Touveneraud, LETTRES, Tome 1, p.373

25 jan 1854 Nîmes, GERBET Mgr

Le clergé a des moeurs pures; une partie a quelque chose de vulgaire; une autre est encore janséniste. – Le Chapitre est divisé entre deux tendances politiques.-Il y aurait intérêt à donner des missions, en catalan de préférence. Il y a des ressources pour les bonnes oeuvres. – Il a engagé un autre prêtre à le renseigner. – Personnellement, il reste à sa disposition et espère le rencontrer.

Informations générales
  • T1-373
  • 341
  • Touveneraud, LETTRES, Tome 1, p.373
  • Orig.ms. ACR, AO 45; D'A., T.D. 39, n. 2, p. 273.
Informations détaillées
  • 1 APOSTOLAT DE LA CHARITE
    1 APOSTOLAT DE LA VERITE
    1 BAS CLERGE
    1 CHANOINES
    1 CLERGE PAROISSIAL
    1 CURE
    1 GALLICANISME
    1 INSENSIBILITE
    1 JANSENISME
    1 MOEURS SACERDOTALES
    1 PREDICATION
    1 PUBLICATIONS
    1 RESSOURCES FINANCIERES
    2 AMOUROUX, ADOLPHE
    2 COSTE, CHANOINE
    2 FINE, CHANOINE
    2 GALTIER, JEAN-FRANCOIS
    2 GERBET, PHILIPPE-OLYMPE
    2 LOURDOUEIX, JACQUES-HONORE DE
    2 LOURDOUEIX, JUNIOR
    2 PONS, ABBE
    2 SINGLA, RAYMOND
    2 TEISSIER, SOPHIE
    3 ALET-LES-BAINS
    3 BEAUFORT, CREUSE
    3 ESPAGNE
    3 MONTAUBAN
    3 NIMES
    3 PARIS
    3 PERPIGNAN
    3 PERPIGNAN, DIOCESE
    3 PRADES
    3 RIVESALTES
  • A MONSEIGNEUR GERBET, EVEQUE DE PERPIGNAN
  • GERBET Mgr
  • le 25 janvier 1854.
  • 25 jan 1854
  • Nîmes,
  • Maison de l'Assomption
La lettre

Monseigneur,

Je vais continuer, si vous le voulez bien, la suite de mes observations sur ce que j’ai pu faire à Perpignan[1].

Le clergé, m’ont assuré plusieurs personnes a des moeurs plus pures que dans bien d’autres diocèses voisins. Toutefois, le voisinage de l’Espagne, l’obligation d’employer des prêtres espagnols, faute de mieux, a laissé quelque chose de vulgaire dans un nombre assez considérable de curés. D’autre part, la portion du Nord, formée de l’ancien diocèse d’Aleth, a conservé des traditions jansénistes qui ne sont pas entièrement éteintes. L’obligation de traiter avec des égards les prêtres les plus âgés a déterminé, pour la nomination aux cures de cantons, des choix dont on a eu, quelquefois, à se repentir. Le clergé est peu au courant de la littérature; on m’assure qu’il est fort sur la théologie.

Vous trouverez dans le Chapitre une petite opposition, si vous en trouvez. Elle est formée par deux chanoines: M. Coste, le professeur du grand séminaire, le gallican dont je vous ai parlé, et M. Fine, ancien supérieur du petit séminaire de Prades. Ce sont des lecteurs de la Gazette de France, qui avait fait assez de mal à Perpignan par son écho, l’Etoile du Roussillon, journal rédigé par M. de Lourdoueix, fils[2]. On m’a désigné un prêtre, à l’égard duquel vous devez vous tenir en garde, c’est M. Pons. Son frère est supérieur du petit séminaire de Prades, et est un homme estimable sous tous les rapports. Quant à celui dont je parle, il a quitté le diocèse, parce qu’on ne rendait pas justice à son mérite; il est à Paris, aux Invalides. On me l’a donné pour un franc ambitieux. Vous devez déjà avoir reçu sa visite.

Vous ai-je dit, Monseigneur, que l’on désire très vivement que vous fassiez venir des Capucins pour évangéliser votre diocèse? On pense aussi qu’une mission à Perpignan produirait un grand bien. Je ne puis me rappeler si je vous ai dit que l’on mettrait sur-le-champ, pour appeler ces bons Pères, 30.000 francs à votre disposition. Vous aurez peu à prêcher dans vos tournées; les paysans ne comprennent guère que le catalan, mais il faudra vous entourer de quelques ouvriers évangéliques qui puissent se faire entendre.

Vous trouverez des ressources pour les bonnes oeuvres. Le pays regorge de richesses à cause du succès des récoltes en vin et du prix exorbitant où cette récolte se vend depuis deux ans. Bien des gens ont eu, à deux reprises, en revenu la valeur de leurs terres. Cela ne durera pas, mais il est heureux que vous arriviez à pareil moment. Si je suis bien renseigné, je crois que bien des factures que les propriétaires dissimulent, pourront vous fournir de très abondantes ressources. Je me permettrai de vous signaler, parmi les catholiques qui jouissent d’une certaine considération, M. Raymond Singla[3], négociant sans enfant, de qui vous pourrez tirer beaucoup en parlant à son coeur. Il habite Rivesaltes, à une lieue de Perpignan.

J’ai fortement engagé M. l’abbé Galtier à vous écrire un peu en détail, et il m’a promis de le faire. Quoique toutes ses appréciations ne m’aient pas paru infaillibles, il me semble pourtant qu’il y voit assez clair et qu’en dernière analyse c’est l’homme dont vous serez obligé de vous servir, au moins en commençant.

Je me permets de vous le répéter, si vous désirez d’autres renseignements plus circonstanciés, soyez assez bon pour me fixer les points qui vous intéressent davantage. Je crois pouvoir y répondre aisément, sinon tout de suite, du moins sous très peu de jours[4].

Veuillez agréer, Monseigneur, l’hommage de mon respectueux et tendre dévouement.

J’espère que vous passerez par Nîmes, en allant à Perpignan. Si vous passiez par Montauban, j’espère que vous me le feriez savoir.

E. D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. Le P. d'Alzon, sur la demande de Mgr Gerbet, fit une visite rapide à Perpignan, entre le 18 et le 23 janvier. Il semble bien que sa lettre du 25 soit la suite d'une précédente, écrite de Perpignan et que nous n'avons pas. L'une et l'autre rendent compte de l'enquête secrète que lui a demandée Mgr Gerbet.
2. Le père et la mère de ce Lourdoueix sont connus, il s'agit, d'une part, du baron de Lourdoueix, publiciste et littérateur français, né au château de Beaufort (Creuse) en 1787, mort à Paris en 1860. Sous la Restauration, il fut directeur de la Division des Beaux-Arts, sciences et lettres (1821) et directeur du Bureau de censure (1827). A partir de 1828, il devint, à la *Gazette de France,* l'ami et le collaborateur assidu de Genoude et lui succéda en 1849 comme rédacteur en chef, propriétaire et directeur. Il écrivit des romans philosophiques et moraux et des essais historiques. Sa femme, Sophie Teissier, veuve Pannier, née et morte à Paris (1793-1859), écrivit des romans dont *Le Prêtre* (1820), *L'Athée* (1836), etc.
Les archives de l'Assomption possèdent une collection d'autographes dont la majorité sont des lettres adressées au baron de Lourdoueix.
3. Il s'agit d'un parent d'un élève de l'Assomption du même nom.
4. De fait, Mgr Gerbet, le 17 février 1854, demandera au P. d'Alzon d'autres renseignements concernant la nomination de ses vicaires généraux. Mais il le remercie d'abord de ses services précédents: <>.*
Par ailleurs, nous avons un écho du voyage effectué par le P. d'Alzon à Perpignan dans une lettre d'Adolphe Amouroux qui lui écrit, le 7 février: <>.