- V3-481
- 0+641|DCXLI
- Vailhé, LETTRES, vol.3, p.481
- 1 ANGLAIS
1 CONGREGATION DES AUGUSTINS DE L'ASSOMPTION
1 DEGOUTS
1 HUMILITE
1 LIVRES
1 MISSION DU CAP
1 NOVICIAT DES ASSOMPTIONNISTES
1 POSTULAT
1 PRIERE AU SAINT-ESPRIT
1 PROGRAMMES DE FORMATION
1 RECONNAISSANCE
1 SANTE
1 VENGEANCE
1 VOYAGES
2 CARDENNE, VICTOR
2 CART, JEAN-FRANCOIS
2 CHAPOT, JEAN-JACQUES-FRANCOIS
2 GERBET, PHILIPPE-OLYMPE
2 GOURAUD, HENRI
2 GOURAUD, MADAME HENRI
2 JEAN DE LA CROIX, SAINT
2 O'NEILL, THERESE-EMMANUEL
2 PAUL, SAINT
2 POMPALLIER, JEAN-BAPTISTE
2 PUYSEGUR, MADAME ANATOLE DE
2 RODRIGUEZ, ALPHONSE
2 SIBOUR, LEON-FRANCOIS
3 MIDI
3 NIMES
3 PARIS - A LA R. MERE MARIE-EUGENIE DE JESUS (1).
- MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse
- le 5 septembre 1849.
- 5 sep 1849
- Lavagnac,
Je ne sais trop comment vous remercier, ma chère fille, de tout le bien que me font vos dernières lettres; je voudrais bien avoir la même puissance bienfaisante. Je vous assure que j’en userais largement à votre égard et [que] je vous aiderais à porter le poids de vos occupations et de vos souffrances, comme vous savez si bien le faire pour moi. Voilà huit jours que je ne vous ai pas écrit, mais je ne savais où aller vous chercher avec mes lettres. Hier, j’en ai écrit une assez longue à Soeur Th[érèse]-Em[manuel], à votre intention en grande partie, quoiqu’il y en eût bien aussi pour cette excellente fille, dont les paroles portent si bien à Dieu.
Votre santé me préoccupe, et, ne pouvant aller vers vous, j’aurais désiré que vous pussiez venir dans le Midi, afin que notre beau soleil vous fit du bien à la poitrine et au larynx. Mais voilà que, depuis huit jours, nous avons des pluies épouvantables et on nous en menace pour tout le mois de septembre. A dire vrai, un des motifs qui m’ont fait retarder d’aller à Paris, c’est que j’aurais voulu que ma soeur n’y fût pas, afin d’être un peu plus tout à l’Assomption; et, d’autre part aussi, je ne voudrais pas être chez les Gouraud, tant que la fameuse affaire Ch[apot] ne sera pas terminée. Ceci, bien entendu, pour vous seule. Mais je vois que ma pauvre soeur, toujours souffrante, sera probablement forcée de passer l’automne à Paris. Voilà M. Cardenne qui m’ordonne de suspendre. J’obéis.
Mais, ma chère fille, il faut que j’en revienne à ce qui me préoccupe beaucoup, ce sont nos Anglais. Y aurait-il moyen de les faire attendre un an, puisque, pour plaire à l’évêque, j’ai consenti à différer d’un an l’établissement régulier du noviciat, en dehors de la maison? Nos jeunes novices, qui nous trouveront avec moins de régularité qu’il n’y en aurait dans un noviciat séparé, s’en contenteront-ils?. Ainsi, l’exiguïté du local me force à enlever quelques maîtres de la table qu’ils avaient au réfectoire des élèves, pour les introduire dans la nôtre, où sans doute on fera la lecture, mais où l’on s’abstiendra des pénitences. Cela ne les choquera-t-il pas? S’ils sont pressés, ne se dégoûteront-ils pas? Voilà des questions à bien examiner. D’autre part, puisque MM. Gerbet et Sibour sont si bons pour vous, ne pourriez-vous pas les sonder sur l’idée d’établir bientôt un noviciat dans les environs de Paris? Quoique, je vous l’avoue, ce ne soit pas à Paris que le noviciat me paraîtra devoir être jamais établi; il faut plus de solitude. Une maison d’éducation commençant peu à peu serait, selon moi, bien préférable. On serait à Paris, on verrait les jeunes gens, on les attirerait dans la maison d’abord, ensuite on les enverrait au noviciat.
Du reste, jusqu’à nouvel ordre, voici ce que nous avons arrêté. Il y aura: 1° de trois à six mois de probation: 2° deux années de noviciat: un an dans la maison des novices proprement dite et un an dans une maison d’études. Par ce moyen, on formerait à la piété et on verrait l’aptitude des sujets. Du reste, et cela et bien d’autres choses vont être longuement discutées avec vous.
Quant au voyage de Paris, si je suis plus fort vers le 15 septembre, je verrai si je puis partir. J’aurais une vingtaine de jours en tout, car il faut bien que je sois chez moi un peu avant la rentrée. Autrement, j’ai calculé que je pourrais absolument m’absenter du 15 novembre jusqu’au 15 décembre; j’aurais un peu plus de temps pour me retourner.
Je vous parle, je le sens, un peu à bâtons rompus; mais il faut que votre charité me supporte tel que je suis. Je ne suis pas aussi triste que ma lettre à Soeur Th[érèse]- Em[manuel] semble vous le faire supposer; je ne suis qu’écrasé de l’inutilité de ma vie et de toutes les grâces que je reçois, par lesquelles Dieu me presse et auxquelles je ne sais pas correspondre. Dieu me travaille, j’allais dire d’une rude manière. Mais est-ce que je suis capable de supporter quelque chose de rude? L’Epître aux Galates, le chapitre V surtout que j’ai lu ces jours-ci, m’a beaucoup impressionné. C’était l’Epître de dimanche dernier. J’ai voulu y revenir. Cette charité, cette joie, cette paix, cette longanimité, etc., je n’ai rien de tout cela, et pourtant je veux être positivement à Dieu. J’ai relu le premier volume de saint Jean de la Croix. Que je suis loin de tout cela! Je lis en ce moment dans Rodriguez le Traité de la conformité à la volonté de Dieu; il me fait beaucoup de bien. Pardonnez-moi tout ce bavardage, ma bonne fille. Supposez que la plus ennuyeuse de vos religieuses soit à vos genoux et que vous soyez obligée de l’écouter.
Mais je veux vous parler un peu de vous. Vous savez que je vous veux parfaite. Or, la vengeance (quel vilain mot!) que vous avez tirée de M. Pompellier(2) est excellente, si c’est avec humilité et charité que vous l’avez prise, dans le sens où saint Paul dit: Vince in bono malum(3); autrement, je vous l’avoue, je ne suis pas trop édifié. Mais je suis sûr que vous avez tout fait dans un bon esprit, et c’est moi qui prends les choses tout de travers. Je prie beaucoup pour nos chères voyageuses. Oh! que Dieu les soutienne et en fasse des apôtres!
Je reviens aux Anglais aspirant au noviciat. Vous seriez bonne, si vous pouviez me faire tirer une copie de l’écrit que vous avez fait sur l’Assomption de Nîmes. Dans ma prochaine lettre, je vous enverrai ma réponse à ce jeune homme. A-t-il des moyens? Sa lettre ne dit rien. J’y vois un grand esprit de foi.
Adieu, ma fille. En voilà assez pour aujourd’hui. Tout à vous du fond du coeur.
Je ne puis me relire, le temps me manque.
2. Evêque missionnaire, ancien religieux Mariste.3. *Rom*. XII, 21.