- V1-045
- 0+016|XVI
- Vailhé, LETTRES, vol.1, p.45
- 1 COURS PUBLICS
1 DIRECTION SPIRITUELLE
1 ENSEIGNEMENT DE L'ECRITURE SAINTE
1 ENSEIGNEMENT DE LA PATROLOGIE
1 ENSEIGNEMENT DE LA PHILOSOPHIE
1 HERESIE
1 PATERNITE SPIRITUELLE
1 SENSIBILITE
1 SOLITUDE
1 SOUMISSION DE L'ESPRIT
1 TRAVAIL DE L'ETUDE
1 VOYAGES
2 ROUSSEL, ALFRED
3 PARIS - A MONSIEUR L'ABBE FELICITE DE LA MENNAIS (1).
- LAMENNAIS
- le 29 mars 1830.]
- 29 mar 1830
- [Paris,
Monsieur l’Abbé,
Au moment de partir pour la campagne, je profite de la permission que vous m’avez donnée, et je viens vous demander vos conseils sur la manière d’employer quelques mois que je compte passer dans une sorte de solitude. L’hiver qui vient de finir, je l’ai consacré à quelques Conférences dont je fais partie (2), mais j’ai éprouvé que ces Conférences, bonnes en ce qu’elles encouragent au travail, ont l’inconvénient d’exiger des résultats trop hâtifs et, par conséquent, des travaux quelquefois superficiels. Je sens le besoin de me fortifier en m’occupant davantage de ce qui me convient personnellement, et, sous ce rapport, je pense qu’il me sera utile de m’éloigner de Paris. J’aurais le désir d’étudier la Bible, ou, du moins, de me préparer à l’étude de nos Livres sacrés. Je ne sais si, seul, je pourrai m’engager dans une entreprise où il est bien facile et bien dangereux de se tromper. peut-être estimerez-vous qu’il me convient d’attendre que je sois plus fort et, dans ce cas, je vous prierai de m’indiquer s’il me conviendrait de m’occuper des pères de l’Eglise, ou des systèmes de la philosophie antique. Cette dernière étude serait le développement du plan que vous m’avez tracé et que j’ai commencé de mettre à exécution. Elle serait encore la seconde partie d’un travail commencé il y a deux ans, et pour lequel j’avais fait des recherches assez détaillées sur des religions fausses.
Le désir que j’ai de ne pas perdre mon temps et l’incertitude où je suis sur les moyens de le bien employer ajoutent à l’impatience que j’éprouve de me rendre auprès de vous et de connaître plus particulièrement celui qui veut bien s’appeler mon père. Puisque vous avez consenti à en prendre la charge en me conduisant dans la route de la science, soyez assuré, Monsieur l’abbé, de trouver toujours en moi la soumission, mais surtout l’affection d’un fils; car c’est un avantage bien rare aujourd’hui, et dont je ne saurais trop remercier la Providence, de pouvoir vous donner mon coeur, en même temps que je vous soumets mon intelligence.
Recevez, Monsieur l’abbé, l’assurance de mes sentiments respectueux, et permettez-moi de prendre le nom que vous m’avez donné et dont je suis tout fier.
Votre enfant,
EMMANUEL D’ALZON.
Paris, 29 mars 1830.
Rue de Vaugirard, n° 9.
E.D'ALZON2. Sur ces Conférences, voir la lettre du 22 novembre 1828, page 16.1. Publiée, d'après l'original, par M. l'abbé Roussel dans le *Mois littéraire et pittoresque*, 1902, t. VII, p. 368. La réponse de l'abbé de la Mennais, en date du 7 avril suivant, parut dans la même revue, 1901, t. VI, p. 14. Voir. à l'appendice.