Mon cher petit père,
Je ne vous ai pas écrit plus tôt, parce que j’attendais tous les jours des nouvelles de Paris. Enfin, aujourd’hui, j’ai reçu une lettre d’Augustine. Leur voyage s’est terminé heureusement, mercredi matin.
J’ai reçu en même temps une lettre de M. de Montalembert. Il m’écrit de Toulouse. Je vous montrerai sa lettre, quand vous serez ici. Le Pape a fait complimenter plusieurs fois l’abbé de la Mennais, soit par le P. Orioli, général des Cordeliers, soit par le secrétaire du nonce. Il lui a fait dire que, s’il voulait lui écrire, il recevrait une réponse qui lui ferait honneur et plaisir. L’abbé de la Mennais a répondu « qu’il était toujours parfaitement soumis au Saint-Siège, mais que prévoyant tous les maux qui allaient fondre sur l’Eglise, il ne sentait rien à dire qui pût être un sujet de consolation pour le Saint-père, et que d’un autre côté, il ne voulait en rien augmenter les amertumes de son pontificat »(1).
Je pense que ces deux mots vous feront plaisir. Je n’ai pas le temps de prolonger ma lettre, à moins de la renvoyer encore à demain; ce que je ne veux pas, quoique je pense que vous avez déjà des nouvelles de ma mère.
Adieu, cher petit père. Je vous embrasse de tout mon coeur.
Emmanuel.
Nous avons enterré hier M. Bastet.
E.D'ALZON
1. Après sa condamnation par l'encyclique *Mirari vos*, La Mennais envoya, le 11 septembre 1832, au cardinal Pacca, une lettre fort courte, avec la déclaration du 10 septembre, parue dans les journaux, par laquelle lui et ses deux compagnons de voyage annonçaient que sortant de la lice ou ils avaient combattu depuis deux ans, ils engageaient leurs amis à se soumettre comme eux, et que, en conséquence, la journal l'*Avenir* était supprimé et l'*Agence générale pour la défense de la liberté religieuse* dissoute. Le cardinal secrétaire d'Etat, Bernetti, fit remercier La Mennais par l'internonce de Paris. De plus, le Pape ayant eu l'occasion de voir un ami du condamné, le P. Orioli, Conventuel, il lui parla de cette soumission et du bien qu'il en espérait pour l'Eglise. Orioli s'empressa de transmettre cette conversation à La Mennais, qui remercia son ami, mais s'opposa à cette que fût rendue publique la lettre du P. Orioli, ainsi que la démarche de l'internonce; cette qui aurait fait taire une partie de ses ennemis. (Voir dans Dudon, *Lamennais et le Saint-Siège*, p. 213-230, et p. 403 sq., le texte de la déclaration du 10 septembre 1832 et de la lettre de Pacca, en data du 27 octobre 1832, qui faisait connaître "la satisfaction" du Pape.) Des mots soulignés par Emmanuel d'Alzon se trouvent dans une lettre à La Mennais, de son ami de Coux, qui avait été chargé par l'internonce à Paris de lui transmettre les remerciements du Pape en Bretagne, ou La Mennais venait de se retirer (Voir en appendice la lettre inédite de Montalembert, à laquelle Emmanuel fait allusion.)1. Après sa condamnation par l'encyclique *Mirari vos*, La Mennais envoya, le 11 septembre 1832, au cardinal Pacca, une lettre fort courte, avec la déclaration du 10 septembre, parue dans les journaux, par laquelle lui et ses deux compagnons de voyage annonçaient que sortant de la lice ou ils avaient combattu depuis deux ans, ils engageaient leurs amis à se soumettre comme eux, et que, en conséquence, la journal l'*Avenir* était supprimé et l'*Agence générale pour la défense de la liberté religieuse* dissoute. Le cardinal secrétaire d'Etat, Bernetti, fit remercier La Mennais par l'internonce de Paris. De plus, le Pape ayant eu l'occasion de voir un ami du condamné, le P. Orioli, Conventuel, il lui parla de cette soumission et du bien qu'il en espérait pour l'Eglise. Orioli s'empressa de transmettre cette conversation à La Mennais, qui remercia son ami, mais s'opposa à cette que fût rendue publique la lettre du P. Orioli, ainsi que la démarche de l'internonce; cette qui aurait fait taire une partie de ses ennemis. (Voir dans Dudon, *Lamennais et le Saint-Siège*, p. 213-230, et p. 403 sq., le texte de la déclaration du 10 septembre 1832 et de la lettre de Pacca, en data du 27 octobre 1832, qui faisait connaître "la satisfaction" du Pape.) Des mots soulignés par Emmanuel d'Alzon se trouvent dans une lettre à La Mennais, de son ami de Coux, qui avait été chargé par l'internonce à Paris de lui transmettre les remerciements du Pape en Bretagne, ou La Mennais venait de se retirer (Voir en appendice la lettre inédite de Montalembert, à laquelle Emmanuel fait allusion.)