- V1-024
- 0+008|VIII
- Vailhé, LETTRES, vol.1, p.24
- 1 ACTES MEDICAUX
1 AMITIE
1 ANGES
1 ENSEIGNEMENT SUPERIEUR
1 EXAMENS ET DIPLOMES
1 FETE-DIEU
1 LIVRES
1 MALADIES
1 MARIAGE
1 MISSIONS ETRANGERES
1 MOBILIER
1 PARLEMENT
1 REPAS
1 SOUVENIRS
1 VACANCES
1 VISITE DES MALADES
1 VOYAGES
2 ALZON, HENRI D'
2 BAILLY, EMMANUEL SENIOR
2 BRIDIEU, FRANCOIS DE
2 DAUBREE, LEON
2 DU LAC, JEAN-MELCHIOR
2 DU LAC, MADAME MELCHIOR
2 DU LAC, MELCHIOR-SENIOR
2 DUCAURROY, ADOLPHE-MARIE
2 FRANCOIS I
2 GERBET, PHILIPPE-OLYMPE
2 GRANDMAISON, GEOFFROY DE
2 GUERANGER, PROSPER
2 LAMENNAIS, FELICITE DE
2 MIGNE, JACQUES-PAUL
2 RUBICHON, MAURICE
2 SALINIS, ANTOINE DE
2 SERE DE RIVIERE, CHARLES
2 THIEBAULT, LOUIS
2 VEUILLOT, LOUIS
2 VILLARET, JEAN-CHRYSOSTOME DE
3 ALPES DE HAUTE-PROVENCE
3 BEAURAINS
3 CASALE
3 CASTRES
3 DOUAI
3 ITALIE
3 LAVAGNAC
3 MONTAGNAC
3 NANTES
3 NIEVRE
3 PARIS
3 PIEMONT
3 QUIBERON
3 SOLESMES
3 VILLEFRANCHE - A Monsieur Eugène de la Gournerie(1).
- LA_GOURNERIE Eugène
- le 13 juillet (1829].
- 13 jul 1829
- Paris,
- Monsieur
Monsieur Eugène de La Gournerie,
rue de Fénelon,
hôtel de La Gournerie,
Nantes.
Vos vacances sont bien mal combinées, mon cher Eugène. Je pars lorsque vous arrivez, en sorte que ce sera tout au plus si nous aurons le temps de nous voir un ou deux jours. Voilà qui est très contrariant. Je quitte Paris le 1er août, et vous y serez arrivé de la veille ou de l’avant-veille tout au plus. Nous jouons tout à fait de guignon. J’espère cependant qu’il ne sera pas tel que je ne puisse [vous]voir absolument. Pour le coup, la chose serait trop forte. Je ne puis retarder plus longtemps mon voyage: mon père est pressé de revoir ses affaires. Ainsi, il ne faut pas mettre sa patience trop à l’épreuve. C’est bien assez qu’il veuille m’attendre une douzaine de jours, car je pense que la session sera finie à cette époque.
Vous avez donc assisté aux noces de cet excellent Bridieu(2) et vous y avez rempli les fonctions qui vous convenaient le mieux, celles de jovial et plaisant ménestrel. Je ne sais comment cela se fait, mais je ne puis me persuader que notre marié n’ait été fort heureux que vous n’ayez offert vos hommages à sa future moitié que lorsque l’affaire était presque faite. Ah! pour le coup, comme vous dites parfois, je crois qu’il aurait été jobard. Vous avez donc passé de bons moments. Tant mieux pour vous! car n’en a pas qui veut. Moi, entre autres [choses], la semaine dernière, je m’étais mis dans la tête d’étudier mon droit. Mon Dieu! que c’est assommant le droit! Je voulais passer mon examen avant de partir, mais j’ai ensuite changé d’idée, parce qu’il n’a pas plu à Ducaurroy de me permettre de passer un examen extraordinaire. Aussi, dès que j’ai su qu’il ne voulait pas entendre raison, j’ai bien vite tout planté [là] et je n’en ai pas été fâché. C’est un bon débarras pourtant qu’un examen de moins sur le dos.
L’abbé Daubrée(3) a été malade. Ce pauvre cher enfant a été attaqué d’un mal de poitrine assez violent. Lundi dernier, lorsque j’allai le voir, je le trouvai aux prises avec une douzaine de sangsues qui lui travaillaient le dos. Heureusement que son mal n’a pas eu de suite! C’était la poitrine qui le tourmentait. Deux jours après, il ne sentait plus rien. Je lui lus votre lettre qui parut lui faire plaisir, mais je fus obligé de sauter la fin, parce que son nom ne se trouvait pas parmi ceux que vous me chargiez spécialement de complimenter de votre part. Du Lac m’a chargé de vous demander si la rose d’amour offrait ses souvenirs, sinon aussi respectables, du moins aussi gracieux que la moralité du cheval au râtelier(4).
Je ne dois pas oublier de vous parler du Correspondant(5). Vos amis y travaillent avec ardeur. Vous connaissiez, avant de partir, l’article de du Lac. Dans le dernier numéro, il en a donné encore un autre sur les missions étrangères; c’est un très bon article. Dans celui de demain vous pourrez, si vous le recevez, lire quelque chose de Daubrée sur l’ouvrage de l’abbé Gerbet, et de Thiébault(6) sur Rubichon.
Avez-vous vu, dans le Correspondant de quinze jours, un assez sot article sur la Fête-Dieu, où l’on parle de petits anges avec des ailes d’or et d’azur, de pieux pèlerins et de trente-six mille choses de ce genre? Eh bien! il est de moi(7). Je vous le dis entre quatre yeux, parce qu’il ne faut pas publier sa honte. Vous voyez que, pour compléter le journal, on n’attend plus que vos oeuvres ou plutôt vos chefs-d’oeuvre. Que dites-vous de votre très humble serviteur lancé dans les journaux et faisant des articles à la diable, le tout A. M. D. G. (ad majorem Dei gloriam), car ce n’est certainement pas pour la mienne?
Depuis que j’ai commencé cette lettre, bien des choses se sont passées. J’avais été interrompu par le déjeuner, et voilà qu’il vient d’être décidé que je pars d’aujourd’hui en huit. Nous voilà encore pour trois mois séparés. Ne serait-il pas possible d’inventer une poche dans son porte-manteau ou sa malle pour y fourrer ses amis qu’on tient particulièrement à avoir avec soi? Je puis vous assurer que ce serait un meuble fort commode pour le voyage et que vous y auriez votre place.
Mon père et ma mère vous remercient de votre souvenir. Comme je pense que vous ne m’oublierez pas -j’ose du moins m’en flatter,- si vous voulez m’écrire, adressez-moi vos lettres au château de Lavagnac, par Montagnac, Hérault. Adieu.
EMMANUEL.7. L'article, intitulé "Fête-Dieu" et signé E. P., parut dans le numéro 11 du *Correspondant*, le 30 juin 1829.1. Voir des extraits dans *Notes et Documents*, t. Ier, p. 74. Eugène de La Gournerie, né à Nantes en 1807, étudiant en droit à Paris et agrégé à la Congrégation le 29 février 1824, connut Emmanuel d'Alzon auprès des abbés de la Mennais et de Salinis et de Bailly, et se lia étroitement avec lui. Ensemble, il parcoururent en septembre 1834 une partie de l'Italie. Retiré à Nantes "il fit, dit M. de Grandmaison (*la Congrégation*, p..341, note 4), deux parts de sa vie: les oeuvres et l'étude. Il collabora à toutes les revues catholiques de son temps et de sa province. Son livre *Rome chrétienne* est plein de mérite et de foi; dans les *Débris de Quiberon*, il a porté une lumière décisive sur cette question d'histoire à plaisir obscurcie. Il est mort à quatre vingt-un ans, au mois d'août 1887". En juillet 1873, de La Gournerie écrivit dans la *Revue de Bretagne et de Vendée* un article remarquable sur les origines de la presse contemporaine.
2. De Bridieu, membre de la *Société des Etudes littéraires* de Bailly écrivain politique distingué et propriétaire du château de François Ier à Loches mourut peu avant 1878 député catholique de Versailles.
3. Ami et correspondant d'Emmanuel, qui a conservé plusieurs de ses lettres; il ne tarda pas à rejoindre Dom Guéranger à Solesmes. et mourut fort jeune, à Paris, en 1835.
4. Jean Melchior du Lac de Monvert naquit à Villefranche, département de l'Aveyron, le 28 septembre 1806, et y fut baptisé sous condition, le 4 novembre suivant, par Mgr Jean Chrysostome de Villaret, évêque de Casale en Piémont, parent de sa mère. Nous empruntons ces renseignements aux extraits officiels des registres de la commune et de la paroisse de Villefranche que nous avons sous les yeux. Etudiant à Paris et ami d'Emmanuel, il commença, dès 1826, d'écrire dans les publications catholiques, notamment dans le *Mémorial catholique*, puis dans le *Correspondant*. Se destinant à la carrière ecclésiastique, il dut, à cause de revers de fortune et de l'opposition de ses parents, y renoncer tout d'abord: il vivait près de son père, qui fut préfet de la Nièvre, puis des Basses-Alpes et, une fois destitué, se retira à Castres. En 1834, Migne l'appela à la rédaction de l'*Univers*, qu'il avait fondé le 3 novembre 1833. Du Lac n'y put tenir longtemps, mais rentre au journal lorsque celui-ci eut été cédé à Bailly, et reçut comme compagnon de lutte Louis Veuillot. Il devait s'éloigner quelque temps encore pour faire un essai de la vie religieuse auprès des Bénédictins de Solesmes, et revenir à son cher journal, qu'il n'abandonna plus, sauf pendant sa suppression, jusqu'à sa mort survenue à Paris, le 7 août 1872. Les lettres que lui écrivit le P. d'Alzon sont malheureusement presque toutes perdues.
5. *L'Association pour la défense de la religion catholique* fonda un journal qui devait être alimenté par les correspondances de ses adhérents; d'où son nom de *Correspondant*. Celui-ci paraissait deux fois par semaine, par feuille in-4° de 8 pages. Ce fut Bailly qui commença la publication, avec le baron Charles Séré de Rivière et la collaboration des membres de la *Société littéraire*. Le premier numéro parut le 10 mars 1829, le dernier le 31 août 1831. Le *Correspondant* fit alors place à la *Revue européenne*.
6. Louis Thiébault, ami et correspondant d'Emmanuel, qui a conservé de lui six lettres, écrites entre les années 1829 et 1832, de Beaurains, près d'Arras, où Thiébault résidait habituellement, ou de Douai. Nous n'avons aucune des lettres que lui écrivit le jeune d'Alzon.
7. L'article, intitulé "Fête-Dieu" et signé E. P., parut dans le numéro 11 du *Correspondant*, le 30 juin 1829.