par ici se fussent trouvées en mauvais état, nous étions parfaitement disposés à ne point nous décourager. Au contraire, nous nous serions en quelque façon serrés plus étroitement contre vous [...] Tout s'est très bien passé ici, et je pense que ces Messieurs qui nous ont été envoyés n'ont aucune raison de se plaindre de nous. Mais quel digne et saint prêtre que l'abbé Berthomieu!".
Plus modéré dans ses appréciations, le P. Tissot invite le P. d'Alzon, le 16 mars, à retenir le P. Laurent tout prêt à agrandir sa maison, en prévision du repliement de Nîmes et de l'installation du noviciat. Mieux vaudrait sauver, fût-ce petitement, la face à Nîmes "pour les démarches que vous devez faire à Rome". -On nous permettra de faire ici une remarque à propos de "la fortune" du P. d'Alzon.
Avec "le prestige de son nom" et "la multitude de ses relations", cette fortune, non seulement, a-t-on écrit, l'imposait à l'attention, (P. BISSON, *Mélanges d'Alzon*, p. 189), mais lui aurait donné une influence considérable sur ses religieux. -Après avoir noté que les premiers disciples du P. d'Alzon: Hippolyte Saugrain, François Picard, les deux frères Bailly, -et nous pouvons ajouter les autres, dont Etienne Pernet, -venaient de milieux pauvres, P. SORLIN écrit: "Cette pauvreté contraste avec la richesse du fondateur dont la famille était une des plus fortunées du Midi. Avant 1880, l'argent du P. d'Alzon fait vivre les Assomptionnistes et soutient la plupart de leurs fondations. Bien que le supérieur n'ait pas cherché à profiter de cette situation, le fait demeure: matériellement, l'Ordre est sous la dépendance de son chef" ("*La Croix" et les Juifs*, p. 19) -C. SOETENS reprend ces dires et écrit: "Sans vouloir y trouver -ce serait simpliste,- la seule explication de l'influence considérable du maître sur les disciples, il n'en reste pas moins que cette situation matérielle joua son rôle dans la formation de l'esprit et des attitudes qui marquèrent la congrégation de l'Assomption" (*Le *Congrès de Jérusalem*, 1893, p. 137).
Quoi qu'il en soit de ces déductions, relevons ce que le P. VAILHE, historien informé de la vie du P. d'Alzon, a déclaré en vue du procès apostolique, sur l'attitude du P. d'Alzon en face de son héritage maternel avant et après qu'il lui fût échu: "Il faut distinguer deux parties dans la vie du P. d'Alzon. Pendant la première partie, il n'était pas maître de sa fortune qui appartenait à sa mère. Pendant la deuxième partie, il a dépensé ce qui lui revenait en héritage". Jusqu'à la mort de sa mère (12 octobre 1860), le P. d'Alzon, précise le P. Vailhé, "disposait de son traitement de vicaire général (3.000 francs); de sa pension alimentaire fournie annuellement par sa mère (6.000 francs), de dons que des personnes pouvaient lui faire et des emprunts qu'il faisait régulièrement (par notaire) à sa mère. Il a pu faire ainsi ses oeuvres qui ont entraîné de grandes dépenses d'argent; achat et entretien de son collège de Nîmes; achat et entretien du collège de Clichy", etc.
La lecture des lettres du P. d'Alzon confirme la distinction fondamentale à maintenir entre la fortune des d'Alzon et, si fortune il y a, la fortune du P. d'Alzon. Sous son autorité et son contrôle mais en pleine responsabilité, ses disciples ont géré des propriétés acquises par emprunts, et le financement des oeuvres qui s'y faisaient, en parfaite autonomie des biens des d'Alzon.1. Nous renvoyons à la *Vie du P.d'Alzon*, II, p. 236-239, où le P. Vailhé présente les données et les péripéties de la crise financière du collège de Nîmes. Les archives de Rome possèdent les livres de compte du collège et les procès-verbaux des experts désignés.
Ainsi, le procès-verbal du 27 février 1856, donne le détail de la dette de Nîmes (DK 205):
Achat de maison, terrains et constructions.............336.667,70
Achat de mobilier......................................118.370,75
Prêt d'argent: maison de Paris............47.000.................
au patronage..............................10.000.................
Mireman...................................26.000........83.000...
.......................................................538.038,45
Déficit du 15 octobre 1855..............................81.342,95
Total général du passif................................619.381,40
La correspondance de cette époque montre la confiance de tous dans l'abbé Berthomieu. "Quel bon et excellent homme", écrit de lui Mère M.-Eugénie, le 8 mars, après l'avoir reçu la veille. La Mère est plus réticente envers M. Devès, "chez qui elle a aperçu l'idée fort arrêtée de vous faire mettre la maison de Paris sous votre nom", écrit-elle le 10 mars "M. Berthomieu s'arrêtera plutôt, écrit-elle le 11, à la décision de renoncer à votre collège de Nîmes. Je n'ai pas besoin, ajoute-t-elle, de vous dire que nous aimerions à vous y succéder, mais je ne crois pas que cela se puisse [...]".
De son côté, le P. Laurent écrit le 14 mars: "Je vous prie de dire à M. Berthomieu combien sincère est l'affection qu'il a su nous inspirer pour lui et combien vive notre reconnaissance pour les services qu'il nous a rendus. Il nous a donné une bonne leçon en affaires, dont nous saurons profiter dorénavant".
"L'argent n'est rien pour nous, écrivait dès le 11 mars le P. Pernet. Supposé que nos affaires par ici se fussent trouvées en mauvais état, nous étions parfaitement disposés à ne point nous décourager. Au contraire, nous nous serions en quelque façon serrés plus étroitement contre vous [...] Tout s'est très bien passé ici, et je pense que ces Messieurs qui nous ont été envoyés n'ont aucune raison de se plaindre de nous. Mais quel digne et saint prêtre que l'abbé Berthomieu!".
Plus modéré dans ses appréciations, le P. Tissot invite le P. d'Alzon, le 16 mars, à retenir le P. Laurent tout prêt à agrandir sa maison, en prévision du repliement de Nîmes et de l'installation du noviciat. Mieux vaudrait sauver, fût-ce petitement, la face à Nîmes "pour les démarches que vous devez faire à Rome". -On nous permettra de faire ici une remarque à propos de "la fortune" du P. d'Alzon.
Avec "le prestige de son nom" et "la multitude de ses relations", cette fortune, non seulement, a-t-on écrit, l'imposait à l'attention, (P. BISSON, *Mélanges d'Alzon*, p. 189), mais lui aurait donné une influence considérable sur ses religieux. -Après avoir noté que les premiers disciples du P. d'Alzon: Hippolyte Saugrain, François Picard, les deux frères Bailly, -et nous pouvons ajouter les autres, dont Etienne Pernet, -venaient de milieux pauvres, P. SORLIN écrit: "Cette pauvreté contraste avec la richesse du fondateur dont la famille était une des plus fortunées du Midi. Avant 1880, l'argent du P. d'Alzon fait vivre les Assomptionnistes et soutient la plupart de leurs fondations. Bien que le supérieur n'ait pas cherché à profiter de cette situation, le fait demeure: matériellement, l'Ordre est sous la dépendance de son chef" ("*La Croix" et les Juifs*, p. 19) -C. SOETENS reprend ces dires et écrit: "Sans vouloir y trouver -ce serait simpliste,- la seule explication de l'influence considérable du maître sur les disciples, il n'en reste pas moins que cette situation matérielle joua son rôle dans la formation de l'esprit et des attitudes qui marquèrent la congrégation de l'Assomption" (*Le *Congrès de Jérusalem*, 1893, p. 137).
Quoi qu'il en soit de ces déductions, relevons ce que le P. VAILHE, historien informé de la vie du P. d'Alzon, a déclaré en vue du procès apostolique, sur l'attitude du P. d'Alzon en face de son héritage maternel avant et après qu'il lui fût échu: "Il faut distinguer deux parties dans la vie du P. d'Alzon. Pendant la première partie, il n'était pas maître de sa fortune qui appartenait à sa mère. Pendant la deuxième partie, il a dépensé ce qui lui revenait en héritage". Jusqu'à la mort de sa mère (12 octobre 1860), le P. d'Alzon, précise le P. Vailhé, "disposait de son traitement de vicaire général (3.000 francs); de sa pension alimentaire fournie annuellement par sa mère (6.000 francs), de dons que des personnes pouvaient lui faire et des emprunts qu'il faisait régulièrement (par notaire) à sa mère. Il a pu faire ainsi ses oeuvres qui ont entraîné de grandes dépenses d'argent; achat et entretien de son collège de Nîmes; achat et entretien du collège de Clichy", etc.
La lecture des lettres du P. d'Alzon confirme la distinction fondamentale à maintenir entre la fortune des d'Alzon et, si fortune il y a, la fortune du P. d'Alzon. Sous son autorité et son contrôle mais en pleine responsabilité, ses disciples ont géré des propriétés acquises par emprunts, et le financement des oeuvres qui s'y faisaient, en parfaite autonomie des biens des d'Alzon.
2. Le 18 mars, mardi saint.
3. Le P. d'Alzon ne pourra pas réaliser ce programme. Il n'ira pas à la chartreuse de Valbonne; ce n'est que le 22 mai qu'il se rendra à Lamalou-les-Bains et seulement le 23 juillet, à Paris.