Vailhé, LETTRES, vol.3, p.327

• V3-327
• 0+561|DLXI
• Vailhé, LETTRES, vol.3, p.327

• 1 ELECTION
  1 LUTTE CONTRE LE MONDE
  1 MALADIES
  1 PATERNITE SPIRITUELLE
  1 PUNITIONS
  1 REGLEMENT SCOLAIRE
  1 REVOLUTION DE 1789
  1 ROYALISTES
  1 SOUCIS D'ARGENT
  1 SYMPTOMES
  2 BRUN, HENRI
  2 CUSSE, RENE
  2 GERVAIS, OSCAR
  2 HENRI, EUGENE-LOUIS
  2 TEULON, EMILE
• A LA R. MERE MARIE-EUGENIE DE JESUS (1).
• MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse
• le 27 mars 1848.
• 27 mar 1848
• Nîmes,

Ma chère fille,

Cette fois-ci, je crois que c’est tout de bon qu’on m’enterre. Rassurez-vous pourtant: je ne suis pas enterré, mais mon rhume est affreux pour moi qui en ai eu si peu dans ma vie. Quoi qu’il en soit, je vous remercie bien de tout ce que vous me dites. Je regrette de ne pouvoir vous renvoyer des détails aussi intéressants que ceux de vos lettres. On nous a changé notre commissaire(2). Après avoir cru à une Terreur, nous nous sommes merveilleusement calmés. Les légitimistes sont absurdes, mais je leur ai fait peur par l’action que j’exerce sur les curés, et ils nous feront un certain nombre de concessions. Nous aurons cinq ou six républicains portés par eux, et c’est beaucoup. Quant aux affaires d’argent, si vous vendez, je prendrai tout ce que vous me donnerez, sauf des effets sur les particuliers, et je vous donnerai le 5 % de ce que vous m’avancerez, en sus des 30,000 francs que je vous ai prêtés. Ainsi, il est convenu que j’accepterai des billets de banque ou des bons du trésor, mais pas autre chose.

Vous ne me parlez pas de vous. Une grande grâce que Dieu me fait, c’est de me faire trouver le recueillement au fond de ma petite chapelle. C’est beaucoup pour moi. J’ai bien des misères; hier encore, il a fallu que je fisse le méchant, j’ai chassé deux internes. Il m’a fallu gronder publiquement l’abbé Henri pour ses attaques inconvenantes contre les maîtres parisiens. M. Cusse avait dit des impertinences à M. Brun, le préfet de discipline(3). Il me faut tenir au règlement, malgré bien des difficultés. J’ai parfois l’âme triste, mais il me semble qu’au dessous de tout cela il y a quelque amour pour Notre-Seigneur, et c’est ce qui me soutient.

Parlez-moi de vous, ma fille, parlez-m’en longuement. Je vous en prie, n’imitez pas ma brièveté; elle vient d’un certain épuisement qu’il faut me pardonner, mais mon coeur ne s’épuise pas comme mes forces.

Adieu, et tout à vous et à vos filles, que j’aime d’une manière qui me surprend. Je ne me croyais pas capable de cette affection de paternité.