- T1-600
- 554
- Touveneraud, LETTRES, Tome 1, p.600
- Orig. ms. ACR, AM 364; D'A., T.D. 38, n. 1, p. 80.
- 1 APOSTOLAT DE LA CHARITE
1 ASSOCIATION D'ELEVES
1 ASSOCIATIONS OEUVRES
1 BUT DE LA VIE
1 CHOIX
1 ENGAGEMENT APOSTOLIQUE DES LAICS
1 EXAMEN DE CONSCIENCE
1 MARIAGE
1 OUBLI DE SOI
1 PENITENCES
1 PROVIDENCE
1 RESPONSABILITE
1 SERVICE DE L'EGLISE
1 TIERS-ORDRE FEMININ
1 VIE DE SACRIFICE
1 VIE RELIGIEUSE
1 VIE SPIRITUELLE
1 VOCATION
2 CHASSANIS, CLEMENTINE
2 COMBIE, JULIETTE
2 ROUVIER, HELENE - A MESDEMOISELLES JULIETTE COMBIE, CLEMENTINE CHASSANIS ET HELENE ROUVIER
- CHASSANIS Clémentine|COMBIE_JULIETTE|ROUVIER Hélène
- le 28 septembre 1855] premières Vêpres de Saint Michel, un de mes patrons.
- 28 sep 1855
- Clichy, [Paris,
Mes chères filles[1],
Laissez-moi vous dire avant mon arrivée comment je considère la petite association que vous formez. Notre-Seigneur réclame des ouvriers de toutes les espèces, parce qu’il a plusieurs vocations. Les unes sont appelées à la vie religieuse et veulent tout ou rien. J’étais l’autre jour présenté à une dame qui vient de se marier, parce que son confesseur avait voulu la mettre dans une association du genre de celle que vous formez et que cela ne lui suffisait pas. D’autres sont appelées à servir Notre-Seigneur dans le monde et elles ont un travail énorme. M. le curé de Neufchâtel me parlait de personnes, qui, dans le monde, se consacrent à donner pour la conversion des protestants tous les bénéfices qu’elles font dans leur commerce ou leur industrie. Il me parlait d’une jeune personne qui lui procurait 6.000 francs par an. D’autres, enfin, se vouent à faire des bonnes oeuvres, autant que leur loisir le leur permet, et c’est votre catégorie.
Ne vous faites pas illusion, mes chères filles; j’exigerai beaucoup de vous, et ceci est très sérieux. C’est même pour cela que j’ai voulu écrire à toutes les trois ensemble. Hélène et Clémentine me permettront de me servir de Juliette plus souvent, parce qu’elle est plus libre; mais je les conjure d’examiner devant Notre-Seigneur ce qu’elles ont à faire et, si elles veulent bien me permettre de leur donner un exemple des services qu’elles peuvent rendre, n’est-il pas vrai que pour l’association des anciennes élèves leur dévouement peut amener les plus précieux résultats? Quand une fois nous nous serons entendus sur les moyens à prendre pour atteindre notre but, les choses seront plus faciles qu’elles ne le paraissent d’abord; mais, avant tout, je vous prie de considérer le but. Eh bien! voici ce que je me permets de penser de toutes les trois.
1° Evidemment, pour moi, Dieu ne vous appelle pas, en ce moment du moins, à la vie religieuse.
2° Evidemment, la Providence n’a pas permis pour rien les rapports qui se sont établis entre nous.
3° Ces rapports ont établi, de ma part du moins, une confiance absolue en vous pour le bien. Je crois que vous me la rendez.
4° Je ne puis croire que votre vie doive se passer comme celle de bonnes petites dévotes. Vous éprouvez au fond de l’âme le besoin de faire quel]q[ue] chose pour Notre-Seigneur.
5° Il est temps de s’y mettre.
6° Voulez-vous vous y mettre?
7° Voulez-vous y mettre sous mon impulsion?
Il me paraît que j’ai posé les questions avec assez de rigueur. J’ai préféré vous écrire, afin de vous donner le temps de réfléchir et afin de vous permettre de me refuser par écrit, si vous n’osiez pas me refuser de vive voix, supposé que la conclusion soit un refus commun ou individuel. Il est clair que cette lettre détermine pour vous un but à donner à votre vie, plus sérieux que vous ne l’aviez peut-être envisagé jusqu’à présent, et qu’il y a là q[uel]q[ue] chose de positif. Peut-être je me trompe; mais je vous assure qu’en même temps que je vous dis: examinez, j’ajoute sans hésitation que si vous me consultez, je prendrai avec bonheur devant Dieu la responsabilité de vous engager à avancer.
Hélène avait, il y a q[uel]q[ue] temps, une terreur du Tiers-Ordre. Ceci est moins et plus que le Tiers-Ordre, c’est la vie tout entière prise par une grande pensée de sacrifice et d’amour. Eh bien! je vous dis sans compliment, j’ai rencontré peu de personnes aussi capables que vous, mes enfants, malgré toutes vos misères, de comprendre cet ordre de sentiments et de pensées.
Voilà quelque chose de ce que je voulais vous dire. Gardez le secret entre vous, priez les unes pour les autres, offrez q[uel]q[ues] mortifications, puis nous causerons de cela, soit le 4 octobre au soir, soit quelques jours plus tard. Je vous préviens seulement que j’ai tellement l’évidence que la chose est bonne, que si vous me faites défaut, je chercherai ailleurs ou je reviendrai à la charge.
Adieu, mes filles. Je vous bénis du fond du coeur. Il me semble que ce que je vous dis là vous rend un peu plus miennes, comme il me semble que je suis bien plus à vous en Notre-Seigneur. Note a lire dans la réunion des trois.
E. D'ALZON.