- V3-496
- 0+651|DCLI
- Vailhé, LETTRES, vol.3, p.496
- 1 ANGLAIS
1 DEFAUTS
1 FRANCAIS
1 NOVICIAT
1 POSTULAT
1 RECONNAISSANCE
1 REFORME DU CARACTERE
1 RENDEMENT DE COMPTE
1 RESSOURCES FINANCIERES
1 RESSOURCES MATERIELLES
1 SANTE
1 VOLONTE DE DIEU
1 VOYAGES
2 FRANCHESSIN, ERNEST DE
2 GOODMAN
2 MILLERET
2 MITCHELL
2 MONNIER, JULES
2 NOWELL, MISS
2 PAUL, SAINT
2 RAYNAUD, POSTULANT
3 NIMES
3 PARIS - A LA R. MERE MARIE-EUGENIE DE JESUS (1).
- MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse
- le 2 octobre 1849.
- 2 oct 1849
- Lavagnac,
J’ai à répondre à deux de vos lettres, ma chère fille; je suis un peu en retard avec vous. Lorsque je reçus celle d’il y a trois jours, j’étais hors d’état de songer à me mettre en route pour un motif qui n’avait rien de bien dangereux. Depuis, je vais assez bien, mais je vous avoue qu’attendant soixante nouveaux élèves, il me paraît bien difficile de quitter en ce moment la maison pour aller à Paris. Je pense que le 15 novembre sera bien plus convenable pour moi et pour mes affaires, et je présume, avec beaucoup de soins, être en état de supporter ce mois de travail, que j’abrégerai autant que faire se pourra. Je n’en suis pas moins touché de votre insistance, ma trop excellente fille; vous êtes trop bonne pour un être tel que je suis, croyez-le bien.
J’ai une foule de choses à vous dire, je vais essayer de me les rappeler. J’ai à vous faire des excuses pour les draps de lit. Il y a plus de deux mois que le ballot doit être prêt. Il n’y manque plus que l’adresse, et c’est pour cela que je suis plus coupable d’avoir oublié de la donner. Je vais vous les faire expédier dès demain par le roulage accéléré; vous les aurez dans dix ou douze jours. J’ai ordonné qu’on prît ce qu’il y avait de mieux. Je souhaite que ce mieux ne soit pas fort peu de chose. Je vous demande pardon de ce que je vous ai forcée à renouveler cette demande, je me rappelle ce que vous m’avez dit de votre disposition de nature à cet endroit. C’est fort mal à moi de ne pas m’en être souvenu. A ce sujet, dois-je compter sur les 500 francs que vous m’avez gardés pour mon voyage, ou devrai-je -garnir ma bourse en partant de Nîmes? Remarquez que c’est moi qui, cette fois, fais la demande.
Vous avez parfaitement fait d’ouvrir la lettre de M. Goodman(2) et toutes mes lettres. Vous savez bien que, à part celles où il y a des secrets qui ne m’appartiennent pas, je n’ai rien que vous ne puissiez décacheter. J’ai une véritable affection pour ce bon M. Goodman; je vous assure qu’il me tarde beaucoup de le connaître. Tachez par Mlle Nowel de savoir un peu en détail ce qu’il est. On m’en a donné quelques-uns sur M. Mitchell. Je ne désire pas beaucoup plus d’Anglais. Avec trois pour le moment, il y en a bien assez comme cela. Mais si Dieu veut nous en envoyer, il faudra bien les prendre. Pour moi, je préférerais quelques Français. Outre que j’en aurais besoin pour la maison, il me semble que l’oeuvre ne se développera convenablement qu’avec des hommes capables, et, quoique ceux que j’ai aient leur genre de mérite, ce n’est pas encore tout ce qu’il me faudrait.
Je m’aperçois tous les jours de mes défauts qui sont énormes. J’en gémis et ne me corrige guère. La seule chose que je crois avoir un peu brisée, c’est mon caractère; et, de plus, j’ai gagné une disposition habituelle de remercier Dieu de tous les ennuis qui m’arrivent et que je m’efforce de tourner à mon profit, en les prenant par le côté où ils se manifestent à moi comme volonté de Dieu soit comme épreuve, soit comme punition, soit comme occasion de mérite. Cette disposition laisse toujours beaucoup de calme, selon la parole de saint Paul: Nemo moveatur in tribulationibus istis; ipsi enim scitis quod in hoc positi estis(3). Ce texte et cet autre: In omnibus gratias agentes(4), m’ont fait un bien infini. S’il est vrai, en effet, qu’on doive remercier Dieu de tout, de quoi peut-on se plaindre? Voilà tout mécontentement, murmure, etc., coupés à la racine. C’est fort désagréable pour les raisonneurs et les orgueilleux comme moi, mais fort utile, quand on ne veut pas perdre son temps à des phrases.
Je prierai de tout mon coeur pour Monsieur votre frère. Je comprends vos perplexités et je vous promets de solliciter la Sainte Vierge, tant que je pourrai, pour qu’elle lui vienne en aide. Vous devez, je crois, profiter de l’amitié de M. de Fr[anchessin] pour qu’au moment opportun votre parole lui soit utile. Hélas! lorsque l’on peut craindre que des murs d’argent ne s’élèvent entre la conscience et Dieu, on peut bien trembler qu’ils ne soient difficilement renversés.
M. Monnier va mieux. Cependant, il lui faudra, dit-on, au moins trois mois pour se remettre. Nous voilà, jusqu-au jour de l’an, avec l’obligation de combler un déficit. Je puis me passer d’un professeur de rhétorique, mais il me faudrait un bon professeur de seconde. Je ne puis guère lui offrir que 1,500 francs, au plus 1,800; je voudrais un garçon. Qui sait si Dieu ne nous fera pas enfin trouver quelque chose de bien pour l’Ordre? Il est certain que nous voulons tous nous y mettre tout de bon. Ne nous procurerez-vous pas l’abbé Raynaud?
Nous voulons adopter pour les réceptions la marche suivante. Le supérieur accepte qui bon lui semble; un postulat de trois à six mois fait juger le nouveau sujet; on fait deux ans de noviciat: un an attaché à une maison d’éducation, un an dans un noviciat proprement dit. Occupés comme nous le sommes, il faut nécessairement un an de repos absolu pour faire quelque progrès dans la vie spirituelle.
Voilà une visite qui me dérange, je m’arrête. Seulement, quand vous aurez un peu de temps, soyez assez bonne pour m’envoyer votre rendement de compte; j’y tiens. Quant à ma lettre au jeune Anglais, si ce que je lui demande vous paraît du premier coup trop fort pour un Anglais, supprimez-le. Adieu. Tout vôtre en Notre-Seigneur.
Quand vous aurez le temps, vous voudrez bien me dire où en est votre maison pour la piété et les élèves. Je n’ai pas le temps de me relire.
2. Un postulant qu'on lui annonçait, avec un autre Anglais; ils ne vinrent ni l'un ni l'autre.3. I *Thes*. III, 3.
4. I *Thes*. V, 18.