Vailhé, LETTRES, vol.3, p.103

4 aug 1846 [Nîmes, COLLEGE de l'Assomption

La nécessité de cet établissement était reconnue par tous à Nîmes. -En même temps, sa réalisation semblait impossible. -Elle a exigé de grands sacrifices, mais de nombreux élèves sont venus. -La maison sera agrandie et le nombre des maîtres augmenté pour répondre à cette confiance des familles.

Informations générales
  • V3-103
  • 0+477|CDLXXVII
  • Vailhé, LETTRES, vol.3, p.103
Informations détaillées
  • 1 BATIMENTS DES COLLEGES
    1 COLLEGE DE NIMES
    1 ELEVES
    1 ESPRIT CHRETIEN DE L'ENSEIGNEMENT
    1 LEGISLATION
    1 LIBERTE DE L'ENSEIGNEMENT
    1 MAITRES
    1 PENITENCES
    2 GAUDE, VEUVE
    2 GOUBIER, VITAL-GUSTAVE
    2 SALVANDY, NARCISSE DE
    3 FRANCE
    3 MIDI
    3 NORD
  • CIRCULAIRE DE MM. D'ALZON ET GOUBIER, ADMINISTRATEURS DE MAISON DE L'ASSOMPTION (1).
  • COLLEGE de l'Assomption
  • le 4 août 1846.]
  • 4 aug 1846
  • [Nîmes,
La lettre

Lorsque fut formé, il y a deux ans, le dessein de donner à l’oeuvre de l’Assomption une impulsion nouvelle, personne ne mettait en doute la nécessité d’un établissement pareil. Toutes les familles vraiment religieuses réclamaient l’existence d’une maison privée, où les moeurs et la foi pussent se développer à côté de fortes études. Les parents chrétiens se croyaient obligés d’envoyer leurs enfants chercher au loin, quelquefois même à l’étranger, les bienfaits de l’éducation. De graves – inconvénients, compris de tous, en résultaient forcément.

Or, tandis qu’en France les catholiques s’agitaient pour obtenir la liberté de l’enseignement, tandis que les efforts de quelques champions illustres faisaient de cette question un des points les plus graves de la politique moderne, nous crûmes que, la liberté une fois accordée, il serait honteux de n’être pas en mesure d’en profiter, et qu’il était urgent de jeter les fondements d’une oeuvre qui permît de recueillir les avantages de l’affranchissement annoncé.

Si tous jugeaient l’entreprise indispensable, tous n’envisageaient pas au même point de vue les moyens de l’exécuter, en sorte que ce que nous nous proposions semblait à la fois nécessaire et impossible. Les plus honorables et les plus affectueuses anxiétés essayèrent de nous montrer un abîme ouvert sous nos pas; pour nous, nous crûmes qu’une oeuvre de foi devait avoir, pour base première, la foi.

Il a fallu faire bien des sacrifices; ils ont été faits; nous sommes prêts à en faire de nouveaux, et, grâces à Dieu, nous sommes encore loin du terme où la prudence nous forcerait à nous arrêter.

Et cependant, notre pensée est déjà comprise. Malgré les obstacles que nous rencontrons dans la législation actuelle(2), le nombre d’élèves que nous comptons cette année est presque deux fois plus grand que celui de l’année dernière; et, si nous nous en rapportons aux demandes faites déjà pour l’année prochaine, le nombre des internes sera double de celui de l’année qui finit.

On comprend qu’un tel succès nous encourage. Il nous impose aussi des devoirs nouveaux; nous nous efforcerons de les remplir. Des agrandissements devenus nécessaires seront préparés pour la rentrée prochaine. Le personnel des maîtres, déjà plus que suffisant et si honorablement connu, sera augmenté en proportion de l’accroissement des élèves.

Nous croyons avoir tenu nos promesses, et au delà. Nous sera-t-il permis de rappeler aux parents que, si le Nord de la France l’emporte sur le Midi par le nombre des établissements d’éducation et par la force des études, c’est qu’on y est plus convaincu de l’importance des développements intellectuels à donner à la jeunesse; c’est qu’on y comprend mieux cette vérité, qu’aujourd’hui surtout où l’homme n’est quelque chose que par sa propre valeur, il faut le mettre de bonne heure à même de posséder tout ce que son esprit peut conquérir par le travail.

En offrant aux familles chrétiennes une maison où se trouvent réunies toutes les ressources scientifiques jointes à toutes les garanties religieuses, nous croyons leur avoir rendu un service important. La durée de l’établissement, assurée désormais par les succès obtenus, permettra même aux plus prudents de recueillir les fruits de nos travaux et réjouira ceux qui, dès les premiers jours, nous encouragèrent par leur confiance en notre avenir.

*Les administrateurs directeurs*:|d'Alzon,|*vicaire général de Nîmes*:|Goubier,|*curé de Ste-Perpétue, vicaire générale honoraire de Digne*.
Notes et post-scriptum
1. Publiée dans la brochure *Institution de l'Assomption fondée à Nîmes par M. d'Alzon, vicaire général du diocèse de Nîmes, et M. Goubier, curé de Sainte-Perpétue..., administrateurs de l'établissement*. Nîmes, Imprimerie Veuve Gaude, août 1846, in-8°, p. 5-8.
2. "Nous tenons à constater que nous nous plaignons du monopole de l'Université et non de ceux qui en appliquent les lois. M. de Salvandy nous faisait dire naguère par un député du Gard *qu'il nous accorderait tout ce qu'il serait possible en attendant la loi promise*. Et nous savons avec quelle bienveillance sont interprétées, par l'autorité locale, les paroles de M. le ministre."