Touveneraud, LETTRES, Tome 1, p.597

20 sep 1855 Clichy, COMBIE_JULIETTE

Dispositions actuelles de sa soeur, une joie mêlée de tristesse. – L’oeuvre de Saint-François de Sales réclamera tout son dévouement.

Informations générales
  • T1-597
  • 552
  • Touveneraud, LETTRES, Tome 1, p.597
  • Orig. ms. ACR, AM 128; D'A., T.D. 37, n. 18, p. 97.
Informations détaillées
  • 1 APOSTOLAT DE LA CHARITE
    1 DESIR DE LA PERFECTION
    1 ENGAGEMENT APOSTOLIQUE DES LAICS
    1 IMPRESSION
    1 JESUS-CHRIST EPOUX DE L'AME
    1 JOIE SPIRITUELLE
    1 OUBLI DE SOI
    1 RELATIONS ENTRE RELIGIEUX
    1 SUPERIEURE
    1 TRISTESSE PSYCHOLOGIQUE
    2 CHALVET, SAINTE-HELENE SOEUR
    2 CHASSANIS, CLEMENTINE
    2 COMBIE, MARIE-CATHERINE
    2 EVERLANGE, MARIE-EMMANUEL D'
    2 MAURIN
    2 MAURIN, GEORGES
    2 MILLERET, MARIE-EUGENIE
    2 ROUVIER, HELENE
    3 NIMES
  • A MADEMOISELLE JULIETTE COMBIE
  • COMBIE_JULIETTE
  • 20 septembre 1855.
  • 20 sep 1855
  • Clichy,
  • Mademoiselle
    Mademoiselle Combié
    6, rue de la Maison Carrée
    Nîmes. Gard
La lettre

Ma chère fille,

Je ne voulais pas aller aujourd’hui à Chaillot, mais il m’a semblé que Louise avait un peu besoin de moi et j’ai fait ma course. Je l’ai trouvée en bonne disposition. Elle avait eu, hier, un petit moment de tristesse, et puis elle se trouva toute heureuse. Son coeur est brisé par le souvenir de ce qu’elle laisse, et tout ranimé par tout ce que Notre-Seigneur lui donne de joie. Elle a fait sa chambre pour la première fois, et cela l’a un peu surprise, comme aussi de manger sa soupe avec une cuiller de bois. Je ne sais si elle vous donnera ces détails, parce que peut-être elle croira qu’ils n’en valent pas la peine. Je crois, moi, que vous et les vôtres, vous serez heureux d’avoir toutes ces impressions. La supérieure lui a donné l’ordre de donner, au moins une fois par jour, le bulletin de sa santé, et plus, quand elle souffrirait; Soeur M.-Emmanuel la mijote comme sa fille. Au reste, je crois pouvoir vous dire sans indiscrétion que ses dispositions sont admirables; il y a vraiment en elle l’étoffe d’un petit séraphin.

Parlons de vous et pour vous seule. Tout d’abord, vous recevrez bientôt une lettre de moi, où s’en trouve une de Louise pour vous seule aussi; ne décachetez donc pas cette lettre en public, pour qu’on ne reconnaisse pas son écriture et que vous ne soyez pas obligée de trahir ses confidences. Quand je serai à Nîmes, ce sera encore plus facile. Avez-vous réfléchi à ce que je vous disais dernièrement? J’en parlais, ce soir,à la supérieure qui approuvait complètement ce plan. L’oeuvre de Saint-François va réclamer un travail énorme. Ou je suis dans l’erreur, ou bien il faut vous y préparer. Je me figure que j’aurai assez à souffrir, peut-être trop, par ma faute. N’importe! Je souhaite vous associer à cette vie, que je veux rendre pour moi plus sainte, plus immolée, plus humble, plus pleine de l’amour de Notre-Seigneur. Le voulez-vous, mon enfant? Ou croyez-vous que je doive vous laisser plus à votre famille, à Georges[1], en un mot aux devoirs d’une jeune fille de votre âge. Vous m’avez souvent parlé du sentiment profond de votre incapacité. Ne sentez-vous pas qu’un grand dévouement et un grand devoir créent des facultés nouvelles? surtout quand à ce double sentiment se joint la confiance dans l’affection du bras sur lequel on a besoin de s’appuyer, et surtout encore quand la vie apparaît dans sa réalité: un moment d’épreuve et l’éternité au bout. Placez-vous devant la tombe d’Estelle et demandez-vous ce qu’il vous est bon de faire pour votre avenir, pour votre salut, pour Jésus-Christ, votre époux.

Adieu, mon enfant. Je parlerais jusqu’à demain. Je vous prie de dire mille bonnes et affectueuses choses à Mme Sainte-Hélène. Si Clémentine veut m’écrire encore, qu’elle ne se gêne pas. Hélène, dit Louise, voulait aussi prendre la plume[2]. Qu’elle se dépêche! Faut-il que je la prévienne? Je suis interminable, mais le papier me manque. Adieu.

E. D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. Georges, orphelin de mère, élevé par sa grand-mère, fils de M. Maurin et neveu de Juliette Combié.
2. Clémentine Chassanis, Hélène Rouvier, Louise Combié.