Vailhé, LETTRES, vol.3, p.131

23 sep 1846 Nîmes, MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse

Anciens et nouveaux maîtres et novices. -Ils vont, la nuit même, faire à pied un pèlerinage à un sanctuaire de la Sainte Vierge.

Informations générales
  • V3-131
  • 0+487|CDLXXXVII
  • Vailhé, LETTRES, vol.3, p.131
Informations détaillées
  • 1 ACHAT DE TERRAINS
    1 CELLULE
    1 NOTRE-DAME DE ROCHEFORT
    1 NOVICES ASSOMPTIONNISTES
    1 PELERINAGES
    2 AUGIER
    2 GABRIEL, JEAN-LOUIS
    2 GAIRAUD, ABBE
    2 JOCASSE, PERE DE
    2 LAURENT, CHARLES
    2 MONNIER, JULES
    2 NAUDO, PAUL
    2 PRADEL, ABBE
    2 RAVIGNAN, GUSTAVE DE
    2 SAINT-JULIEN, MARIE-GONZAGUE
    2 SURREL, FRANCOIS
    3 LYON
    3 NIMES
    3 VENDOME
  • A LA R. MERE MARIE-EUGENIE DE JESUS (1).
  • MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse
  • le 23 septembre 1846.
  • 23 sep 1846
  • Nîmes,
La lettre

Me laissera-t-on le temps de vous écrire, ma chère enfant? C’est ce que je ne puis pas savoir, car je passe mes jours dans un dérangement perpétuel. Ajoutez à cela l’obligation de faire aujourd’hui les honneurs de l’évêché à Mgr Naudo(2); mais je ne perds pas là mon temps. M. Augier est arrivé hier soir. J’espère en faire quelque chose. Après une conversation d’une heure, il m’a paru que nous nous comprendrions assez. Je vais faire tous mes efforts pour le garder, car -voyez l’esprit de contradiction- je ne le trouve pas si mal que Monnier me l’avait dépeint; au contraire. Quoi qu’il en soit, il m’a paru dans des dispositions assez bonnes et j’espère. Du reste, je vais l’installer près de l’infirmerie, dans une cellule; puisqu’il a étudié un peu la médecine, je le mettrai au soin des malades(3).

Vous ai-je écrit que M. Surrel était à la Trappe? Vous comprenez que, quand même il me reviendrait, à présent je n’en voudrais plus. J’ai écrit à M. Laurent, pour qu’il ait la bonté de se loger en ville, parce qu’il continuera à être professeur de quatrième. Vous ai-je dit que j’ai reçu aussi un jeune prêtre, qui me fut recommandé, l’année passée, par M. de Ravignan? L’abbé Pradel est un jeune prêtre, qui vient de professer un an la troisième à Vendôme. Il a peut-être un peu trop dépouillé l’esprit jésuite, quoiqu’il ait passé deux ans et demi chez eux et qu’il leur conserve une reconnaissance risible en un sens, car il ne peut souffrir aucune de leurs idées; et cependant on voit que son affection pour eux voudrait trouver quelque chose de bien dans ce qu’il en a vu. J’ai été touché de la véritable amitié qu’il témoigne en toute rencontre pour son ancien maître de noviciat. Ainsi, hier, il m’apporta un assez beau Christ en nacre: « Voyez, me dit-il, j’avais acheté cela à Lyon, parce qu’avec mes idées de Vendôme je voulais m’arranger une jolie chambre; mais avec une paillasse piquée, il n’y a pas moyen de rien faire. Je vais envoyer ce Christ par une occasion au P. de Jocasse. Je suis heureux de lui prouver que je l’aime toujours. » La simplicité avec laquelle il nous dit ces mots nous toucha tous, et pourtant je puis vous assurer qu’il a l’air fort peu Jésuite. Enfin, c’est un essai, et vous savez qu’il faut en faire.

J’ai reçu encore, hier, l’abbé Gairaud, un jeune séminariste, qui dénote beaucoup de moyens et que je m’en vais enrôler un peu par surprise; car, avec ses moyens réels, il est singulièrement neuf sur une foule de points.

Pardonnez-moi mes ratures. On ne me donne pas un moment de repos et je n’ai pas votre talent pour dicter et écrire en même temps. Je suis on ne peut plus préoccupé de l’achat d’un terrain. Resterons-nous à Nîmes? Nous éloignerons-nous? Vraiment, je suis bien embarrassé.

Vous parlerai-je de vous, ma bonne fille? Je préfère attendre votre grande réponse que M. Monnier m’apportera probablement demain ou après-demain. Ce soir, à 9 heures, nous partons en masse pour un pèlerinage de la Sainte Vierge; nous marcherons toute la nuit, nous arriverons demain matin, mais nous prendrons des voitures pour une partie du retour(4). Nous mettrons l’année qui va commencer sous la protection de la Sainte Vierge, et puis nous nous mettrons aussi bien que possible à l’oeuvre. Je prierai pour vous de tout mon coeur, ma chère enfant. Je vous assure que je n’étais pas du tout découragé par toutes vos peines, quoique j’en fusse affligé pour vous. Mais aujourd’hui, je suis dans l’impossibilité absolue de vous parler de ces choses; peut-être le ferai-je mieux cet après-midi.

Adieu, chère fille. Je vous plains d’être entourée de malades; je les ai recommandées aux Carmélites. Dites à Soeur Marie-Gonzague que je profiterai de tous ses avis relativement à M. Gabriel(5). Adieu, encore une fois. Tout vôtre en Notre-Seigneur. Priez pour moi; j’en ai un prodigieux besoin.

Notes et post-scriptum
1. D'après une copie. Voir *Notes et Documents*, t. III, p. 489 sq.1. D'après une copie. Voir *Notes et Documents*, t. III, p. 489 sq.
2. Archevêque d'Avignon.
3. Cet Augier, né à Nice et de nationalité sarde, avait passé plusieurs années dans diverses maisons religieuses, entre autres à la Trappe; il avait été envoyé par la Mère Marie-Eugénie, sur la recommandation de l'abbé Gabriel.
4. Au sanctuaire de Notre-Dame de Rochefort, qui se trouve à 37 kilomètres de Nîmes, sur une petite hauteur, à gauche de la route de Nîmes à Avignon.
5. Cette Soeur aurait désiré que l'abbé Gabriel devint religieux de l'Assomption.